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Pourquoi la diplomatie de Messahel est-elle la risée de l’Algérie ?

Opinion

Pourquoi la diplomatie de Messahel est-elle la risée de l’Algérie ?

Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel a signé, mardi 26 décembre 2017, au siège de l’ambassade d’Irak à Alger, le registre de félicitations à l’occasion de l’annonce par les autorités de ce pays de la libération de tout le territoire irakien de l’emprise de l’organisation terroriste « Daech », réaffirmant la solidarité de l’Algérie avec l’Irak et sa détermination à poursuivre le soutien de ses actions jusqu’à l’éradication définitive de ce fléau. Selon l’ONU, la victoire de l’Irak sur les terroristes de Daech offre au pays la possibilité de tourner le dos à son passé douloureux et de s’engager avec confiance sur la voie de la paix et du développement.

L’événement le plus marquant du mois de janvier 2018 a été la réunion des ministres des Affaires étrangères du Dialogue 5+5, il s’agit de la première participation de Messahel en tant que ministre des Affaires étrangères à cette réunion, qui a été l’occasion d’échanges sur les questions régionales, notamment celles relatives à la sécurité, la lutte contre le terrorisme, la déradicalisation et la migration, en faveur de l’avènement d’un espace euro-méditerranéen de paix, de stabilité et de prospérité partagée. Cependant, quels sont les scénarios envisagés et les enjeux qui attendent la diplomatie algérienne, pour ce premier semestre 2018 ?

Chaque semaine qui passe en rajoute sa strate de nullité. Le régime politique algérien continue de placer sa confiance à son ministre Messahel (jusqu’à quand ?). Y a-t-il une vie après la fonction de ministre des affaires étrangères ? Il faudrait émettre des doutes sur la compétence d’un tel ministre, résultat d’une alchimie plus qu’aléatoire, imposant sa diplomatie à la dévotion du régime algérien, avec son équipe constituée de ‘’hauts-fonctionnaires’’ selon ses humeurs. La compréhension se détache de ses marques à partir du moment, où le matraquage s’associe à l’ignorance, pour exiger des discussions détournées comme seule évaluation.

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Dans le cadre des travaux de la 14ème conférence des ministres des Affaires étrangères du Dialogue 5+5, qui ont été organisés dimanche 21 janvier 2018 à Alger, sous le thème « Méditerranée occidentale: promouvoir un développement économique et social inclusif partagé et durable face aux défis communs dans la région », le ministre Messahel a convoqué l’histoire pour décrire la situation de la méditerranée. Il a déclaré sur un ton pseudo ex-cathedra que ‘’ la Méditerranée, a été toujours, au cours de sa longue histoire, une zone de fractures, et elle devrait pouvoir devenir un espace de coopération et de prospérité partagé’’. De plus, il a ajouté : ‘’Nous voulons bâtir une communauté méditerranéenne au destin commun qui favoriserait l’échange, la mobilité entre les deux rives ancrée dans ce vivre ensemble.’’

Le ministre a-t-il emprunté le chemin de l’inculture ? Il se fait presque une fierté d’être incompétent en histoire comme si c’était une marchandise d’importation intellectuelle : le ministre emploie sans retenue ni nuance le terme ‘’ toujours’’. Faut-il rappeler au chef de la diplomatie algérienne que l’usage des mots « toujours » et « jamais » ne détermine pas forcément les relations internationales ?

Il est utile de signaler que la résolution de l’assemblée parlementaire euro-méditerranéenne sur l’évaluation du processus de Barcelone adoptée le 15 mars 2005 mentionne que “le processus de Barcelone constitue une expérience unique en son genre en tant que cadre de concertation et de coopération multiforme’’. En outre, les Etats méditerranéens unis par des relations géographiques, historiques et culturels ont lancé un partenariat consolidé- le processus de Barcelone: une Union pour la Méditerranée, en juillet 2008. Toutefois, comment l’Algérie pourrait-elle construire une communauté méditerranéenne de destin commun, en ne rompant pas les relations diplomatiques avec le régime sanguinaire syrien d’Al-Assad ? Mais à quelle communauté de destin fait allusion le ministre Messahel, alors que le dictateur Al-Assad n’est au service d’aucun destin ? Au lieu de traiter les questions internationales, le ministre préfère sous-traiter sa diplomatie en Syrie, plaçant une partie de la diplomatie algérienne sous la tutelle de Téhéran.

Il faudrait que le ministre Messahel lise le livre ‘’La méditerranée, les hommes et l’héritage‘’ de Fernand Braudel et Georges Duby, pour mieux saisir l’impact du bassin méditerranéen sur le développement. Il est écrit dans ce livre que ‘’Pendant trois ou quatre millénaires, les migrations avaient fait l’histoire et l’unité de la Méditerranée’’ et que ‘’l’histoire de la méditerranée, autant que par ces arrivées de peuples nouveaux, a été rythmée par ces expansions successives : grecque, phénicienne, romaine, arabe, chrétienne, ottomane. Par étapes, elles ont construit cette unité qui triomphe avec Rome ‘’. Plus fondamentalement encore, l’absence d’une bibliothèque au sein du ministère algérien des affaires étrangères témoigne de la liaison problématique de Messahel avec les notions de relations internationales.

Lors d’un entretien accordé à la radio algérienne chaine 3, lundi 22 janvier 2018, le chef de la diplomatie algérienne qui a relevé l’importance de la question de lutte antiterroriste, notamment avec le retour des combattants du groupe terroriste autoproclamé « Etat islamique » (Daech) dans différents pays, a souligné que l’Algérie entourée de plusieurs zones de turbulences maintient à haut niveau sa vigilance.

Il serait important d’évoquer le prochain défi sécuritaire qui attend le pays : le retour des combattants du groupe terroriste ‘’Daech’’ à leurs pays d’origine. A l’instar du rapport intitulé ’’la proposition de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête sur la prise en charge des djihadistes français et de leurs familles de retour d’Irak et de Syrie’’, enregistré par le Sénat français le 13 décembre 2017, faut-il s’attendre à ce que les Algériens partis faire le Djihad cherchent à rejoindre le pays sans pour autant avoir renoncé à leur idéologie ? Cet éventuel retour pourrait conduire à la présence de milliers de bombes à retardement disséminées en Algérie. L’interrogation est d’actualité à en croire les indicateurs venant de plusieurs centres de recherches en relations internationales.

Néanmoins, le grand discoureur mais petit diplomate a également affirmé lors de cet interview que ‘’l’Algérie ne s’impliquera jamais militairement dans les conflits et tout le monde le sait. La lutte antiterroriste pour nous est une priorité dans les pays du Sahel Mali et Libye. Nous sommes les premiers concernés‘’. Cela est la confirmation que le ministre Messahel n’autorise personne à interpréter l’article 29 de la constitution, parce le régime politique algérien observe la pluralité des analyses comme un danger et la critique comme une menace à sa survie.

Un ministre comptable de la misère diplomatique et une partie de la fonction publique participe à sa banalisation. La suprême duplicité c’est de faire les choses sans le dire. Le statut de diplomate est le cahier de brouillon de toutes les techniques d’abrutissement des fonctionnaires en Algérie, caractérisé par le rétrécissement du champ des études en relations internationales et la destruction programmée des ressources humaines : à défaut d’être doyen des facultés de relations internationales, certains chefs de postes préfèrent occuper le siège de doyen du corps diplomatique ; où le critère de la nomination est la loyauté au ministre Messahel et non le rendement.

Un ministre qui emploie des mots tels que ‘’paix, droits de l’homme, Etat de droit, démocratie’’ dignes de tous les magasins d’antiquités du pays. Il est même envisageable, que cet avilissement diplomatique permettra à l’opposition politique de remettre en selle, un 3 ième Mazafran consacré à l’intelligence du ministre, car le régime politique tire bénéfice de la division au sein de l’opposition politique. Il est scandaleux qu’une partie de l’opposition ne personnalise pas les échecs patents de la politique étrangère de l’Algérie. Face à cette incurie, comment construire un Sahel exposé aux faux calculs du régime politique algérien ?

Un régime politique qui jette en pâture la diplomatie aux marchands d’illusions. Une diplomatie minée par le négativisme, qui engendre plus d’inquiétude que d’intérêt. Ce ministère incarne la négation même de la diplomatie, alors que la région du Sahel attire de plus en plus l’intérêt de la communauté internationale où des activités de combat contre les groupes terroristes sont lancées, dans le but de protéger cette partie de l’Afrique et maintenir la sécurité et la paix internationales.

Conclusion 

Profitant du remaniement ministériel de mai 2017, le ministère des Affaires étrangères ouvre son portail à Abdelkader Messahel, qui va s’atteler comme un chef de la diplomatie, mais qui forge la diplomatie comme une action dirigée contre les études en histoire et en géographie. En outre, on se rappellera indubitablement de 2017 comme le passage de la bipolarisation ministérielle au système unipolaire : le mot diplomatie se met désormais au singulier. Or, le terme ‘’diplomatie ‘’ est soumis au défigurement que provoque la controverse. Un ministre ankylosé dans une pensée rétrograde, qui se contente d’être un locuteur d’allocutions et de discours sur des thèmes de portée mondiale, asséchés par ses décisions. Ce calamiteux ministre est plus préoccupé par son temps de parole que par le fond des propositions formulées par des opposants et des analystes politiques. Le ministre Messahel copie la nullité de ses prédécesseurs, au lieu de véhiculer les valeurs de la république.

La diplomatie algérienne, ne pourra apporter sa pleine contribution à la refonte du pays, que si ses efforts s’inscrivent effectivement dans une attaque d’ensemble contre les maux, qui affectent encore la région. L’Algérie devient le voisin que la région aurait souhaité ne pas avoir. A quand un aggiornamento diplomatique ?

Auteur
Benteboula Mohamed-Salah, géographe

 




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