Jeudi et vendredi, l’ensemble de l’audiovisuel public est appelé à la grève. Objectif : combattre la réforme de l’audiovisuel public, qui doit être examinée en première lecture jeudi et vendredi à l’Assemblée.
Des perturbations sont attendues sur les différentes antennes, de France Télévision à Radio France en passant par France Médias Monde, et donc RFI. Ce mercredi, plus de 1 100 salariés de Radio France, parmi lesquels de figures de l’entreprise, ont signé une tribune rejetant la fusion.
« Démagogique, inefficace et dangereux » : c’est de cette manière que les signataires de la tribune publiée dans Le Monde, parmi lesquels des figures de Radio France, qualifient le projet de réforme.
Il prévoit en 2025 la création d’une holding, avant une fusion l’année suivante des sociétés de l’audiovisuel public : France Télévisions, Radio France, l’Institut national de l’audiovisuel (INA), et enfin France Médias Monde, c’est-à-dire RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya.
L’intégration de FMM dans le projet fait débat jusque dans le camp présidentiel. D’après la ministre de la Culture Rachida Dati, qui porte la réforme, les forces de l’audiovisuel public sont « dispersées », d’où un « risque d’affaiblissement » face aux plateformes internationales comme Netflix et aux chaînes privées.
Mais « ce n’est pas le retour de l’ORTF qui va nous permettre de concurrencer Netflix », rétorquent les écologistes (toute la gauche rejette la réforme).
L’ORTF, c’est la structure qui rassemblait l’audiovisuel public français jusque dans les années 1970, et dont l’absence d’indépendance fut critiqué.
Quelle réforme ?
La réforme sur laquelle les députés ont à se prononcer s’appuie sur une proposition de loi d’un sénateur Union centriste, Laurent Lafon, adoptée par le Sénat en juin 2023.
Dans cette version du texte, France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA devaient être regroupés, au 1er janvier 2025, dans une holding baptisée France Médias. Une structure ayant pour objectif de « définir les orientations stratégiques » des quatre entreprises et « de veiller à la cohérence et à la complémentarité de leurs offres de programmes ».
Mise en sommeil après son adoption au Sénat, la proposition a été déterrée par l’exécutif début 2024, et la voici désormais inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée, avec une importante modification à la clé.
Un amendement du gouvernement, adopté en commission des affaires culturelles de l’Assemblée, fait de la holding une étape transitoire, avant une fusion des quatre entreprises au 1er janvier 2026.
La société géante aurait alors un budget de quatre milliards d’euros et quelque 16 000 salariés. Son PDG serait « nommé pour cinq ans par l’Arcom », l’autorité de régulation de l’audiovisuel – dont le président est nommé par l’Elysée –, comme c’est déjà le cas aujourd’hui pour la plupart des entités de l’audiovisuel public.
Dans ce projet, le sort de France Médias Monde ne paraît pas tranché. Lors de l’examen du projet de réforme en commission, Rachida Dati avait prôné l’intégration de cette entité au nouvel ensemble.
Mais lors de l’examen en commission, les députés se sont prononcés contre la présence de FMM dans la holding.
Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a ensuite affirmé que le gouvernement était finalement pour son exclusion de l’entreprise unique. Les discussions pourraient néanmoins être serrées, la droite étant à l’inverse attachée à son inclusion.
Certains syndicats craignent aussi que la télévision ne phagocyte la radio. Une analyse partagée par les Sociétés des journalistes des médias concernés, qui déplorent une réforme menée dans la précipitation et sans aucune concertation.
Des préavis de grève ont été déposés dans les quatre sociétés publiques, et des rassemblements sont prévus ce jeudi près de l’Assemblée nationale et du ministère de la Culture.
Avec Rfi/AFP