Le 12 août 2009, la musique chaoui perdait l’une de ses voix les plus emblématiques : Ali Nasri, alias Katchou, disparu tragiquement dans un accident de la circulation à Aïn Touta, près de Batna, à seulement 46 ans. Né à Condorsi, il avait grandi au cœur des Aurès, là où ses racines culturelles nourrissaient une musique à la fois intime et universelle.
Dans les années 1980, il fait vibrer le public avec Agoujil (L’Orphelin) au sein de la troupe Thaziri, avant de lancer ses succès solo Babor Irouh et Nouara. Ses albums en chaoui — Ammine A Nouara, Hadda Lala, Mettoussa, Ahna Chaouia — témoignent d’un artiste profondément attaché à son identité, capable d’éveiller émotion et fierté dans chaque foyer algérien.
Dans une décennie difficile pour le pays, les années 1990, Katchou égaya les cœurs aux côtés de grands artistes comme Kamel Messaoudi et Cheb Hasni, portant haut la voix de l’Aurès sur les scènes nationales et internationales. Il était sur les pas du légendaire Aïssa Djermouni qui avait fait vibrer la scène de L’Olympia avant bien des chanteurs d’Afrique du Nord.
Son nom, dérivé du mot « caché », révèle la profondeur et la sensibilité de son univers artistique. Passionné par son territoire, il initia un projet de tourisme environnemental avec le parc national de Belezma, alliant musique et patrimoine naturel.
Aujourd’hui, seize ans après sa disparition, Katchou continue de résonner dans nos cœurs, un passeur de mémoire, une voix chaoui intemporelle qui inspire toujours admiration et émotion.
Djamal Guettala