Hommage à Martigues aux victimes des massacres de mai 1945

Le 8 mai 2025, à Martigues, une stèle a été inaugurée en mémoire des Algériens tués lors des massacres de 1945 dans le Constantinois. Un geste symbolique, certes, mais qui met en lumière une mémoire longtemps enfouie. Cette cérémonie, marquée par la présence du maire Gaby Charroux, des représentants algériens et de nombreux témoins, a été l’occasion de revenir sur un épisode tragique qui a duré plusieurs semaines en mai et juin 1945.

Les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, souvent ignorés ou minimisés, continuent de hanter la mémoire collective. Ils rappellent la brutalité du système colonial français, où des milliers de civils algériens ont perdu la vie à la suite d’une répression féroce d’un mouvement populaire réclamant plus de libertés et de dignité.

En ce 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Martigues semble avoir pris une petite revanche sur l’oubli officiel.

À l’occasion de cet hommage, le maire de Martigues a exprimé son souhait que « cette mémoire ne soit plus ignorée, que justice soit rendue à ces victimes ». Un discours empreint de bonnes intentions, mais qui rappelle aussi la lente prise de conscience en France autour de la question coloniale. En effet, ce n’est qu’au cours des dernières décennies que les autorités françaises, sous pression des associations et de la société civile, ont commencé à reconnaître certains des crimes commis durant la colonisation.

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Cependant, cette reconnaissance a encore bien des limites. Si Martigues a rendu hommage aux victimes algériennes de 1945, il ne faut pas oublier qu’une grande partie de l’histoire coloniale reste encore taboue dans les manuels scolaires français. L’éducation à la mémoire coloniale, qui reste superficielle dans les programmes scolaires, montre la distance entre des gestes comme celui de Martigues et une véritable réconciliation historique.

Salah Bougris, un témoin présent lors de la cérémonie, a rappelé à quel point cet hommage était important pour les générations actuelles : « Nous sommes ici pour nos ancêtres, mais aussi pour que nos enfants comprennent la réalité de notre histoire. » Sabrina Kerrouzi, elle aussi présente à la commémoration, a insisté sur un point crucial : « Ce moment historique doit faire partie de l’enseignement des jeunes générations, c’est un devoir de mémoire pour que ces traumatismes ne se répètent jamais. »

Pourtant, la France peine encore à aborder cette question de manière sérieuse. La reconnaissance officielle des massacres de mai 1945 a été lente, et la plupart des responsables n’ont jamais été jugés. Un silence qui perdure, malgré les avancées récentes en matière de mémoire, comme celle d’un président français qui a, timidement, reconnu certains crimes de guerre. Mais la mémoire collective des Algériens, et des Français d’origine algérienne, semble toujours être en décalage avec celle de l’État français.

La cérémonie à Martigues s’est conclue par l’hymne national algérien, Kassaman, repris en chœur par les participants, symbolisant un moment de fraternité entre les peuples, mais aussi l’espoir d’une meilleure reconnaissance de l’histoire partagée.

L’hommage rendu à Martigues ne doit pas se contenter d’être un geste symbolique, il doit être l’amorce d’un débat plus large sur la réconciliation entre la France et l’Algérie, sur la reconnaissance de la souffrance des victimes, et sur la manière dont l’histoire coloniale est enseignée en France. Le chemin reste encore long

Djamal Guettala 

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