Mercredi 19 juin 2019
Enseignement : quand médiocrité rime avec bêtise !
Même si nous sommes une société en mal de repères et en manque d’exemples, ce qui laisse à désirer c’est le savoir conjuguer le verbe «dénoncer» à toutes les personnes et dans tous les temps à fortiori au présent. Un présent émaillé de tous les symptômes du chaos. Oui, dénoncer est ce pauvre mot, devenu par le triomphe criant de l’impunité officielle, un acte censuré par le truchement de la junte gouvernante.
Un terme qui dérange trop l’arbitraire quotidien, agace excessivement l’injustice administrative. C’est à l’occasion de la rentrée scolaire 2018-2019 que m’est venue l’idée de rédiger cette lettre destinée plus particulièrement aux chefs des établissements scolaires. Je cible singulièrement les nouveaux, en faisant allusion aux anciens tout en renonçant au principe de donneur de leçon, puisque je ne prétends pas être expert en la matière. Le message contient un ensemble de remarques sur des comportements tordus et surtout délétères et très récurrents vu que la mission du directeur a perdu de son sublime en devenant une tâche de délation d’une part et un moyen de bomber le torse pour quelques-uns d’autre part.
Chaque directeur est inéluctablement passé d’abord par le grade d’instituteur, cette dernière fonction, lui fera vivre toutes les affres imposées par la rudesse de cette noble tâche, chose qui lui sera à la fois, une chance et un atout, puisque cela permet au chef d’établissement de gérer son école en se dotant d’emblée d’un précieux bagage pédagogique afin de fructifier son expérience et être un modèle riche en qualification et en habileté professionnelle .
Or, dans notre société, et par un esprit de vengeance et de soif d’autorité, ce poste de direction s’est mué en un moyen de réprimer tous les enseignants aptes à changer voire stimuler studieusement les élèves, c’est explicitement une chasse ouverte et sans merci à l’intelligence. La jalousie succède à la compétition positive, l’envie de régner supplée la bonne gestion, ainsi, les écoles deviennent des arènes où pullulent l’adversité entre collègues d’un même collectif.
Les relations directeur- enseignants sont rarement entretenues par l’estime de l’autre et le respect de la personne. La fraude et L’anarchie qui caractérisent les examens d’accès au poste de direction et qui s’organisent chaque année, finissent par favoriser les médiocres, imposer les plus débiles et ce par l’absence d’un système d’évaluation basé sur des critères d’admission fermes et impassibles et surtout munis d’une volonté politique officiellement fondée pour faire réussir la réforme de l’école algérienne tant gangrenée par la bêtise et la médiocrité.
Nous assistons à une forme de gestion unique au monde, où, dès qu’un directeur est nommé, il invente des styles de gouvernance extravagants comme pour taire ses carences en connaissances et sa criante incompétence pédagogique. L’école lui devient une propriété privée. Ni les lois, ni les circulaires ne peuvent fléchir ce genre de responsables parachutés fautivement dans des établissements scolaires sans formation ni acquis.
Le laisser-aller qui orne la scène nationale a fait de quelques directeurs des bourreaux par l’absence de contrôles administratifs, leur déficit en savoir conjugué à leur disponibilité à afficher une mentalité absurde sème la discorde et les brouilles au sein de toute l’école. L’auguste rôle des inspecteurs de diriger voire orienter ces directeurs est entaché d’incurie, la lâche fuite devant ces responsabilités aussi capitales accule les écoles à devenir des baraquements où l’erreur et l’ânerie y seront le fruit.
La tutelle suprême, la ministre de l’Education sont primordialement interpellées, leur devoir est désormais de sélectionner les postulants aux différents postes de la hiérarchie éducative pour distinguer le bon grain de l’ivraie car le chantier de l’école n’est guère une question qu’il faut gérer inconsidérément.
Même si des courants rétrogrades visent à saborder les efforts de notre ministre de l’éducation pour réformer les réformes de façade de l’enseignement algérien, le peuple algérien est plus que jamais apostrophé, pour aider, soutenir et surtout accompagner madame la ministre dans sa lutte contre l’obscurantisme que veulent nous infliger les fossoyeurs de la république.