AccueilIdéeLa destruction de l’éducation nationale en Algérie triplement touchée depuis 2003.

La destruction de l’éducation nationale en Algérie triplement touchée depuis 2003.

Des élèves ont marché dans plusieurs Wilayas

La destruction de l’éducation nationale en Algérie triplement touchée depuis 2003.

Les années se suivent et se ressemblent dans l’éducation soient :
– Par les grèves répétitives pour les mêmes revendications
– Par l’augmentation de la violence à l’intérieur comme à l’extérieur
– Par la montée de tricherie et de corruption dans l’école publique
– Par l’incompétence des encadreurs qui gèrent les établissements, les académies et le ministère.
– Par la ruée vers les cours particuliers et leurs crédibilités par rapport à ceux de l’école publique.
– Par l’atteinte à la crédibilité du baccalauréat.
Nous nous sommes toujours inquiétés sur le projet de destruction de l’éducation nationale, et cela, depuis plusieurs années et pour trois raisons essentielles :

1) «le projet de destruction de l’école publique. »

L’éducation Nationale fait actuellement l’objet d’une série de contre-réformes qui visent à démanteler ce qui restait de satisfaisant de notre école publique.
Ces dernières années, plusieurs mesures furent entreprises pour détruire l’école publique parmi celles-ci :
– Le démantèlement de l’enseignement technique sans explication valable ni projet de son remplacement.
– Le grand départ en retraite d’enseignants de qualité et d’expérience qui furent remplacés pour plus de 50 % par du CDD sans aucune formation ni expérience.
– Le refus d’intégration des contractuels expérimentés en vue de diminuer de plus en plus le nombre CDI qui est l’objectif de la Banque Mondiale et du FMI.
– Réduction de postes budgétaires par rapport à la scolarisation (création de surcharge des divisions scolaires)
– Élaboration d’un statut du personnel avec un grand nombre de dysfonctionnements objet de discorde entre les syndicats et le ministère
– Absence de tout cadrage national que ce soit au niveau des diplômes ou du fonctionnement des établissements et du statut des enseignants.
– Le grand nombre de grèves légitimes pour augmenter le nombre de postes budgétaires ou corriger les dysfonctionnements ou dénoncer la réforme…
– La réforme de l’éducation dictée par le FMI et les multinationales entrant dans la mondialisation lors de « la conférence de Dakar ».
– Incrimination des enseignants pour leurs grèves ou pour leurs cours particuliers ou pour cause d’échec de la réforme.
Ces contre-réformes s’inscrivent qui ont pour but de libéraliser ce secteur qu’est l’éducation pour en faire « une économie de la connaissance » et encourager de plus en plus « la privatisation ».

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2) « La création du seuil des programmes » et « la ruée vers les cours particuliers ».

Comme de coutume, à chaque grève dans l’éducation nationale en Algérie, les élèves sortent dans la rue pour marquer leur dictat et réclamer le seuil des programmes et comme chaque année, le ministère pour essayer de calmer les ardeurs des écoliers, soulignera que les examens porteront sur les programmes « réellement » enseignés. Le ministère rappellera que l’idée du seuil a été instituée en 2008 dans un contexte d’ensemble « particulier » marqué par des grèves « dures » tenues dans des établissements scolaires ainsi que d’autres dysfonctionnements, soulignant, toutefois, que fixer un seuil des programmes « portaient atteinte à la réputation de l’examen ».

Mais cette année, en 2018, dix ans après, la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghabrit, a été confrontée à une grève dure qui a atteint trois mois dans trois wilayas à savoir Blida, Béjaïa, Tizi-Ouzou et 28 jours dans les autres wilayas du pays. Tout pédagogue, vous dira que 28 jours peuvent être gérables à condition d’utiliser les journées libres du samedi et mardi après midi. Mais pour les trois autres wilayas cela est impossible sans avoir recours au seuil des programmes.

La seule façon d’éviter ce seuil des programmes, devenue un véritable danger pour l’école publique et à la crédibilité des examens est de différer pour cette année le baccalauréat 2018 vers le 15 juillet pour les 03 wilayas dont la grève a dépassé 60 jours. Ce seuil des cours que réclament les élèves, n’est pas forcément dû aux grèves, mais aussi aux intempéries ou aux catastrophes naturelles donc il est temps de prévoir un décret qui mentionnera que le baccalauréat en Algérie doit être différé dans le cas d’intempéries empêchant la scolarité pendant plus d’un mois ou en cas de catastrophes naturelles ou en cas de grèves d’enseignants dont la durée dépasse 01 mois.

L’autre problème que vie l’école publique algérienne, est la ruée de plus de 95 % des élèves vers les cours particuliers qu’ils soient bons ou mauvais élèves, qu’ils comprennent leurs cours à l’école ou non, et cela, dès la première année primaire, ce qui est anormal. Pour ceux, dont c’est une nécessité, soit pour rehausser leur niveau ou parce qu’ils ne peuvent plus suivre le cours dispensé, cela est compréhensible, mais cela ne doit pas se faire au dépens des cours officiels ni permettre à « des chasseurs de têtes » de donner ces cours dans des hangars ni influer sur les notes des élèves qui suivent ces séances chez leurs propres enseignants.

Il est temps, d’obliger l’élève à suivre les leçons dispensées à l’intérieur de l’école. Pour cela, nous devons arrêter l’unification de la distribution des programmes pour donner plus de liberté à l’enseignant qui effectuera lui-même la priorité des cours tout en respectant le programme annuel. C’est l’unification des distributions des programmes qui a encouragé la surcharge des élèves dans les hangars des cours particuliers. L’autre fait qui a poussé les élèves à déserter les cours officiels est le rituel sujet d’examens et pour remédier à cela, nous devons instaurer parmi les exercices au moins un obligatoire portant sur une des leçons. Donc les solutions existent, mais personne n’en tient compte.

3) « L’atteinte à la crédibilité du baccalauréat. »

Tout le monde aujourd’hui s’accorde à dire que la crédibilité du baccalauréat algérien est de plus en plus remise en cause et j’en avais déjà parlé auparavant dans plusieurs articles que je rappelle ici.

Dans le cadre de la poursuite des efforts visant à préserver la crédibilité du Baccalauréat national et à soutenir les mécanismes à même de garantir le mérite et l’égalité des chances pour tous les candidats, le ministère de l’Éducation nationale annoncera avoir pris toutes les dispositions nécessaires en vue d’assurer pour les candidats, les meilleures conditions en termes de déroulement des examens et de correction des épreuves. Le ministère avertira à chaque fois les candidats et candidates que la détention d’objets électroniques, au sein des centres et salles d’examen, sera considérée comme une fraude qui privera l’élève concerné de poursuivre les épreuves.

Les cas de fraude seront soumis à des commissions spécialisées qui se prononceront sur les sanctions disciplinaires à infliger aux candidats tricheurs et qui peuvent aller jusqu’à l’interdiction de passer l’examen du baccalauréat durant plusieurs années. Mais depuis plus de quatorze ans, la crédibilité du Baccalauréat en Algérie est remise en cause et la fraude ainsi que la tricherie ne s’arrêtent pas. La raison évoquée est la grève des enseignants qui est elle-même programmée par la tutelle pour légitimer les programmes impossibles à finaliser même sans grève, ainsi que les sujets proposés au choix et la méthode de corrections excessivement favorable à l’élève, sans parler de la montée de la triche dans les centres d’examens. Maintenant comment peut-on analyser ces observations ?
D’abord, commençons par les critères qui ont porté à la crédibilité du baccalauréat sont diverses, j’en nommerai quelques-uns :

– Le niveau des bacheliers puisque plus 60 % de ces derniers échouent en première année à l’université.
– La tricherie lors des épreuves devenue normale.
– Les moyens de tricherie par l’utilisation des réseaux sociaux et les nouvelles technologies de l’information et de la communication conçus spécialement à ces occasions, devenus incontrôlables et indétectables.
– Le dictat des candidats et de leurs parents sur le déroulement des épreuves (refaire le bac, accepter le retard des candidats…)
– L’inexistence d’autorité pédagogique de l’enseignant et de là celle du surveillant
– Le manque de transparence de la correction
– La notation large des copies des candidats
– L’illégalité de chance entre les candidats
– Les programmes non achevés et le seuil des programmes annoncé ou non
– L’adoption de deux sujets au choix dans les épreuves essentielles
– Les inégalités de conditions de scolarisation entre les élèves
– Les inégalités d’encadrement à l’intérieur des établissements dans la wilaya elle-même ou d’une wilaya à une autre wilaya ou d’une région à une autre.
– Les inégalités dans les cartes scolaires.

Aujourd’hui seule une réforme algérienne tenant compte des développements internationaux peut sauver l’éducation nationale à travers cela, celle de l’école publique et du baccalauréat. Mais cela demande un grand courage et de vrais grands sacrifices sans importation des autres expériences qui sont faites en fonction des moyens de leurs pays, de leurs besoins et de leur population. Les réformes ne peuvent être les mêmes d’un pays à un autre.
Toute réforme doit reposer sur l’état actuel de l’école vis-à-vis des autres écoles africaines et européennes, sur les besoins du pays à courte durée, moyenne durée et longue durée ainsi que notre objectif suivant nos moyens.
Une vraie réforme algérienne avant d’être lancé doit :

  • demander au moins deux ans de recherche,
  • être réaliste suivant nos moyens
  • être expérimentée sur une classe ou un établissement, ou une wilaya, ou une région avant de la généraliser.

Cette année pour sauver le baccalauréat 2018 et sa crédibilité, une décision courageuse politique, sociale, pédagogique doit être prise au niveau national, car il est impossible de rattraper 3 mois de cours en peu de temps même en utilisant les vacances ou le samedi, le mardi, le vendredi, la matière sport, car ces élèves ont besoin de repos. Sinon la crédibilité du baccalauréat sera de nouveau touchée. Pour éviter le grand mal qui a rongé l’éducation nationale depuis 2008 qui est le seuil et pour préserver l’égalité de chances entre wilayas une solution est possible. Il suffit de ;

  •  différer le baccalauréat pour les 3 wilayas à savoir BLIDA, TIZI-OUZOU et BÉJAÏA d’au moins un mois,
  •  faire une passe sur les examens du deuxième trimestre dans ces wilayas
  •  utiliser les samedis pour les rattrapages pour tous les enseignants en retard surtout dans les matières essentielles.
  • Prévoir un baccalauréat pour les 45 wilayas en juin 2018 et les 03 autres wilayas le 10 juillet 2018 comme cela a été programmé l’an dernier pour les retardataires

  Ainsi, tous les élèves prendront leurs vacances comme d’habitude. . Le baccalauréat restera national pour les 45 wilayas et personne ne parlera de seuil.

Auteur
Hakem Bachir

 




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