29 mars 2024
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Héliocentrisme et géocentrisme, les têtes tournent et s’échauffent (I)

Univers

Dans cette série de l’été nous aborderons aujourd’hui l’un des contentieux les plus violents entre la science et l’Eglise. L’héliocentrisme est venu heurter frontalement la notion du géocentrisme, une doctrine rigoureuse de l’Eglise durant près de 1500 ans. Un débat explosif qui verra triompher la science contre l’obscurantisme, après qu’elle en aura payé un lourd tribut.

Avec la grande période des découvertes qui débutèrent au XVème siècle s’ouvre une épopée nouvelle de l’humanité dont les bases de la connaissance scientifique sont à l’origine de son gigantesque bond dans la modernité que nous héritons aujourd’hui.

Mais l’Europe venait de traverser un millénaire et demi sous une domination conservatrice de l’Eglise. Celle-ci n’était pas prête à laisser échapper si facilement, au profit d’une supposée science nouvelle, le pouvoir de ses doctrines et de son influence sans concession sur les consciences, y compris celles des puissants souverains.

Que des esprits maléfiques, pénétrés par des idées démoniaques et iconoclastes, puissent remettre en cause le corpus des dogmes de l’Eglise, était insupportable pour les autorités du clergé.

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Le géocentrisme est l’idée que tous les astres du ciel tournent autour de la terre qui est le centre de l’univers (Gê, devenu géo en français, est le mot grec pour nommer la terre). L’héliocentrisme est la théorie inverse, la terre tourne autour du soleil qui devient le centre de notre univers proche (Hélios étant le dieu grec de la lumière, du soleil).

L’héliocentrisme est aujourd’hui une donnée irréfutable de la science. Et pourtant, c’est un long et difficile chemin qu’elle a emprunté pour installer cette vérité dans les esprits.

Je ne suis absolument pas concerné par le débat de la foi, mon opinion est libre. Mais par l’histoire de l’humanité, comme tout être pensant, et cette histoire que nous allons revoir ensemble est l’un des obscurantismes les plus néfastes.

Les Grecs, pour une fois, ce n’étaient pas eux

Non, ils ne sont pas ceux qui ont promu l’idée de l’héliocentrisme et ne l’ont par conséquent pas prouvé. Les astronomes de la civilisation hellénique expliquaient le ciel par le géocentrisme, notamment celui que retient la mémoire collective, le modèle d’Aristote.

Plus tard, combiné avec celui de Ptolémée qui le confirme au Moyen-âge, ces deux savants seront la référence historique et doctrinale du géocentrisme. Nous le verrons.

Mais une idée rare allait tout de même poindre, la terre tournerait autour du soleil et pas l’inverse. Ainsi, selon les informations rapportées par Archimède, Aristarque de Samos, un philosophe (encore !) aurait émis, au IVème siècle av. JC, l’idée que la terre tournait autour du soleil. Cependant, il n’apporta aucune preuve.

Et voilà que fera suite à ce merveilleux contexte de l’intelligence humaine dans l’antiquité, une gigantesque éclipse qui s’abattît sur l’humanité et la fera entrer pendant des siècles dans les plus profonds des ténèbres, le Moyen-âge.

La Bible, point central de la controverse

Le mot controverse n’est pas exactement celui qui convient car il n’y a pas réellement eu un débat. Le Moyen-âge est, malgré certaines nuances que nous avions déjà rappelées comme celui de la « terre ronde », une entrée dans un long tunnel de rigorisme religieux qui effaça les apports des grandes civilisations passées, particulièrement dans la compréhension du ciel.

La position de l’Eglise était simple et tranchée, aucune science ne pouvait contredire la vérité révélée par la Bible dans son préliminaire de la Genèse, connu de tous et dont je ne reproduirai qu’un extrait.

Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.

La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme, et l’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux.

Dieu dit : Que la lumière soit! Et la lumière fut.

Dieu vit que la lumière était bonne; et Dieu sépara la lumière d’avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour, et il appela les ténèbres nuit. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin : ce fut le premier jour…/…

Pour l’Eglise, s’écarter de l’interprétation à la « lettre » du texte de la Bible était un sacrilège contre l’Éternel car dans ce texte se trouvait la confirmation de sa vérité sur le ciel. Il ne pouvait y avoir d’autres conceptions que celle conçue par son œuvre, se situant inévitablement au centre du monde auquel il a rajouté la lumière pour l’éclairer le jour. Le soleil n’est ainsi qu’une commodité de lumière apportée à la terre comme le seront les eaux.

Les Grecs, tout autant en dévotion envers leurs dieux, estimaient que comprendre leur domaine, le ciel, était les honorer et se rapprocher d’eux. La connaissance et la résolution des mystères célestes était un effort de compréhension et d’humilité afin de mieux faire dans leur quotidien, en conformité avec les souhaits des dieux car la connaissance de ce monde divin était un chemin de salut.

Avec le Moyen-âge, la messe était dite, circulez, il n’y a rien à dire, à rechercher ou à discuter. Le protestantisme, par Luther et Calvin, que beaucoup pensent être imprégné d’un libéralisme plus éclairé (grossière erreur sur la signification du nom), sera encore plus farouchement opposé à toute contradiction (ou doute de contradiction) avec les écrits de la Bible.

Pour eux comme pour les catholiques, c’était un blasphème, un sacrilège que celui d’affirmer que le soleil était immobile. La Bible ne raconte-t-elle pas que l’Eternel avait aidé Josué à vaincre ses ennemis en « arrêtant le soleil » ? Ainsi, si le soleil fut arrêté, c’est qu’il était en mouvement (autour de la terre).

À suivre.

Boumédiene  Sid Lakhdar, enseignant

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