Meta propose un abonnement payant pour Facebook et Instagram. Mark Zuckerberg, son fondateur, avait pourtant promis que ses réseaux sociaux seraient toujours gratuits. Ils le resteront, mais s’ils paient 12 dollars par mois, les internautes de plus de 18 ans pourront afficher un badge bleu, garantie d’authenticité.
Ils seront mieux protégés contre l’usurpation d’identité et mieux relayés. Pour le moment, c’est à l’essai en Australie et en Nouvelle-Zélande. Ce sera ensuite étendu aux États-Unis et dans le monde. Pourquoi le groupe déroge-t-il aujourd’hui à sa sacro-sainte gratuité ? Éléments de réponse avec Jean-François Faure, fondateur de Aucoffre.com et spécialiste de la tech.
RFI : Meta propose un abonnement payant pour Facebook et Instagram. Mark Zuckerberg, son fondateur, avait pourtant promis que ses réseaux sociaux seraient toujours gratuits. Que propose cette offre payante exactement ?
D’abord, Meta entre dans une phase d’essai puisque cette formule payante va être déployée cette semaine seulement en Australie et en Nouvelle-Zélande. C’est dans l’optique de certifier les comptes, de permettre à ceux qui le souhaitent d’avoir un label vérifié. C’est le fameux badge bleu, ajouté à côté de l’identifiant Facebook ou Instagram. Il rassure, car il indique que le profil de la personne que l’on suit est bien la bonne personne et non pas un usurpateur qui pourrait diffuser de fausses informations. Facebook ou Instagram restent toutefois gratuits pour les utilisateurs qui ne souhaitent pas le voir payant, donc la promesse initiale est tenue.
Par ailleurs, les comptes payants devraient être mieux valorisés que les autres.
Oui, c’est l’objectif. Mais on attend de voir ce que cela veut dire exactement. Est-ce que, dans l’algorithme Instagram ou Facebook, ces comptes ressortiront mieux, quand une story ou une quelconque information est publiée ? On ne sait pas encore. Cela reste assez nébuleux et je ne suis même pas certain qu’ils le sachent eux-mêmes ! C’est pourquoi Meta ne lance pas son projet tout de suite à travers le monde et fait d’abord des essais en Océanie.
Les internautes qui optent pour l’offre payante doivent avoir au moins 18 ans. Cela concerne tout le monde, les particuliers comme les entreprises ?
Alors effectivement, plus de 18 ans, car il faut pouvoir payer cet abonnement. Et c’est un abonnement dans une logique, comme je le disais, de certification et de valorisation du compte. Cela peut donc intéresser un influenceur ou un professionnel. C’est une fonctionnalité qui est en fait assez recherchée. Actuellement, ce qui fait office de vérification, c’est avoir atteint un très grand nombre de followers. Mais, par exemple, vous êtes photographe, c’est votre activité et vous n’avez que 600 followers ; ce sont ces 600 followers qui comptent. Le badge bleu montre que votre compte a été certifié, qu’il s’agit bien du vôtre. C’est une protection, car malheureusement, les faux comptes sont très fréquents. Pour un professionnel, ça vaut clairement la dépense parce que les réseaux sociaux sont aujourd’hui importants. Ce sont des outils de communication majeurs. Pour preuve, certains professionnels n’ont même pas de site web, ils ont uniquement des pages sur les réseaux sociaux, que ce soit sur Facebook, Instagram ou maintenant TikTok.
Pourquoi Meta propose-t-il une offre payante maintenant ? Est-ce parce que, comme d’autres Gafam, qui ont fait des bénéfices records pendant la pandémie, il connait une baisse de rentabilité ?
Clairement, Meta lance ce projet parce que son chiffre d’affaires, sa rentabilité sont en baisse. Le nombre d’utilisateurs diminue aussi. Facebook est considéré comme un réseau social un peu vieux. Instagram, lui, a un peu de mal à trouver son public, entre Facebook et TikTok, parce que le public qui, aujourd’hui, occupe les réseaux sociaux, est plutôt jeune et assez versatile. Il a tendance à changer rapidement de support de communication quand il considère que celui qu’il utilise est devenu obsolète. Meta est obligé de se battre contre cela. Donc c’est une réponse dans une logique de rentabilité, mais pas que. Meta voit aussi que la concurrence, par exemple Twitter, adopte des modèles payants premium et que finalement, c’est de l’additionnel. C’est-à-dire que cela ne fait pas baisser le trafic des utilisateurs standards, c’est un gain qui vient s’ajouter au gain publicitaire. Pourquoi passer à côté de cette manne ? Donc, c’est aussi un choix pragmatique, peut-être face au sens de l’histoire, qui est de mettre en place des comptes premium pour se démarquer du flot de comptes et de faux comptes qui existent.
RFI