24 novembre 2024
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Les entrepreneurs du sport et la question amazighe

Coupe arabe

L’organisation de la coupe arabe qui se tient au Qatar du 30 novembre 2021 au 18 décembre 2021 a suscité des réactions de la part de quelques mouvements contestataires berbère et kurde.

Il va s’en dire que ces contestations ne sont légitimes que pour les porteurs de telles revendications. En effet, le problème des Kurdes diffère sensiblement de celui des Amazighes.

Il faut rappeler que la population kurde est scindée par des frontières d’au moins quatre Etats: l’Irak, la Syrie, l’Iran et la Turquie alors que mis à part l’idéologie officielle, les Etats maghrébins sont constitutifs du peuplement amazigh très ancien de l’Afrique du Nord et du Sahara.

Du coup, la singularité nord-africaine ne saurait correspondre à une minorisation ethnique mais plutôt à une marginalisation linguistique voire régionale: le Rif, la Kabylie, le Djebel Nefoussa, Siouah, l’Azawad, l’Air et même les Guanches des Iles Canaries, etc. Dés lors, la particularité amazighe résulte d’une inextricable géopolitique des rapports entre l’Orient et l’Occident qui a réduit l’Afrique du Nord en simple échiquier des stratèges militaires et politiques.

Ainsi l’insertion de l’Afrique du Nord et l’arrière pays saharien dans le conglomérat « arabe » est le prix à payer de la Reconquista espagnole de l’Andalousie qui rappelons a été le théâtre des premières rivalités entre les « Arabes » et les « Berbères ». Sauf que le refus d’Ighomorassan le Zianide de s’approprier la généalogie arabe pour asseoir son pouvoir politique est un marqueur invalidant l’offre inaugurale des premiers chefs de tribus libyennes qui quant à eux se sont désignés selon les symboles de l’Islam conquérant pour protéger leurx biens et sauvegarder leur statut social.

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Ainsi, l’histoire nous rappelle sans cesse la mésaventure de l’Etre amazigh. Certainement c’est dans ce cadre, qu’il faut appréhender le problème de l’identité nord-africaine et saharienne. Et ce n’est pas un hasard que les Arabes se distinguent des Nord-africains en les appelant les Berbères. Encore une fois c’est par le truchement de l’histoire que nous rappelons l’épisode de ce lettré amazigh considéré comme nationaliste berbère dont les « Maffakhir al Barbar » font l’écho.

On ne saurait traiter du Devenir amazigh par de simples évocations historique mais il semble que l’histoire se répète au point qu’aujourd’hui la vivification de la culture des Autochtones suscite d’amples mouvements de réappropriation de l’identité amazighe.

Des mouvements culturels et politiques d’un ampleur inégalée occupent le terrain de la revendication dans les six pays du Maghreb et les zones adjacentes à cet ensemble, l’Egypte, le Sahel et les Iles Canaries. Pour revenir au rejet de la dénomination de la coupe des « pays arabes » il faut bien admettre que l’idéologie panarabe est dépassée pour laisser place au réalisme capitaliste des monarchies du Golfe.

Aujourd’hui, on en est loin des grandes kermesses de la « Ligue arabe » tant les divergences politiques se sont accentuées entre les différentes régimes. Si la pluralité ethnique est quelque chose de visible dans ce groupement multiforme qui regroupe aussi bien des Asiatiques et des Africains, il va s’en dire que ni le Moyen-Orient ni l’Afrique ne constituent une unité ethnique, linguistique et politique.

Autrement dit, la supercherie idéologique du panarabisme s’est transformée d’elle en tromperie aux yeux des populations du Moyen-Orient et d’Afrique. D’ailleurs, l’Histoire témoigne de l’ampleur de la médisance des élites envers l’obscurantisme de l’Arabie heureuse.

Une fois dit cela, l’Islam comme religion a fortement contribué à réduire les écarts de langage pour faire participer ces mêmes élites malveillantes à certain égard à la grandeur de l’Islam. Et c’est précisément cette nouvelle stratégie que déploient les monarchies des pays du Golfe pour pallier à la faillite de l’idéologie panarabiste.

Pris dans l’écueil de la défaite de 1967 et certainement de l’invasion américaine de l’Irak, et la pression politique des populations; les monarchies du Golfe ont entamé leur mue par l’impact médiatique pour s’accaparer non plus la masse « arabe » mais un public.

Ce coup de maître médiatique est à mettre à l’actif de la chaine Al Jazeera qui a su attirer vers elle les téléspectateurs à la recherche d’une autre voix que celle des médias internationaux.

Cette mise sur la marché de la communication par Al Jazeera d’une autre voix contribua à étendre le domaine d’intervention des monarchies du Golfe. Le rôle non négligeable des fonds souverains contribua à donner une assise financière aux nouveaux entrepreneurs du sport pour étendre leur champ d’intervention, non seulement au niveau économique (Participation capitalistique dans des grandes multinationales) et médiatique mais également en investissant dans le sport roi.

Comme les fonds de pension américains à la recherche d’une meilleure rentabilité financière, les fonds souverains des monarchies du golfe ont investi massivement dans le football. En France et en Angleterre de grands clubs sont la propriétaires du Qatar, des Emirat arabes unis et de l’Arabie saoudite qui vient justement d’acquérir le club anglais de Newcastle.

Ainsi c’est dans la logique des choses que le Qatar s’est vu attribué à coup de millions de dollars l’organisation de la coupe du monde. Tenté par une expérimentation organisationnelle et technologique comme prélude à la prochaine coupe du monde, le Qatar offre du spectacle au lieu de la mobilisation des masses pour assouvir la frustration du public.

En effet, les stratèges du marketing savent faire pour rassembler des milliers de personnes dans des gradins qui sont souvent vides dans les championnat des monarchies du golfe en les faisant venir pour la plupart du Nord de l’Afrique. De ce fait, le coup de maître du Qatar est la mobilisation du public qui fait étrangement défaut dans son championnat. Etrange! même dans la politique, il n’y a plus de masse mais du public.

Ce à quoi la revendication des Berbéristes semble inadéquate par rapport aux énormes enjeux économiques et financiers dans le football qui reste une des meilleures affiches de la société du spectacle.

Fatah Hamitouche

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