– Je ne sais pas encore à Nna Aldjia… mes trois enfants bossent durs…
– Mais, mais…
Elle n’ose pas lui demander pourquoi il avait décidé de rester aussi longtemps. Son regard triste ne présageait rien de bon.
– Oui je sais ce que tu penses, mais c’est contre ma volonté que je suis contraint de rester, lui dit-il, avant de lui raconter ses déboires à l’aéroport.
Compatissante, Aldjia ne retient pas ses larmes tout en poussant un cri d’indignation :
– A amxix iw ! (Quel malheur !) s’exclame-t-elle. En tout cas, si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas à tous nous solliciter. Nous n’oublions pas ce que tu as fait pour nous, à la disparition de ton frère. Mes enfants te considèrent comme leur père, tu le sais bien.
Trois jours sont passés. Rattrapé par ses problèmes d’insomnie, il n’a pas réussi à fermer l’œil depuis ce matin funeste à l’aéroport. L’air de la montagne n’y a rien changé.
La peur de sombrer dans une dépression fatale le fait réagir. Il sollicite Omar, un neveu, pour l’emmener consulter le médecin le plus proche, à Larbaâ.
– Je connais mon traitement, docteur. J’ai gardé une ancienne ordonnance sur mon iPhone. La voici !
Le médecin la consulte attentivement.
– La plupart de ces médicaments n’existent pas en Algérie, assène-t-il, se dépêchant de le rassurer : – « mais je peux vous prescrire des équivalents ».
– C’est vous qui savez docteur.
– En revanche, je sais qu’ils ne sont pas disponibles à Larbaâ. Il faut descendre à Tizi ou Alger.
Omar propose tout de go de s’en occuper.
– Ok, je viens avec toi. Peut-être réussirai-je à m’assoupir un peu avec le bercement de la voiture.
Une demi-heure plus tard, c’est la tournée des pharmaciens de Tizi. Aucune ne possède les traitements en question. Ils peuvent bien les commander mais sachant que c’est la veille du week-end, ils ne les recevraient pas avant cinq, voire six jours, leur a-t-on dit.
Il se fait tard, mais à Alger, il y a toujours des pharmacies de garde. Omar prend l’initiative :
– On y va à Dada !
Il est 21 h. Pour trouver ces pharmacies, il n’y a pas d’autre choix que de faire le tour des rues de la capitale, à la recherche du sigle vert clignotant. La recherche sur Google n’indique rien… (à suivre).
Kacem Madani