23 avril 2024
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La confiance ne se décrète pas, elle se construit …

REGARD

La confiance ne se décrète pas, elle se construit …

La confiance ne se décrète pas, elle se construit …Si nous voulons qu’ils arrêtent de « nous prendre pour des cons », il faut cesser de prendre tout ce qu’ils nous disent pour de l’argent comptant. Non, la confiance ne se décrète pas, oui elle se construit » Michel Ghazal

La coexistence de la misère et de l’abondance devient chaque jour plus intolérante et l’on assiste à des pressions de plus en plus fortes à des revendications visant à une redistribution plus égalitaire des revenus. Des populations se sentant abandonnées à elles-mêmes, n’ont plus aucun intérêt à l’Etat.

Le pouvoir ne leur apparaît plus légitime, il ne satisfait pas à leurs besoins. La promesse d’un développement égalitaire pour tous n’a pas été tenue parce que les ressources du pays ont été dilapidées dans des projets grandioses sans impact sur la création d’emplois productifs durables et sur le développement de l’économie.

La consommation devient ostentatoire, signe de distinction de classe, tous sont malades de l’argent, tous finalement regardent vers les revenus pétroliers et gaziers pour étancher cette soif.

Longtemps sevrés par la colonisation, les algériens mettent désormais les bouchées doubles. La richesse distribuée ne craint pas de se montrer au grand jour tandis que les inégalités sociales s’accroissent. La corruption et la mauvaise gestion des ressources conduisent la majorité de la population à un appauvrissement certain. La richesse facile semble être le chemin assuré vers l’échec des politiques menées à l’abri des baïonnettes.

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Malheureusement, les discours ont peu d’effet puisqu’on a pris l’habitude de consommer sans produire, de dépenser sans compter, de gérer sans rendre compte, de gouverner sans la participation pleine et entière des larges couches de la population. Le boom pétrolier qu’a connu l’Algérie illustre parfaitement la cohabitation entre la permanence d’une misère morale endémique et l’existence de ressources financières abondantes. Le prix élevé du pétrole a structurellement pour effet pervers de perpétuer à l’infini le système mis en place. 

Dès qu’il y a une baisse de prix, le régime se met à vaciller et à paniquer. Un système gouverné par des élites occupées à leur plan de carrière et après nous le déluge. Un système opaque, injuste et improductif qui n’a de compte à rendre à personne même pas à lui-même. Un système que les élites n’arrivent pas à le maintenir en érection malgré tous les efforts d’imagination déployés Un système conçu à l’ombre de la guerre de libération et mis en pratique par les hommes sortis de l’ombre.

Un système qui a l’art et la manière de faire marcher les chiens debout et les hommes à quatre pattes. Evidemment, quand les chiens s’attablent autour d’un méchoui, les hommes n’ont même pas droit aux os. Un chien reste un chien même avec une queue en or.

Mais au fait, ce méchoui : est-ce de l’agneau ou … du marcassin ?  Qu’importe, dirons certains, l’essentiel est « faites-nous vivre aujourd’hui et jetez-nous dans l’enfer demain » et la réponse ne s’est pas fait attendre, c’est d’injecter massivement et à forte dose de l’argent facile à travers des réseaux occultes et mouvants gangrénant l’ensemble du corps social même dans ses compartiments les plus reculés. Peut-il en être autrement ? Evidemment non, personne n’a intérêt à mordre la main qui le nourrit même si elle est pourrie ? 

C’est pourquoi, la main qui «donne !!! » est toujours supérieure à celle qui reçoit, c’est donc elle qui dirige. Grâce au pétrole, l’argent facile coule à flots, les hommes ne sont pour rien dans cette abondance, à la fois illusoire et éphémère. L’adoration de l’argent ’est la religion la plus répandue, elle prospère sous tous les cieux et à travers toute la planète. Elle concerne toute l’humanité. Toutes les religions sont confrontées à ce problème (christianisme, judaïsme, islam, indouisme, bouddhisme, satanisme, athéisme), Elle touche le plus jeune qui s’identifie à la marque de la chaussure qu’il porte au vieux qui désire rajeunir grâce aux médicaments qu’il achète et à la chirurgie esthétique qu’il s’inflige.

Même la mort a été médicalisée par l’argent.  La publicité à travers les moyens de communication (télévisions, téléphone, radios, internet etc..) nous bombarde vingt-quatre sur vingt-quatre, trente jours sur trente, achetez ceci, mangez cela est vous serez heureux. Le bonheur est à portée de votre porte-monnaie.

Devant ce matraquage des cerveaux et face à l’emprise de l’argent sur les individus et sur la société, la religion est devenue vide, ou tout au plus un rituel et du folklore ; nous disons des mots que nous ne comprenons pas le sens profond, nous faisons des mouvements sans savoir dans quel but ils sont tendus, nous suivons le mouvement d’ensemble, tandis que le corps s’incline au regard des autres, le cœur caché reste droit et l’esprit versatile vagabonde dans ce bas monde.

Plus nous avons de l’argent et plus nous en voulons.  Il y a semble-t-il une relation inversement proportionnelle entre le niveau de prix du brut et le niveau de liberté des peuples. Nous n’emportons pas avec nous les richesses acquises mais les crimes commis pour les acquérir.

Nous pouvons faire taire notre conscience, nous pouvons échapper au filet de la loi, mais nous ne pouvons pas éviter le châtiment divin. La richesse matérielle extérieure nous aveugle, la richesse spirituelle intérieure nous échappe.

Nous avons des yeux mais nous ne voyons pas ; nous avons  des oreilles mais nous n’entendons pas ; nous avons un cerveau mais nous nous n’en servons pas, nous avons un cœur mais nous ne ressentons  plus  rien ; nous disposons d’une carte mais nous ne la consultons pas, nous avons un guide mais nous ne le suivons pas. Nous fuyons la vérité et nous nous précipitons  vers le mensonge. « les  plus grands ennemis de la vérité, ce ne sont pas nos mensonges mais nos certitudes » nous dit Nietzsche

 

Auteur
Dr A. Boumezrag

 




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