Auteur de deux romans, parus en France, Akli Drouaz a commis un roman sombre et amples par ses galaxies de personnages et de récits où se mêlent vies brisées et identités avilies.
Il n’y a nulle prise pour la pitié dans « Errances, identités flouées ». C’est un roman aux prises avec l’histoire et l’identité du pays. L’auteur règle ses comptes à l’innommable situation dans laquelle est plongé le pays et ses habitants.
« Errances, identités flouées » se déroule dans les sombres années de terrorisme. C’est aussi et surtout un voyage introspectif dans les méandres d’un pays en dérive. D’où le mot Errances au pluriel.
Par le truchement d’une galaxie de personnages, l’auteur nous invite dans ses cauchemars qui ont et continuent d’agiter l’Algérie. Il a choisi un journaliste Abdelhamid Sabri pour nous raconter justement l’incurie, le crime, la corruption et nombre d’autres maux sociaux qui font de l’Algérien un être tiraillé et traumatisé.
Dans l’enfer de ces années de terreur, Abdelhamid Sabri est tout de même amoureux, parce qu’il fallait des espaces pour la passion amoureux pour tenir debout. « Me voilà face à une histoire d’amour dont je suis le fruit pourri. Je vais devoir me réconcilier avec des racines que j’ignorais (…) Le souvenir de Nezha me gifle et me rappelle à mes erreurs d’être humain débutant, oui elle me parlait de nos origines communes depuis la nuit des temps. Elle me saoulait avec son entêtement à faire de tout le pourtour de la Méditerranée un pays amazigh et parfois au-delà (…) ». Dans ce roman est tout prétexte à la quête identitaire.
Sabri est en effet un écorché. Il se cherche. Il remonte vers ses racines comme le saumon le fleuve. A contre-courant. Sabri, Jl le terroriste, Hadj, le journaliste invétéré, Hoho, Arezki, Malha et bien sûr Nezha… l’auteur enfile sans répit ni chapitre une pléiade de récits cousus dans une langue torrentielle.
Dans une langue au souffle régulier, Akli Drouaz nous emmène avec Sabri dans son univers empli d’hommes, de femmes et d’ambiances lourdes de souvenirs pour ceux qui ont eu à vivre ces années-là. « Errances, identités flouées » est un livre qui nous parle, nous titille et remue les braises encore chaude de notre passé récent.
L’amour, la quête identitaire, la violence politique et sociale, le terrorisme islamique… tout est dans ce roman éclectique. Il y a sans doute derrière cette construction littéraire, une volonté de l’auteur d’ouvrir la focale sur l’ensemble des maux algériens. De fait, la lecture de ce roman est une plongée en apnée dans les années sombres de l’Algérie.
Hamid A.
« Errances, identités flouées », d’Akli Drouaz chez les Editions Achab. Prix : 500 dinars