La Cour de M’sila a décidé, ce lundi 10 mars 2025, de maintenir la mesure de contrôle judiciaire prononcée le 24 février par le tribunal de la même ville contre de Messaoud Boudiba et de son collègue Boubekeur Habet, respectivement coordinateur national et secrétaire général du Cnapeste.

Cette décision s’accompagne de plusieurs restrictions : l’obligation pour les deux syndicalistes de se présenter deux fois par semaine devant le juge d’instruction, l’interdiction de faire des déclarations à la presse, de publier sur les réseaux sociaux et de participer à toute activité publique. En clair, les autorités ont acté la mort syndicales de ces deux responsables du Cnapeste.

Réactions et condamnations

Cette décision a suscité de vives réactions dans les milieux syndicaux et politiques.

Youcef Taazibt, membre du Parti des travailleurs (PT), a dénoncé, sur don réseau social Facebook,  une « injustice flagrante » et un « précédent dangereux » pour l’ensemble des syndicats. Il a plaidé pour « la levée immédiate de ces mesures liberticides », estimant que « les libertés syndicales et le droit de grève sont des piliers de l’ordre social. Restreindre ces droits, c’est ouvrir la voie au désordre. »

De son côté, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a condamné avec fermeté cette décision, y voyant une « énième tentative d’intimidation judiciaire contre les militants syndicaux ». Dans un communiqué publié sur Facebook, le parti a estimé que « criminaliser l’action syndicale constitue une violation flagrante des libertés fondamentales garanties par la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie ».

Le RCD a réaffirmé son soutien aux syndicalistes et exigé « l’abandon immédiat et inconditionnel des poursuites engagées contre Messaoud Boudiba, Boubekeur Habet et l’ensemble des militants syndicaux injustement poursuivis en justice ». Le parti a également appelé à « un dialogue social sincère avec les représentants syndicaux pour répondre aux revendications légitimes des enseignants et des travailleurs de tous les secteurs ».

Atmane Mazouz, président du RCD, a lancé un appel aux « forces démocratiques, aux organisations de la société civile et aux citoyens épris de justice » pour se mobiliser en faveur des libertés syndicales et contre les pressions exercées sur les militants engagés.

Pour rappel, Messaoud Boudiba et Boubekeur Habet ont été arrêtés le lundi 24 février 2025 à Hammam Dalaa, dans la wilaya de M’Sila, alors qu’ils s’apprêtaient à participer à un sit-in national. Ce mouvement de protestation, initié par quatre syndicats de l’éducation, visait à contester le nouveau statut particulier et le régime indemnitaire publiés en janvier au Journal officiel.

Relâchés quelques heures après leur arrestation, les deux syndicalistes ont été présentés devant le magistrat instructeur du tribunal de M’sila, qui a ordonné leur placement sous contrôle judiciaire.

Cette affaire s’inscrit dans un climat social tendu, marqué par une multiplication des revendications syndicales et des restrictions croissantes sur les libertés d’expression et de mobilisation en Algérie.

Samia Naït Iqbal

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