23 novembre 2024
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El-Harrach, cellule N° 40 (Acte V) 

Chronique d’un confiné 

El-Harrach, cellule N° 40 (Acte V) 

De gros nababs ayant dirigé le pays et ses finances se retrouvent encastrés dans une cellule de la célèbre prison d’El Harrach, à Alger. Une salle où l’ambiance qui y règne, en ces temps de pandémie, mérite un plongeon entre ces murs, histoire d’en rire ou d’en pleurer. C’est selon.

El Fakakir a passé la nuit dans l’infirmerie. Mais son état de santé ne s’est guère amélioré. Le lendemain matin, le médecin de la prison tente vainement le réveiller. Il arrive à peine à ouvrir les yeux, et il balbutie des mots incompréhensibles.  Le docteur conclut que son patient délire et demande à ce qu’il soit transféré immédiatement à l’hôpital.

Après une série d’examens, les médecins découvrent deux substances neuroleptiques dans les analyses sanguines du patient. 

Les docteurs n’en reviennent pas. Les deux substances, du Loxapac et du Tripidal, sont utilisées dans les cas de troubles comportementaux avérés. Elles sont généralement administrées pour les personnes en phase de délire avancé, afin de les ramener vers un état de zénitude. 

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Aussitôt alerté, le DG de l’hôpital informe le directeur de la prison. Il lui explique, en effet, que les deux ampoules injectées au détenu ont des effets secondaires à type d’hallucinations auditives et visuelles. 

–  T’hardet, il ne manquait plus que cela, ça va être le cirque à la prison, pestifère le gardien en chef d’El Harrach. 

Ce dernier, déjà assez surmené par tout le beau monde qu’il a reçu en une seule livraison dans ses geôles, tente de convaincre sa tutelle de placer le détenu en question, dans un établissement plutôt adapté à cette nouvelle situation. En vain. 

El Fakakir regagne à nouveau la cellule N° 40. Mais quelque chose a cependant changé en lui.  Ses compagnons, qui le questionnent et tentent de lui faire de la conversation, n’en tirent pas grand-chose. 

La rumeur qui courait ainsi la prison vient de se confirmer. 

El Fakir, ne distinguant plus rien, traverse la salle et s’affale sur le lit de H’mimed. Ses compagnons n’arrivent que difficilement à le convaincre de rejoindre sa place. Il passera toute la journée à dormir. 

La nuit tombée, et pendant que les habitants de la cellule sont plongés dans leur sommeil, c’est un autre Fakakir qui se réveille. Il quitte brusquement son lit et court vers le petit coin pour soulager son envie pressante. 

Un cris de rage est poussé dans la pièce. Chahid-El-Hey se réveille en nage. Son lit est inondé. 

Les codétenus, tirés brutalement de leurs sommeil, ne savent plus s’ils doivent en rire ou en pleurer. 

C’est Alilou qui se lance en premier. 

– Hahaha, ji mor dou rigoli (Je suis mort de rire)  

Chahid El Hey ne réalise cependant pas ce qui vient de lui arriver. Mais ses camarades de salle ont deviné juste. Les sanitaires de la cellule sont apparus au Fakakir en lieu et place du lit du médecin malgré lui. 

Il faut maintenant tirer la chasse !  Les gardiens sont alertés. 

M.M 

Mail de l’auteur : mehdimehenni@yahoo.fr

 

Auteur
Mehdi Mehenni

 




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