Vendredi 5 juillet 2019
« Gaïd Salah dégage », clament des millions d’Algériens (Vidéo)
Enormissime 5 juillet 2019. Une renaissance nationale après plus d’un demi-siècle de musellement de l’opinion, de manipulation les plus crasses, de corruption, de mensonges les plus éhontés et de gabegie la plus insupportable.
En ce 5 juillet qui coïncide au 20e vendredi de dissidence populaire, plusieurs millions de manifestants sont sortis dans les villes du pays pour exiger le départ du système dans sa globalité, la mise en place d’une période de transition.
Au centre de la colère populaire désormais se trouve Ahmed Gaïd Salah. Le chef d’Etat-major et vice-ministre de la Défense cristallise le courroux des manifestants depuis plusieurs vendredi. Cet officier supérieur qui a cautionné le 3e, 4e mandat et les débuts de la campagne du 5e mandat de Bouteflika irrite l’opinion.
Pouvoir de fait par son intrusion quasi-hebdomadaire dans les questions politiques, Gaïd Salah représente de jure le pouvoir de fait, en lieu et place d’un Bensalah, chef d’Etat par intérim sans épaisseur politique ni réel pouvoir de décision.
Aussi, les Algériens ont compris le nouveau schéma imposé depuis le dégagement de Bouteflika et sa clique mafieuse. Les manifestants ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils ont compris que Gaïd Salah a beau jurer qu’il n’a pas d’ambition politique et qu’il ne s’immisce pas dans les affaires de la justice, mais personne ne le croit.
Pas seulement, l’histoire retiendra que c’est sous son pouvoir ainsi que celui de Bensalah qu’un ancien moudjahid, le valeureux commandant Bouregaâ (86 ans) a été placé en détention provisoire pour avoir donné son opinion sur les affaires du pays. Une quarantaine de jeunes sont aussi jetés en prison pour avoir brandi l’emblème amazigh.
Rien n’échappe à la jeune génération d’Algériennes et d’Algériens. Ce vendredi 5 juillet c’est encore par millions – certains parlent de 20 millions, d’autres bien plus – que les Algériens sont sortis pour dénoncer la mainmise du vice-ministre de la Défense sur les affaires du pays. L’argument de l’emblème amazigh avancé est considéré d’ailleurs comme une dérobade, un subterfuge trouvé par Gaïd Salah et ses conseillers pour diviser les Algériens.
La traque de ceux qui portent cet emblème depuis trois vendredis et les scènes de policiers obligés par leurs supérieurs de grimper pour arracher ces drapeaux amazighs suscitent la solidarité des Algériens non amazighophone, voire de la colère. Car tout le monde a compris que le problème est ailleurs. Dans justement la confiscation de la souveraineté populaire par l’armée qui entend coûte que coûte imposer son calendrier et ses choix politiques.
Ce formidable élan populaire devrait faire réfléchir l’Armée. Au lieu d’en faire un danger, il serait plus salvateur de le considérer comme un accélérateur de réformes pour une deuxième république.
Continuer d’ignorer les millions de voix qui montent depuis le 16 février des rues algériennes c’est mépriser la volonté populaire.