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vendredi 12 septembre 2025
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Harga d’Adlane et de ses amis : témérité adolescente et vide estival

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Ils étaient sept, à peine sortis de l’enfance, à prendre la mer sur une embarcation volée, a partir de la cité balnéaire Tamentfoust (ex-La Pérouse), à l’est d’Alger. Parmi eux, Adlane, le plus jeune (14 ans), dont le visage circule désormais sur les réseaux sociaux.

Leur objectif : rallier l’Espagne, happés par l’attrait d’un « ailleurs » qui semble à leurs yeux plus prometteur que leur quotidien. Un geste à la fois téméraire et tragique, qui interroge la société algérienne bien au-delà de l’émotion immédiate.

Un départ qui dit le vide

La traversée clandestine, ou harga, est depuis plusieurs années un phénomène récurrent dont les causes sont suffisamment interrogées et documentées par les médias et les spécialistes. Mais que des mineurs se lancent en pleine saison estivale révèle autre chose qu’un simple désir d’exil : la pression d’un vide existentiel. L’été, censé être une parenthèse de loisirs et de découvertes, se transforme pour beaucoup en une longue période d’oisiveté. Le manque d’activités encadrées, l’absence d’espaces d’expression et de distraction transforment l’ennui en sentiment d’impasse.

Des politiques publiques en échec

Ce drame met en lumière les insuffisances d’une politique de la jeunesse réduite à des slogans. Où sont les maisons de jeunes censées accueillir, orienter, encadrer ? Où sont les structures étatiques capables d’organiser colonies de vacances, excursions, ou programmes culturels qui offriraient aux adolescents un exutoire et un sens de la découverte ? Faute d’initiatives, certaines associations qui tentaient de pallier ce manque se sont vues entravées, interdites même d’organiser des sorties.

Pendant ce temps, le ministère de la Jeunesse, dirigé par un responsable davantage préoccupé à flatter un président en manque de popularité qu’à répondre aux attentes de la jeunesse, s’épuise dans un discours patriotique figé, loin des besoins concrets d’une génération en quête de projets, de créativité et de reconnaissance.

Une offre de loisirs défaillante

La conséquence est visible : au cœur des quartiers, les rares alternatives estivales prennent souvent la forme d’écoles coraniques improvisées. Rien de répréhensible en soi, mais ces structures répondent davantage à une promesse spirituelle qu’à un véritable besoin d’évasion ludique ou éducative. La promesse du paradis remplace ainsi les joies de l’été, accentuant le fossé entre les aspirations des jeunes et la réalité qui leur est proposée.

Confrontés à ce manque d’horizons, nombre de jeunes se laissent séduire par le mirage d’un « ailleurs » qui, par le truchement des réseaux sociaux, s’impose comme un refuge, où l’herbe semble toujours plus verte qu’ici.

Un ailleurs décrit comme plus clément  que leur monde, alors que leur propre réalité les étreint, semblable à une camisole de force.

Ni héros ni martyrs

 Ériger Adlane et ses compagnons en symboles de bravoure serait trompeur et illusoire. Ils ne sont ni héros ni délinquants, mais les auteurs d’un geste impulsif qui aurait pu leur coûter la vie, souligne un internaute sur Facebook. Leur aventure, ajoute-t-il, dépasse la question des frontières : elle révèle avant tout les failles éducatives, sociales et culturelles du pays. La surveillance maritime, si nécessaire soit-elle, ne suffira pas ; seule une politique ambitieuse des loisirs, de l’éducation et de la participation citoyenne pourra offrir un véritable horizon.

La « harga » d’Adlane et de ses amis n’est pas une évasion glorieuse. C’est un signal d’alarme sur l’incapacité des pouvoirs publics à offrir un horizon à leur jeunesse. Le bonheur ne se trouve pas uniquement « là-bas », mais il ne naîtra pas non plus dans le vide laissé ici.

Samia Naït Iqbal

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1 COMMENTAIRE

  1. Dans tout pays qui se respecte, cette tragédie aurait donné lieu à une démission collective de tout le gouvernement et à sa tête le président. Au Japon, il n’est pas impossible que l’empereur fasse harakiri. En Algérie? La qawa dhariba reste imperturbable et sourde aux appels au secours des citoyens et des jeune surtout qui ne rêvent que de harga. Cette tragédie est le symbole même du bilan de Tebboune.

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