28 décembre 2024
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Emmanuel Macron, Bayrou et Darmanin : fin de mandat sous haute surveillance

À chaque grande finale, son bouquet de surprises. Pour Emmanuel Macron, en quête d’un héritage solide à l’approche de la fin de son mandat, la nomination de Gérald Darmanin au poste de garde des Sceaux dans un gouvernement piloté par François Bayrou ressemble à une ultime pirouette politique.

Audacieux pour certains, provocateur pour d’autres, ce choix ne peut être lu que comme un message fort. Après tout, quoi de mieux qu’un ancien ministre de l’Intérieur pour veiller sur la Justice, verrouiller les dernières réformes et s’assurer que la République reste « en marche », coûte que coûte ?

Darmanin, connu pour ses positions tranchées sur la sécurité et l’immigration, ne quitte pas son registre favori. Avec lui, l’idée d’une « Justice apaisée » prend une toute autre tournure : on ne s’oriente pas vers le compromis, mais vers la continuité d’une politique sécuritaire assumée. « Une chaîne pénale en acier trempé », at-on entendu dans les couloirs du pouvoir. Si cette formule a le mérite d’être clair, elle soulève une question fondamentale : une Justice aussi rigide peut-elle encore être juste ?

Le rôle de François Bayrou, lui, semble plus symbolique qu’opérationnel. En accédant enfin à Matignon, le centriste incarne la prudence humaniste de cette fin de règne, un visage rassurant pour une République en quête de modération.

Mais ce « gouvernement d’apaisement » ressemble plus à un subtil jeu d’équilibre : pendant que Bayrou tempère les ardeurs à la tête de l’exécutif, Darmanin consolide l’arsenal répressif. L’un parle à l’électorat modéré, l’autre rassure les plus sécuritaires.

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Un mandat verrouillé

Cette redistribution des rôles traduit bien les priorités d’Emmanuel Macron. À l’heure où les défis s’accumulent – tensions sociales, contestations sur la politique migratoire, défiance démocratique –, le président fait le choix d’un verrouillage méthodique. Le cap est clair : contrôler les flux, durcir les lois, réaffirmer l’autorité. Une stratégie qui vise autant à sécuriser la fin de mandat qu’à préparer l’héritage. Mais derrière cette posture ferme, le doute plan : cette République « sous haute surveillance » est-elle encore à l’écoute de ses citoyens ?

Car si Darmanin à la Justice est un choix logique dans le cadre d’une politique de fermeture, il reste hautement symbolique. Le ministre porte en lui les contradictions d’une époque : incarnation d’une autorité renforcée pour certains, figure controversée pour d’autres, notamment sur les questions de violences faites aux femmes. Les critiques, souvent virulentes, mettent en lumière le décalage croissant entre un parti des élites et la société civile.

Vers une République sous cloche ?

En consolidant les pouvoirs autour de figures fortes et controversées, Macron semble vouloir inscrire son nom dans l’histoire comme celui d’un président ferme et déterminé. Mais à quel prix ? L’atmosphère actuelle, marquée par des mesures sécuritaires accumulées et un discours parfois client, donne l’impression d’un pouvoir qui se protège davantage qu’il ne protège. La frontière entre gouverner et verrouiller devient floue, et avec elle, les perspectives d’un débat démocratique apaisé.

Et François Bayrou, dans tout cela ? Si sa présence symbolise une volonté de rassemblement, elle risque de passer au second plan face à l’ombre portée par Darmanin. Car le véritable enjeu de cette fin de mandat, au-delà des jeux politiques, est bien celui de l’avenir de la République : une République de contrôle, ou une République de liberté ?

Une conclusion ouverte

Comme le disait Montesquieu, « il n’y a pas de cruauté plus grande que celle qui se fait au nom de la loi ». En choisissant de confier les clés de la Justice à une figure emblématique de la fermeté, Macron adresse un dernier message à la nation : la République est sous contrôle, mais qui contrôle la République ?

« Quand un pouvoir durcit ses lois au nom de la sécurité, il joue un jeu dangereux : celui de confondre protection et domination. L’enjeu n’est plus de gouverner une société, mais de la contenir, au risque de perdre l’essence même de la démocratie. »

Dr A Boumezrag

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