28 mars 2024
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Hacène Hirèche : Slimane Azem a joué un rôle de messager diffusant amour et résistance 

Hacène Hirèche.

Hacène Hirèche est économiste et neurolinguiste de formation, il était enseignant de langues et de cultures berbères à l’université Paris VIII jusqu’à sa retraite en 2013. Figure incontournable du Mouvement berbère depuis les années soixante-dix, il fait partie de la génération que l’écrivain Mouloud Mammeri avait formée et avertie pour promouvoir la langue et l’identité amazighes (berbère).

Hacène Hirèche est l’auteur de plusieurs articles autour de la question berbère et de politique en générale en Algérie.  En juin 2022, Hacène Hirèche nous revient avec une belle œuvre sur Slimane Azem. Un livre plein d’informations et d’éclaircissements sur l’itinéraire artistique, militant et familial de l’un des grands maîtres de la musique kabyle, chanteur engagé, mort en exil (France) en 1983.

Le livre est disponible dans toutes les librairies de France et en ligne en dehors de l’hexagone, sous le titre : Slimane Azem, Blessures et Résiliences, Éditions l’Harmattan.

Le Matin d’Algérie : Vous qui êtes portés beaucoup plus sur les questions politiques et économiques, pouvez-vous nous dire comment est venue l’idée d’écrire un livre sur le barde de la chanson kabyle Slimane Azem?

Hacène Hirèche : En vérité, tout ce qui a rapport à l’amazighité m’a concerné, avec force, depuis mon adolescence. Ma mère était une poétesse et cela m’a conduit naturellement à la défense de notre langue, de notre culture. Du coup, j’ai suivi les cours de Mouloud Mammeri à l’université d’Alger, ceux du professeur de berbère Alphonse Leguil à l’Inalco comme j’étais assidu à un séminaire de Germaine Tillion à l’EPHE. Ce parcours m’a conduit à enseigner tamazight à l’université de Paris 8 comme tu le sais. Je suis, du reste, heureux que tu y sois un de mes successeurs. Pour moi, travailler sur l’œuvre de Slimane Azem était, en quelque sorte, un couronnement de mon itinéraire militant lors même que ce travail est venu en réaction à une publication que j’ai estimé insuffisante sur ce poète-chanteur hors normes, il faut le souligner.

Quelles sont les thématiques qu’abordaient fréquemment Slimane Azem dans ses chansons ?

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Pour répondre franchement, Slimane Azem a tout dit ou presque. Je le pense profondément. Avant lui, la poésie chantée était considérée comme un passe-temps quasi inutile. Ce n’était pas vraiment un art et encore moins une profession. Aujourd’hui, le chanteur-penseur est vu comme un acteur essentiel, dans la chaîne de transmission culturelle, linguistique et historique.

En fabriquant de nouveaux récits poétiques, devenus des corpus de psychogénéalogie et de phénoménologie, Slimane Azem a donné un rôle nouveau au chanteur kabyle. Il en a fait un révélateur des rapports sociaux en constante mutation. En chantant un siècle de complots et de pièges tendus contre sa société, son œuvre est devenue un corpus de philosophie politique qui s’apparente à un miroir social. Cette œuvre, il l’a construite à partir de matériaux structurants qu’il a mis en exergue pour mieux les détricoter. Politique, géopolitique, critique sociale le tout accompagné de beaucoup de dérision, fables, philosophie sont quelques-uns de ses nombreux penchants thématiques.

Qu’est-ce qui est singulier dans l’art de Slimane Azem pour qu’il soit admiré et adulé dans le monde berbère ?

Les pensées azémiennes ont pour ancrage sa société. Ses blessures sont celles de son peuple. Les faits majeurs de l’histoire contemporaine de l’Algérie et surtout de la Kabylie, jouent un rôle direct ou indirect dans l’irruption de son œuvre et c’est pourquoi il incarne, au sens quasi biblique, le destin collectif de son peuple. Il a mené, à sa manière, un combat anticolonial puis antidictatorial à un moment où les commissaires censeurs et leurs zélés informateurs ne laissaient rien passer. Il en a payé le prix, un prix qu’il a assumé dignement jusqu’à son dernier souffle. C’est naturellement qu’il était devenu le mentor de toutes celles et ceux qui sont imprégnés profondément ou marginalement de son œuvre.  Il a joué un rôle de messager diffusant amour et résistance à la fois.

L’apport de Slimane Azem à la question berbère est immense, il a œuvré à la conscientisation des masses, il s’est opposé au pouvoir en place… peut-on dire qu’il était l’artiste kabyle, pionnier, engagé politiquement ou il y avait d’autres ?

C’est Slimane Azem qui, le premier, a chanté la philosophie politique. En ce sens, il a, à travers son œuvre, immense et immortelle, donné de l’épaisseur à la culture et à la langue amazighes de Kabylie. Son talent, la profondeur de sa pensée, ont tracé un chemin que beaucoup de ses disciples ont emprunté par la suite. C’est pourquoi son apport est considérable.

Quel héritage reste-il de Slimane Azem pour la nouvelle génération qui se trouve dans les deux rives de la méditerranée ?

Le premier héritage est, comme je le disais précédemment, son œuvre faite de hauteur de vue, d’analyse politique et sociétal. Beaucoup de ses dires sont prémonitoires et beaucoup d’autres sont devenus des expressions proverbiales dans la langue kabyle quotidienne comme « i temẓin yekrez wezger, amek armi tent yeɛlef weɣyul ?». (Pourquoi l’âne s’est vu attribué les fruits du labeur du bœuf ?)

Quarante ans après la disparition de l’artiste, y a-t-il, aujourd’hui, un projet de sauvegarde ainsi que de promotion du patrimoine immatériel et matériel de Slimane Azem ?

Nous avons, un ami et moi-même, tenté de racheter sa maison dans le Tarn-et-Garonne pour en faire un musée et nous n’avons pas pu rassembler les fonds nécessaires. Mais l’idée reste encore d’actualité même si les chances sont minces. Par ailleurs Monsieur Mohand Anemiche, son producteur, recherche aussi un budget, en ce moment, pour publier ses chansons inédites.

Il y a une quarantaine de titres environ, ce qui est considérable. Enfin, il faut signaler que la Mairie de son village natale est en train de réhabiliter sa maison pour en faire un centre culturel et mémoriel. Il faut rajouter aussi, et c’est décisif pour la suite, le fait que son œuvre commence à entrer dans les programmes scolaires algériens. Un de ses textes figure dans le livre de langue française de la classe de 4e année moyenne. Disons, pour prêcher l’optimisme, qu’il y a un début à tout. Ceci dit, il appartient à chacun de nous toutes et tous de créer là où il peut une activité autour de son œuvre musicale, poétique ou théâtrale.

Votre livre est consacré globalement à l’analyse de l’un de ses chefs-d’œuvre Ffeɣ ay ajraḍ tamurt-iw” pourquoi votre choix est porté sur cette chanson et non pas sur une autre ?

Oui, disons que c’est le texte central. Au départ, je n’avais pas l’intention d’écrire un livre. Je devais me contenter d’un article sur cette chanson phare qui montre bien l’engagement anticolonial de Slimane Azem. Comme mon texte était trop long pour un article, je l’ai ettofé avec d’autres compositions.

Peut-on dire que ce chef-d’œuvreFfeɣ ay ajraḍ tamurt-iw”, qui date de 1956 qui a mis à nu la colonisation française, est valable aussi pour décrire la situation que vit actuellement la Kabylie? 

Même si les contextes sont totalement différents, on peut, en effet, lire ce “chef-d’œuvre” comme vous l’appelez à juste titre, au regard de ce qu’endure aujourd’hui le peule algérien globalement et le peuple kabyle particulièrement qui subit brutalités, minorisation, exclusion de façon récurrente. Tout le monde connait les ingérences de l’Egypte, des Emirats, de la Turquie, de l’Arabie dans les affaires algériennes. En bonne partie, la discrimination qui vise Imazighens vient de ses ingérences là. Alors oui, l’œuvre de Slimane Azem est intemporelle pour certains thèmes.

Pourquoi le pouvoir algérien depuis Ben Bella en 1962 jusqu’à l’actuel pouvoir de Tebboune, ne souhaite pas reconnaitre et honorer officiellement Slimane Azem?

Le pouvoir algérien est paranoïaque. Il n’admet pas que l’on pense en dehors de ses lignes dogmatiques et psychorigides, à plus forte raison s’il s’agit d’une personnalité kabyle influente. Slimane Azem est frappé d’ostrasisme mais le fait d’avoir introduit une de ses productions dans le programme scolaire officiel est un point qu’il ne faut pas négliger. Affaire à suivre lors même qu’il faut se garder de toute illusion.

Nous sommes en plein 43e anniversaire du printemps berbère 1980, une date repère pour tout militant berbériste. Vous étiez l’un des acteurs majeurs dans la diaspora, pouvez-vous nous dire quelques mots sur cet évènement politique majeur qu’a connu l’Algérie et si vous aviez aussi connaissance,  comment Slimane Azem avait accueilli cette révolte kabyle contre le pouvoir central d’Alger ?

Avril 1980 est en effet un moment historique. Pour la première fois depuis la décolonisation, des centaines de milliers d’Algériens sont sortis dans la rue, pendant des semaines et des mois, pour dire non au système coercitif mis en place par le tandem Ben Bella-Boukharouba. Manifester pour tamazight et pour l’instauration d’un Etat démocratique à cette époque-là, montre bien que le peuple de Kabylie avait, depuis longtemps, un grand sens des responsabilités. Ce n’était pas une gageure mais un sens du devoir, un élan libérateur d’avant-garde. Malgré une intention pacifique et constructive du mouvement, le régime algérien a choisi de répondre par la brutalité et la loi du plus fort : arrestations, humiliations, jugements à l’emporte-pièce, emprisonnement, tortures. Le droit des peuples à disposer de leur langue et de leur culture est étranger à la grammaire politique du système algérien. Celui-ci a été étouffé le désir de changement dans l’œuf. Slimane Azem a accueilli avec joie et espoir les événements de 1980. Il les a d’ailleurs célébrés dans deux ou trois compositions. En voici un exemple :

« Aqlaɣ nettɣenni nfeṛṛeḥ

Yebda ad d ittban ṣṣeḥ

Γef teqbaylit yuli wass …

Qesden-d ad tt neṣḥen tarwa-s

 

Nous voici fredonnant et joyeux

La vérité resurgit enfin

Sur la « kabylitude », le jour se lève… »

Qu’ajouter finalement sur Slimane Azem après votre ouvrage ?

Slimane Azem a transformé sa vocation artistique en capital de résilience pour lui et pour son peuple. Peu de créateurs ont suscité, comme lui, autant de passion, tant d’admiration. Légende de son vivant, l’artiste fait partie des figures prophétiques qui ont marqué le XXe siècle. Je me suis attaché, avec mon modeste livre, à faire découvrir quelques aspects de son œuvre fabuleuse. J’espère que les lecteurs apprécieront et que quelques-uns d’entre eux poursuivront ce travail.

Entretien réalisé par Farid Benmokhtar 

 

11 Commentaires

  1. Le titre du livre de Hirèche est : » Slimane Azem, Blessures et Résiliences » . On nous le présente comme comme un prophète et un héros. Moua je ne prendrai qu »un seul mot pour le qualifier :  »blessures » ! Blessures et ressentiments.

    Iben moua je suis content de ne jamais lire les préfaces et les exégèses approfondies et hautement intellectuelles quand il s’agit du rapport personnel que j’ai avec les œuvres que lis ou avec les chansons. Je préfère m’en tenir à ce que ma pauvre cervelle d’abruti peut se permettre d’interpréter. Je ne vois pas pourquoi je sortirai de ma peau de lecteur pour me mettre dans celle de l’écrivain et encore moins de celui de l’analyste qui m’explique en français ce que le poète me dit en kabyle.

    J’ai du mal a embarquer dans le cortège de compagnons qui cherchent à faire à tout prix une mythologie aux poètes qui eux n’en en jamais demandé autant. Nonobstant le fait que dans la société kabyle les poètes étaient loin d’être des idoles, ou des héros. Pas que dans la société kabyle , évidement.

    Chercher à concilier les poètes , surtout les poètes, avec leurs œuvres sans les dénaturer sans me semble une entreprise pour le moins hasardeuse, comme vouloir nous présenter Si Muhend comme un saint humaniste alors que je le classerais plutôt comme un paria misanthrope. Ce qui ne le diminue en rien en tant que poète ,bien au contraire.

    Concernant Slimane 3azem que l’on voudrait lisser pour les besoins de l’académisme ce n’est pas par Ffeɣ ay ajraḍ tamurt-iw” , que je l’aurais pris. Pas plus que par son lien affectif avec la « société » kabyle.

    Quant à tirer de son œuvre une philosophie, c’est oublier que Platon qui lui était un grand philosophe, a chassé les poètes de la cité. Sans aller jusqu’à dire que la poésie c’est au contraire de l’anti-philosophie, mais je n’y suis pas loin.

    • Tiens @ Hend, une réponse fort à propos, à ta critique : Nettsa l’ad yekkar dhelfoul; nek karghass dh’ivawen/ n’hedder m’bla lef’aoul; n’emkattar dheg messlayen/ loukane n’emsefham dh’eggoul; z’ighenna l’foul dh’ivawen.
      Bref, je pense que, pas plus que les philosophes, on ne peut catégoriser les poètes. Si, mohend umhend tout comme Baudelaire étaient des parias et misanthropes, je classerai Slimane plutôt du coté des sensibles style Lamartine.
      je persiste à penser que les deux poètes restent des références du 19ime et 20ième respectivement pour le patrimoine (linguistiques) berbère en général et kabyle en particulier pas si riches que ça.

      • Nekini, a urfan , ce n’est pas à propos du livre de Hirèche qu’on nous a présenté sous toutes ses coutures que je n’ai pas eu l’honneur de lire et qui eût sans doute mérité encore plus , que j’ai réagi , mais à l’artikl agui.

        C’est surtout aux qualificatifs de  »messager » et de  »résistant ».

        J’ai dit qu’on confondait souvent les poètes et les écrivains avec leur œuvres . Certains grands écrivains, poètes, chanteurs, musiciens, sont de mauvaises gens, pour ne pas dire des crapules carrément. Ce n’est pas le cas de Slimane 3azem, qui était bon, mais il n’y a aucune raison de le canoniser.

        Otarma, concernant Slimane 3azem, j’ai dit que je le considère comme l’un des plus grands poètes kabyles  »connus » . A la différence que Si Muhend était poète, et Slimane 3azem chanteur. Chanteur qui ne vivait pas de ses chansons car à son époque c’était comme ça. Je crois qu’il n’y a rien dans la vie de Slimane 3azem qui était un zimigri comme toua et moua de passionnant et qui méritât plus d’attention qu’on devrait en accorder à ma misérable condition.

        D’où ,peut- être, cette propension à le mythifier. Dans cet article on nous le présente comme un prophète, un théoricien , un philosophe, un idéologue, presque un guru, un résistant , un maquisard de la chanson, un chantre de de la cause amazigh ,un …..

        Moua je ne crois pas qu’il était tout cela. Car Slimane 3azem était un chanteur qui chantait ses propres textes : le plus grand chanteur kabyle, c’est indéniable et c’est déjà beaucoup. C’est parce que je pense que Slimane 3azem était surtout un troubadour, un critique, parfois satyrique, que je ne le vois pas du tout comme idéologue ,résistant,ou messager. En un mot: il était loin de porter sa kabylité en étendard.

  2. Azul aux lecteurs du « Matin d’algerie »,

    Feu Da Slimane et M. Hireche sont tous deux Kabyles : je pense qu’il faut arrêter de mêler le mot « Kabyle » à celui/ceux de « Amazigh-Berbère » : il y a tout lieu de mettre en exergue le génie Kabyle sans l’étouffer dans la sterile notion d’Amazighité.
    Par ailleurs, certains commentateurs versent ici dans des remarques et objections non-productives vis-à-vis du respectable auteur de l’œuvre présentée ici. S’ils pensent être capables de mieux faire, absolument personne ne les en empêche.

    • En clair , nous sommes forcés d’apprécier tout ce qui s’écrit ou alors il faut écrire mieux pour pouvoir critiquer? Même si je ne suis pas écrivain ou littéraire? Je devrais donc renoncer à mon propre point de vue? Je ne fais aucune offense à Hirèche en n’étant pas d’accord avec lui.

  3. Salut, les compères Hend et winna yerfane ! @urfane: Je crois que les paroles que tu as citées, netsa la d’yeqqar d’elfoul, nek eqqarghas d’ivawen traite de la division arabe-kabyle. Pour moi c’est tout à fait clair. Slimane Azem dit que nous sommes la même entité au fond entre algériens, seulement nous ne nous en rendons pas toujours compte. D’ailleurs, dans sa vie personnelle, Slimane Azem doit sa carrière à deux de ses amis algériens arabophones, Missoum et le honteusement méconnu Mohamed El-kamal. En plus de Slimane Azem, Missoum l’arabophone a « lancé » une grande partie des chanteurs kabyles les plus connus, comme Taleb Rabah, par exemple. Hélas, c’était avant l’introduction de la culture moyen-orientale en Algérie.
    Concernant Slimane Azem, je crois qu’il était le dernier grand poète kabyle, à part peut-être Mohia. Il ne faut pas oublier que pendant la génération de Slimane Azem et celles qui l’ont précédée, presque tout le monde versifiait, certains mieux et plus souvent que d’autres. Dans ma propre famille, ma mère et deux de mes cousins faisaient de très beaux poèmes, certains comiqes d’autres plus sérieux, et pourtant personne ne les considérait comme des « poètes », et eux-mêmes ne se considéraient certainement pas comme des poètes ou des artistes. Est-ce que Slimane Azem se voyait lui-même comme un représentant ou un défenseur de quelque chose? Je ne connais pas la réponse, mais mon intuition me dit que probablement non. Il exprimait ce qu’il ressentait, c’est tout à mon avis, et il le faisait de trés belle façon, dans le kabyle authentique de sa génération.
    Les poètes kabyles d’aujourd’hui me semblent composer leurs paroles dans un kabyle traduit mot à mot du français.

    • Azul a y m’dakul ,

      C’est pour ça que j’ai écrit « parmi les poètes kabyles  »connus ». » Et encore ceux qui ont assumé leurs œuvres. J’insiste sur  »kabyle » et  »connu ». Delà à en à l’élever au niveau de philosophe universel…. Comme on a ess de rapprocher  »l’autre » de Heidegger , à mon avis c’est un peu exagéré.

      Delà à en faire un chantre de l’amazighité, un messager c’est à mon avis trop poussé. Rien dans la vie de Slimane Azem ne permet de dire qu’il se prenait pour un philosophe ou un messager. Il était loin d’être dans cette posture. C’était plus un travailleur émigré qu’un chanteur au sens qu’on lui donne aujourd’hui. D’ailleurs aucun des vieux chanteurs n’a fait une salle de spectacle à son époque. Quand il lui arrivait de chanter c’était dans des cafés d’ immigrés. Comme tu l’as dit il chantait en kabyle parce qu’il était kabyle tout simplement et non pour des raisons amazyghomachin , sinon il aurait chanté cela.

      J’ai deux anecdotes à ce sujet . Et il y en a d’autres.

      J’avais une vision idolâtre de Salah Sadaoui. Un jour un copain m’avait dit que si je voulais le voir ,il tient une boutique de vente de cassettes à Barbès, un quartier parisien. J’ai été , et combien je n’ai pas été refroidi. En guise de magasin de disques et de cassette , il s’agissait d’un minuscule cagibi pas plus grand qu’un petit placard.

      Quant à Slimane Azem , on m’a rapporté qu’un jour il chantait dans un café et les immigré lui jetaient des petits billets ,les uns discrètement, les autres , plus ostensiblement. Puis  »un » lui avait tendu un gros billet en lui demandant de «  »bareher » », Slimane Azem s’est senti humilié, mais a décliné poliment. C’est dire s’il était considéré comme un messager.

      Ici on veut nier le rapport que les anciens avaient aux chanteurs et aux poètes. Pour la majorité des gens d’avant les chanteurs n’étaient rien d’autres que des amuseurs. D’ailleurs Ait Menguelet ne chante-t-il pas : « nek dameddah ur netsedhi » ?

      • Sadaoui Salah est un autre de ces chanteurs kabyles lancés dans leur carrière par l’arabophone Amraoui Missoum, et par « carrière » je veux simplement dire chanter devant des spectateurs et enregistrer des disques, sinon les chanteurs qui pouvaient vivre de leur musique se comptaient sur les doigts d’une seule main à l’époque. Je ne sais pas si tu as vu une vidéo sur YouTube d’Arezki Bouzid dans laquelle il parle de la belle amitié entre Sadaoui Salah et Dahmane El-harrachi. Il dit qu’ils étaient inséparables mais qu’ils se chamaillaient constamment et parfois en venaient aux mains ou se cassaient leurs instruments sur le crâne l’un de l’autre…et le lendemain se retrouvaient comme deux frères.
        Slimane Azem est l’un des deux seuls chanteurs/poètes que je connaisse qui pouvaient traiter d’un sujet politique ou social de façon qui résonne comme de la poésie et non comme un discours politique. L’autre est Atahualpa Yupanqui, le chanteur argentin qui a passé de nombruses années en France. Bien que je ne maîtrise pas l’espagnol parfaitement, ses paroles me vont droit au cœur.

  4. Hend Uqaci: « Je préfère m’en tenir à ce que ma pauvre cervelle d’abruti peut se permettre d’interpréter. » Alors tiens toi a ce que tu peux, car tu l’as bien reconnu. Sinon vas-y simplement rejoindre ton jounal de propagande raciste anti-kabyle et pro-issaba préféré, qu’ils appellent avec amour « algeriepatriotique » en fonction de la lourdeur de leur protefeuille et delurs comptes en banque, biensur ….

  5. Le travail de Hend Uqaci est de saper tout ce qui est kabyle. Il sait tout et patronise tout. En bon KDS docile de la Issaba il est a l’avant garde pour faire la sentinelle de tous les journaux qui mentionnent ce qui pourra deranger la junte et les dictateurs qui la vehiculent.

  6. L’orthographe de la langue française change tellement vite que je n’ai pas le temps d’assimiler ses nouveautés. Avant on écrivait étoffer, un seul « t » et deux « f », à présent c’est deux « t » et un seul « f ». Pourquoi est-ce que l’académie française ne m’a pas informé de ce changement?

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