30 avril 2024
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France-Algérie : de la valise des passeurs aux passeurs de valises 

Ben Bella Bouteflika

La colonisation française a débuté avec le pillage du Trésor d’Alger (la Régence), l’indépendance a commencé avec la disparition des fonds et des bijoux collectés au titre de la Caisse de solidarité nationale sous prétexte de renflouer le trésor public pour finir par la dilapidation et le détournement de mille milliards de revenus pétroliers et gaziers par les gouvernants condamnant leur propre peuple à une pauvreté certaine.

L’ordre colonial français fût une occupation du territoire par « l’épée et la charrue » ; l’ordre étatique algérien serait une appropriation privative du sol et du sous-sol algériens par les «textes et le fusil».

Si la violence exercée par la colonisation était légitimée par la mission «civilisatrice » de la France, la violence légale de l’Etat algérien s’effectue au nom du « développement ». Les régimes déclinants résistent à la critique verbale. « La force de l’histoire contre la force des armes ». L’enjeu des pouvoirs colonial et postcolonial n’est en vérité que la soumission de l’homme à l’ordre établi c’est-à-dire l’acceptation de son statut de sujet par le « bâton » (la répression) et/ou la « carotte » (la corruption).

Les dirigeants, dans leurs délires, se déclarant être « l’incarnation du peuple » ; considèrent l’Algérie décolonisée comme un « butin de guerre » à se partager et la population comme un troupeau de moutons à qui on a confié la garde. Tantôt, le berger les amène à l’abattoir, tantôt aux pâturages selon les circonstances du moment et les vœux du propriétaire.

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Cette gestion autocratique, anarchique et irresponsable de la société et des ressources du pays n’est nous semble-t-il pas étrangère à l’influence et l’attraction de la France sur/par les « élites cooptées » du pays, aujourd’hui vieillissantes pour la plupart, maintenue en activité malgré leur âge avancé et pour la plupart finissent presque tous dans un lit d’hôpital parisien entre les bras de « notre mère patrie la France ».

Elle s’insère parfaitement dans la stratégie de décolonisation du général De Gaulle, engagée dès 1958 à son retour au pouvoir et parachevée en 1962 par la signature des accords d’Evian dont la partie la plus secrète a été semble-t-il largement exécutée. Elle a permis à la France d’accéder à la pleine reconnaissance internationale en tant que grande nation (indépendance énergétique), à l’unité nationale retrouvée (menace guerre civile évitée) et au rang de puissance nucléaire (premiers essais concluants au Sahara) et a miné l’Algérie postcoloniale par la dépendance économique (viticulture, hydrocarbures, importations), par la division culturelle (langue, religion, ethnie), et par l’émergence d’un régime militaire autoritaire, peu soucieux des intérêts de la majorité de la population.

En imposant un schéma institutionnel dont la logique de fonctionnement était radicalement opposée à celle de la société indigène, et un modèle économique  étranger aux réalités locales des populations, le colonisateur préparait en fait la société postcoloniale à l’échec de la modernisation politique et au développement économique.

Les services secrets français ont joué un rôle important. Ce n’est pas un pur hasard que la plupart des ambassadeurs qui sont passés par Alger se retrouvent le plus souvent à la tête de ces services. L’Algérie souveraine ne sera-t-elle finalement qu’un drapeau planté sur un puits de pétrole ?

Pour le gouvernement algérien après le pétrole c’est toujours du pétrole. Pour la France, elle ne peut se permettre le luxe d’ignorer le gaz de schiste. Le jeune Algérien qui n’a pas connu la France s’interroge, « Qu’est-ce que la France, je vous le demande ? Un coq sur un fumier. Otez le fumier, le coq meurt », lui répond Jean Cocteau.

Dr A. Boumezrag

2 Commentaires

  1. Le constat est su et connu de tlm! c’est plutôt les ingrédients de la solution qui pose problème. Mwa, je pense que l’Algiri, à l’instar des pays « coulounisés » est « coun-damnée » à l’errance tant son peuple est prisonnier du paradigme dans lequel ses ancêtres l’ont précipité pour réussir leur révolution.
    Je crains, hélas, la déflagration..

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