La culture est par essence ouverture, dialogue, exploration de l’inconnu. Elle permet à une société de se regarder en face, d’interroger ses failles, ses grandeurs et ses contradictions. Mais lorsque l’obscurantisme s’en empare, elle devient un instrument de propagande ou un simple folklore neutralisé, vidé de sa force subversive.
Les livres sont interdits, les artistes diabolisés, les penseurs muselés. La diversité des voix est remplacée par une voix unique, répétée en boucle, qui impose ses vérités et réduit au silence tout ce qui dérange.
Or, l’histoire nous enseigne que chaque fois que la culture a été enchaînée par l’obscurantisme, c’est la société entière qui a reculé. Ce n’est pas seulement l’art qui s’éteint, mais aussi la capacité de rêver, de créer, de s’inventer un avenir différent. Quand on interdit un poème, ce n’est pas seulement un texte qu’on condamne : c’est une pensée qu’on tue. Quand on bâillonne un chanteur, ce n’est pas une voix qu’on éteint : c’est un peuple qu’on prive de résonance.
Mais la culture, telle une rivière souterraine, trouve toujours des fissures pour ressurgir. Même dans les périodes les plus sombres, elle s’infiltre dans les marges, elle se transmet en secret, elle invente des langages codés pour survivre. Elle sait que son rôle n’est pas d’obéir mais de troubler, d’éclairer, de libérer.
La question demeure : voulons-nous d’une culture docile, encagée dans l’obscurantisme, ou d’une culture vivante, qui éclaire nos doutes, bouscule nos certitudes et nourrit notre humanité ? Car, en vérité, une société qui étouffe sa culture signe elle-même son arrêt de mort intellectuel et moral.
L’obscurantisme croit protéger, mais il détruit. La culture, elle, inquiète parfois, dérange souvent, mais c’est elle seule qui fait vivre la lumière.
Le fanatisme n’a jamais cessé de hanter la culture. Il la guette, l’entrave, l’étouffe dès qu’elle ose s’émanciper de ses carcans. Là où la pensée critique devrait fleurir, là où la création devrait circuler librement, surgissent les dogmes, les interdits, les censures qui prétendent protéger l’« âme » d’une société, alors qu’ils ne font que l’empoisonner.
Toujours tapi dans l’ombre, l’obscurantisme n’a jamais cessé de guetter la culture. Il avance masqué, sous les habits du dogme, du conformisme ou d’une morale étroite. Son arme favorite n’est pas la force brute, mais l’étouffement : étouffer les voix libres, ralentir la diffusion du savoir, discréditer l’esprit critique.
Quand la culture dérange les obscurantistes, tous les moyens sont bons pour sa mise en berne » évoque un phénomène complexe et puissant : la tension entre la culture en tant que force d’éclairage, de progrès et de liberté, et l’obscurantisme, qui représente la résistance à la connaissance, à la pensée critique et au changement.
Définition et opposition entre culture et obscurantisme
La culture regroupe l’ensemble des connaissances, des arts, des traditions et des valeurs transmises et partagées, qui contribuent à l’épanouissement intellectuel, social et personnel. Elle est intrinsèquement liée à la liberté d’expression, à la diversité des idées et à la capacité de questionner l’ordre établi. La culture, elle, respire par la diversité, l’échange et l’ouverture.
Chaque livre lu, chaque idée débattue, chaque œuvre créée est une brèche dans la muraille que dressent les gardiens du silence. C’est pourquoi l’obscurantisme cherche toujours à la dompter, à la réduire en folklore inoffensif ou à la censurer au nom d’une prétendue pureté
À l’opposé, l’obscurantisme se caractérise par le rejet de la raison, le refus du savoir, et souvent un rejet des faits ou des idées qui remettent en cause des croyances ou des dogmes. Il cherche à maintenir l’ignorance par peur, intérêt, ou conservatisme.
Mais la culture, aussi fragile qu’une flamme, possède la puissance de l’incendie. Elle survit aux censures, contourne les interdits et renaît toujours de ses cendres. Chaque poème récité en cachette, chaque manuscrit interdit circulant sous le manteau, chaque parole libérée est une victoire contre les ténèbres.
Pourquoi la culture dérange-t-elle les obscurantistes ?
La culture, par son essence, menace l’obscurantisme car elle incite à la réflexion, à la pensée critique et à l’ouverture d’esprit. Elle expose aux différences, au dialogue, et au changement, autant d’éléments perçus comme dangereux par ceux qui veulent préserver un pouvoir basé sur la peur, l’ignorance, ou la conformité.
Ainsi, la culture devient un enjeu politique et social crucial : ceux qui détiennent le pouvoir ou veulent le conserver peuvent voir dans la diffusion culturelle un risque pour leur autorité.
Les moyens pour mettre la culture en berne
Lorsque la culture dérange, les obscurantistes peuvent utiliser plusieurs stratégies pour la freiner ou la contrôler :
Censure et contrôle de l’information : interdiction, suppression, ou manipulation des œuvres artistiques, littéraires, et des médias éducatifs.
Propagande et désinformation : diffuser des idées manipulées pour décrédibiliser le savoir et orienter les consciences.
Violence symbolique ou physique : intimidation, persécution, voire destruction d’œuvres et d’institutions culturelles.
Instrumentalisation des peurs : attiser les tensions sociales en opposant les cultures entre elles pour diviser et bloquer le dialogue.
Répression des intellectuels et des artistes : empêcher les penseurs et créateurs d’exercer librement leur métier.
La mise en berne de la culture entraîne un appauvrissement intellectuel et social. Elle limite la liberté, fige les mentalités et peut conduire à des sociétés plus autoritaires, moins innovantes, et plus fragiles face aux défis.
La lutte entre culture et obscurantisme est permanente et se manifeste différemment selon les contextes historiques et géographiques. La vigilance et le soutien à la culture sont essentiels pour préserver un espace de liberté, d’échange et de progrès.
En somme, la culture, qui apporte lumière et connaissance, est perçue comme une menace par les obscurantistes, atteints d’une cécité intellectuelle incurable, ne reculent devant aucun moyen pour la réduire au silence ou la contenir.
Bachir Djaïder
Journaliste, écrivain