22 novembre 2024
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Élisabeth Tamaris, une vie vouée à l’art dramatique

Elisabeth Tamaris
Crédit photo : Agence Art’One

Élisabeth Tamaris a consacré de longues années à l’enseignement de l’art dramatique au conservatoire municipal Camille Saint-Saëns du 8e arrondissement de Paris, de 2000 à 2008, elle n’a jamais cessé de transmettre le savoir théâtral, dans le but de former les nouvelles générations. Elle a aussi suscité l’admiration de ses élèves par sa façon d’enseigner et par sa façon d’être, par son sourire et sa générosité. Une carrière d’une richesse immense, (une carrière d’une grande diversité) de la télévision à la radio, du cinéma au théâtre et des mises en scènes de génie (des mises en scènes étonnantes).

Élisabeth Tamaris se distingue une nouvelle fois par la mise en scène de, « Ourika », de Claire de Duras, dans ce beau (petit) Théâtre Darius Milhaud, 80 Allée Darius Milhaud, 75019 Paris, à deux pas de la Villette, du 10 octobre au 19 décembre 2023 tous les mardis à 19h et les dimanches 15, 22, 29 octobre, 3, 10 et 17 décembre à 18h, (il reste encore trois dates en décembre le 3, 10 et 17 à 18h).

Le Matin d’Algérie : Vous avez une carrière incroyable, qui est Élisabeth Tamaris ?

Élisabeth Tamaris : Juste quelqu’un qui a toujours aimé les œuvres et l’art sous toutes ses formes, s’est consacrée particulièrement à l’exercice de l’interprétation théâtrale, et a ressenti le besoin de transmettre son expérience et son admiration pour les grands poètes de l’art dramatique, dont parlait si bien des gens comme Maria Casarès ou Laurent Terzieff.

Le Matin d’Algérie : Vous paraissez infatigable, malgré le poids des années, quelle est votre secret ?

Élisabeth Tamaris : Infatigable, ce n’est pas toujours vrai, mais la poursuite d’une activité que l’on aime et qui vous apporte autant est la meilleure des armes, tant qu’on peut matériellement l’exercer. Comme disait l’écrivain Jean Paulhan : « J’aimerais vivre jusqu’à ma mort ». Et bien sûr, c’est un immense privilège.

Le Matin d’Algérie : Un mot sur l’association Mélane qui présente la pièce « Ourika » de Claire de Duras, comment s’est passée la rencontre avec la comédienne Marie Plateau ?

Élisabeth Tamaris : J’ai rencontré Marie Plateau en jouant avec elle dans plusieurs spectacles de la Compagnie de l’Elan (dans les années 85) et nous avons réciproquement suivi nos parcours depuis. Elle a créé l’Association Mélane, qui a produit plusieurs spectacles liés à la diversité, puis je lui ai « soufflé » l’idée de faire quelque chose à partir du roman de Claire de Duras qui me tenait à cœur depuis longtemps, et dont finalement j’ai fait la mise en scène.

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Le Matin d’Algérie : Le message véhiculé par « Ourika » est plus que jamais d’actualité, bien qu’écrit au 19ème siècle, qu’en pensez-vous ? 

Élisabeth TAMARIS : En travaillant sur le texte, c’est ce qui nous a particulièrement étonnées. Et cela nous a conduit à faire évoluer le spectacle en mettant sous le regard du spectateur une comédienne métisse d’aujourd’hui qui en travaillant le texte, se laisse happer par l’histoire et le personnage d’autrefois, tellement elle y retrouve son expérience contemporaine des souffrances qu’impliquent toutes  les formes de discrimination.

Le Matin d’Algérie : Pensez-vous que les arts, l’Art dramatique en particulier, peuvent changer notre regard sur monde ?

Elisabeth Tamaris : Le changer, je ne sais pas… L’éclairer, l’enrichir, le nuancer, c’est ce que nous espérons.

Le Matin d’Algérie : Un mot sur Claire de Duras qui nous a laissés il y a deux siècles, « Ourika », ce texte en avance sur son temps, d’une clairvoyance inouïe.

Élisabeth Tamaris : Claire de Duras était une aristocrate cultivée, tenant, déjà sous l’Empire puis surtout pendant toute la période de la Restauration un brillant salon où se croisaient les gens les plus éminents de l’époque, politiques, artistes, savants, hommes de lettres, comme Madame de Stael, Benjamin Constant, etc… et tout particulièrement Chateaubriand, pour lequel elle a eu une amitié indéfectible. Très marquée comme toute sa génération, par les drames de la Révolution qu’elle a traversés dans sa jeunesse, elle avait une nature hypersensible et lorsqu’elle s’est retirée pour écrire, son premier sujet a été l’histoire réelle qu’elle connaissait de cette jeune enfant sénégalaise, élevée dans la famille de Beauvau, qui était morte (de chagrin ?) à 16 ans, bien qu’élevée et aimée comme une enfant de la maison. Toute la force du roman est liée à la façon dont Claire de Duras s’est projetée dans la conscience de cette jeune femme noire pour lui donner la parole, pour la première fois sans doute dans la littérature occidentale.

Le Matin d’Algérie : Quels sont les grands noms du théâtre qui vous parlent ?

Élisabeth Tamaris : J’en ai déjà cité deux, je pourrais dire Peter Brook, Jean Vilar, il y en aurait tant d’autres, tous ceux qui ont fait l’histoire du théâtre si vivante au XXème siècle, la liste serait trop longue… Pour le XXIème siècle, j’aurais envie de citer d’anciens élèves qui font un si beau parcours dans la mise en scène et l’interprétation (Igor, Olivier, Louise, Valentine… et les autres !)

Le Matin d’Algérie : J’ai parlé avec beaucoup de vos anciens élèves, ils sont unanimes quant à votre belle façon de transmettre le savoir théâtral, toujours en privilégiant le côté humain, il y a de la magie dans tout ce que vous faites, avez-vous d’autres projets en vue ?

Élisabeth Tamaris : D’autres projets, avec Marie Plateau et l’Association Mélane, liés à la Lecture à Voix Haute, discipline qui nous passionne en ce moment et pour laquelle nous animons des ateliers qui vont se développer prochainement.

Pour le reste, on verra ce qui se présentera, je veux surtout vous remercier ainsi que mes anciens élèves, pour la gentillesse de leurs témoignages !

Entretien réalisé par Brahim Saci

www.associationmelane.com

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