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Élections municipales en France: quel bilan pour les mairies RN ?

REGARD

Élections municipales en France: quel bilan pour les mairies RN ?

Les municipales des 15 et 22 mars prochain constituent un scrutin important pour le Rassemblement national de Marine Le Pen. Un parti qui manque d’ancrage territorial et qui compte donc s’appuyer sur le bilan des 17 mairies conquises en 2014. Gros plan sur Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et Béziers (Hérault).

Comme un symbole, c’est en face de la mairie, tenue par un proche parmi les proches, l’enfant du pays Steeve Briois, que Marine Le Pen a installé sa permanence de députée. Élue de la circonscription depuis 2017, la présidente du Rassemblement national (RN) a fait de cette petite ville de 26 000 habitants son fief électoral. Certains diraient son laboratoire électoral.

À quelques semaines du premier tour, en ce vendredi pluvieux, Steeve Briois parcourt les allées du marché de la place de la République. À chacune de ses poignées de main, il est accueilli avec bienveillance. « Il y a eu énormément de changement ces dernières années, les impôts ont baissé, la ville revit. » « Il fait bien son boulot, vous savez. Et ce n’est pas une question d’étiquette. Au niveau local, c’est surtout le bonhomme qui compte. » Un maire d’extrême droite ? « Non, pour moi il est normal, il est comme tout le monde, et même mieux que ceux qui étaient là avant. »

Omerta à Hénin-Beaumont ?

Une unanimité que l’ancien maire d’Hénin-Beaumont, Eugène Binaisse, questionne. Pour ce conseiller municipal d’opposition, fervent adversaire de Steeve Briois, une omerta règnerait à Hénin-Beaumont depuis la victoire du RN en 2014. « On a du mal à connaître ce que pensent vraiment les gens sur les affaires de cette ville. Dès l’instant où l’on demande un avis, on passe à autre chose », raconte-t-il.

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Cette omerta serait, selon l’opposition, la marque de la gestion municipale du Rassemblement national. D’où qu’ils viennent sur l’échiquier politique – socialistes, communistes ou marcheurs –, tous les opposants à Steeve Briois au conseil municipal décrivent la même chose : une équipe qui a fait du harcèlement une méthode pour réduire l’opposition au silence. Ils racontent les insultes, les attaques via le journal municipal ou les réseaux sociaux, les dépôts de plaintes en cascade…

Marine Tondelier, conseillère municipale écologiste, en a été victime et l’a relaté dans un livre : « En faisant tout ça, Steeve Briois envoie un signal à tous ceux qui voudraient potentiellement s’engager. Tu ne veux pas de problème ? J’ai une solution pour toi : ne dis rien, reste chez toi et t’occupe pas de ça. (…) Le RN excelle en communication, il arrive à faire de cette ville une vitrine bien lustrée, nous on voit tous les jours les ravages en arrière-boutique. » Lessivé après six ans d’opposition « à se faire insulter, calomnier, diffamer », le Marcheur Geoffrey Gorillot a jeté l’éponge. Écœuré par l’argent qu’il a perdu lors d’une procédure engagée pour se défendre, il ne se représentera pas en mars.

Un RN très fort à chaque élection

Une vitrine de l’extrême droite ? David Noël, conseiller communiste d’opposition, acquiesce. Et d’évoquer le harcèlement judiciaire dont il fait l’objet, huit plaintes déposées contre lui par le camp Briois en six ans, et une série de décisions prises par la mairie. « En arrivant en 2014, ils ont expulsé la ligue des droits de l’homme (LDH), une association jugée trop de gauche, pro-migrants et droits-de-l’hommiste. Puis il y a eu cet arrêté anti-mendicité qui visait clairement les Roms, la charte anti-migrants et la crèche installée dans la mairie, en toute illégalité. On voit là la dimension clairement idéologique de leur action. »

À ces accusations, Steeve Briois répond qu’il ne fait pas d’idéologie, mais respecte les souhaits des habitants de la ville. « Depuis 2014, il y a eu de nombreuses consultations électorales : européennes, départementales, législatives, et systématiquement, à Hénin-Beaumont, le RN fait plus de 50 % des voix. Si les gens le voulaient, ils ne voteraient pas pour nous », fait-il valoir.

Le modèle biterrois

Autre ville emblématique de la gestion RN : Béziers, 77 000 habitants, dont le maire, Robert Ménard, a été élu en 2014 avec le soutien du parti d’extrême droite. L’ancien journaliste et ex-président de l’ONG Reporters sans Frontières est candidat à sa succession, mais il partira cette année sans étiquette.

Comme Steeve Briois à Hénin-Beaumont, Robert Ménard a remporté Béziers alors que la ville était au bord de la faillite. Six ans plus tard, l’édile s’enorgueillit d’avoir rendu leur fierté aux habitants, baissé les impôts locaux, amélioré la sécurité en développant la police municipale et rénové le centre-ville. « Façades Potemkine », « résultats en trompe-l’œil », répond l’opposition qui rappelle un taux de pauvreté à 34 %, un chômage à plus de 20 % et accuse le maire d’autoritarisme.

« Monsieur Ménard n’est pas un démocrate, on le voit au conseil municipal, il ne cherche pas à débattre, il cherche à museler. Il a pris à partie des commerçants pas d’accord avec lui, des présidents d’asso qui ont osé me parler. On est dans un fonctionnement qui n’est pas propice à la paix civile », explique Pascal Resplandy, candidat à la mairie face à Robert Ménard.

Le style Ménard est loin de lui porter préjudice. Malgré les accusations de propagande via le journal municipal, les accusations de stigmatisation des étrangers, l’élection à l’Assemblée nationale de son épouse en 2017 a conforté la position d’un maire sortant qui assume un discours anti-élite. « Si les gens avaient peur, dans l’isoloir ils ne voteraient pas pour nous. Entre les opposants et le peuple, il y a un abîme, un gouffre, assure-t-il. Savez-vous quel est le problème de la classe politique française ? C’est qu’elle n’est plus représentative de ce que pense le peuple. »

Signe que Béziers est devenu un modèle. À 100 km de là, à Perpignan, l’ancien vice-président du RN Louis Aliot est en course pour la mairie. Et c’est à Robert Ménard qu’il a demandé de venir clôturer sa campagne, dans quelques semaines.

Auteur
RFI

 




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