Le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Mario a confirmé, selon l’agence italienne ANSA, (01), que son pays va opposer son veto à la décision de l’Union européenne (UE) visant à durcir les sanctions contre la Russie suite au massacre de Boutcha.
Cette déclaration a été faite par le ministre italien en compagnie de ses collègues de Croatie et de Slovénie dans la capitale croate Zagreb. Rappelons que suite à ce massacre de Boutcha, les Etats-Unis avec un soutien du Royaume Uni ont manœuvré pour une convocation immédiate de l’assemblée de l’Organisation des Nations unies (ONU) jeudi 7 avril 2022 pour suspendre la Russie du Conseil des Droits de l’Homme avec une très forte réticence du secrétariat de l’ONU qui l’a jugée probablement prématurée mais les Etats-Unis ont insisté voire sont assurés d’obtenir les deux tiers de l’assemblée.
Le premier ministre italien, Marion Draghi, de son côté s’est entretenu par téléphone (02) avec Vladimir Poutine qui l’a rassuré de la validité des contrats avec son pays et qu’il n’y avait aucune crainte de l’approvisionnement prévu de ses livraisons de gaz. Le premier ministre italien «croit » que la Russie est en voie d’annuler sa demande de paiement en roubles et que les pays de l’UE continueront de payer en euro ou en dollars en dépit de la confirmation du porte-parole du Kremlin qui avait déclaré juste après que le programme d’achat du gaz avec le rouble pour les pays « inamicaux » n’avait pas changé.
Pourquoi justement l’Italie est devenue un pays ami
Il est fort probable que le suivi aveugle de la majorité des pays européens de leur allié nord-américain les a refermés sur eux-mêmes. Maintenant progressivement chacun tente de sauver sa tête en pensant aux conséquences économiques et leurs retombées sociales. Ces pays ont certainement pris conscience de la grave crise énergétique à laquelle ils seront confrontés loin de leur allié qui, pour le moment, ne montre que des promesses de leur livrer du gaz naturel liquéfié (GNL) en compte goutte.
En effet, pour l’année 2022, le schiste américain ne pourra livrer que 15 milliards de m3 qui ne peuvent remplacer 175 milliards qu’ils reçoivent de la Russie, soit par le gazoduc Yamal-Europe qui passe par la Bielorussie que leur président Alexandre Loukachenko menace d’ores et déjà de fermer ou les Stream dont le deuxième n’est pas encore en service.
Ces sorties de gaz vers l’Europe sont un acquis considérable dans la région que les Etats-Unis ont toujours tenté d’entraver. La capacité de Yamal qui vient de l’Arctique sur une distance de 4000 km livre plus de 30 milliardsm3. Celui Nord Stream 1, achevé en 2011, fournit près de 110 milliards de m 3. Il y a enfin le dernier Gazoduc Nord Stream 2 que les Etats-Unis font tout pour bloquer pour mettre en œuvre leur agenda. Ils y ont presque réussi puisqu’il n’est pas encore opérationnel pour transporter plus de 55 milliards de m3.
Il faut préciser par ailleurs que la Russie ne livre pas uniquement du gaz aux pays européens mais aussi du pétrole et du charbon. La Russie pèse 40,5% des importations européennes, très loin de la Norvège 18,1% viendra ensuite l’Algérie avec 11,8%.
Il se trouve justement que l’Italie et l’Allemagne restent les plus gros importateurs de part leur important tissu industriel. C’est pratiquement ces deux pays qui constituent la locomotive économique pour les premiers en ligne dans l’Europe centrale et orientale. Mais les Etats-Unis les orientent vers une solidarité espagnole pour leur envoyer le gaz. Or, l’Espagne reçoit plus de 40% de son approvisionnement de gaz de l’Algérie qui jusqu’à présent n’a pas pris une position sur cette crise ukrainienne pour permettre à l’Espagne de « casser » la clause destination qui interdit une telle pratique.
Rabah Reghis
Renvois
(02)- https://www.youtube.com/watch?v=ial9dJOwY3s
