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La guerre Iran/USA n’aura pas lieu

DECRYPTAGE

La guerre Iran/USA n’aura pas lieu

L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans livrer bataille. (Sun Tzu)

Ce n’est pas par optimisme béat ni par naïveté enfantine que j’ai intitulé ainsi cet article. C’est sur la base de l’enchainement des événements depuis l’avènement de la république islamique après la chute du shah d’Iran. Et une ‘’intuition’’ (1) est venue renforcer mon relatif optimisme, lequel est lui-même nourri par l’art de la guerre théorisée par Sun Tzu de la Chine antique dans ses écrits compilés plus tard dans un ouvrage connu depuis précisément sous le nom de ‘’l’art de la guerre’’. Depuis l’art de la guerre a été enrichi par des esprits féconds qui se sont frottés à ‘’la guerre comme continuation de la politique par d’autres moyens’’. Parmi ces esprits, il y a Karl Von Clausewitz brillant officier prussien ayant participé en tant que soldat à la guerre contre les armées de Napoléon.

Si on ajoute à la maxime de Clausewitz, la pensée de Sun Tzu pour qui ‘L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans livrer bataille’’, on peut déduire que la guerre obéit à une rationalité et que la force brute finit par céder devant l’intelligence de l’Histoire et au temps qui s’écoule. Tous ceux qui font de ces deux facteurs le socle du ‘’Politique comme art suprême’’ (Aristote) espèrent que la guerre n’aura pas lieu.

Cette petite introduction ‘’historico-politique’’ permet à la fois de mettre en doute les ‘’vérités’’ de l’habituel matraquage de la manipulation et de cerner la philosophie et la capacité de résistance des deux acteurs, l’Iran et les USA.

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Comme c’est fatiguant et ennuyeux de taper sur les ‘’spécialistes-idéologues’’ et autres ‘’commentateurs’’ verbeux, je préfère analyser l’image et le verbe des chefs d’États des deux pays qui se sont exprimés à la suite des tirs de missiles iraniens qui se sont abattu sur une base américaine située en Irak. Ainsi, l’ayatollah Khamenei a t-il tout de suite réagi sobrement par une phrase qui nous renseigne à la fois sur sa pensée et sur l’objectif recherché par son pays. La phrase en question est la suivante : l’Amérique a reçu une gifle mais reste le plus important à réaliser, éloigner leurs forces de la région. Les moyens relativement modestes (gifle) et le but recherché (leur faire quitter la région) est la traduction, disons rationnelle, d’une politique qui se conforme aux deux maximes des théoriciens de la guerre cités précédemment. On aura remarqué que le chef suprême de l’Iran n’a pas fait cas d’une quelconque comptabilité des pertes humaines et matérielles. Ça ne sera pas le cas de Trump qui commença son discours télévisé par un bilan bien à lui, nous verrons pourquoi.Ainsi le deuxième protagoniste, à savoir Trump, a réagi juste après la frappe iranienne par un simple tweet rassurant : ‘’tout va bien, on est en train d’évaluer la situation’’.

Il a fallu de longues heures pour qu’il intervienne à nouveau mais cette fois en direct à la télé. Le monde entier a retenu entre temps son souffle dans l’attente de la déclaration promise par Trump. La peur qui ‘’habita’’ le monde était dû à la fameuse et incroyable déclaration du président américain qui menaça l’Iran de raser 52 sites y compris culturels. Site culturel, cette phrase suscita un certain remous car l’Iran est l’un des foyers de l’aube de l’humanité dans cette région. Inquiétude car tout le monde pensa aux Talibans en Afghanistan et à Daech (Irak et Syrie) qui avaient réduit en cendre des trésors de l’Humanité. Que nous disent l’image et le verbe de Trump quand il apparut à la télévision ? Trump commença sa conférence de presse par un déni de la réalité pour rassurer sans doute le peuple américain. Tout de go, il déclara qu’il n’y a ni pertes humaines ni dégâts. (2). C’est à croire que les Iraniens avaient attaqué avec des arbalètes du moyen-âge.

Mais ce déni des réalités était trahi par l’image de son visage et le son du timbre de sa voix. Et cette image d’un Trump habituellement arrogant, étonna le monde qui ne pouvait croire à un tel bilan aussi rassurant. Et cet étonnement se confirma quand Trump annonça de ‘’simples’’ et nouvelles sanctions contre l’Iran tout en lui faisant miroiter la prospérité si ce pays se convertissait à la ‘’sagesse’’ Trumpienne.

Le monde ‘’retrouva’’ alors sa sérénité et comprit que la présence des chefs militaires qui l’accompagnaient lui avaient sans doute conseillé de changer de fusil d’épaule. Ils ont dû lui expliquer que les Iraniens sont rationnels car ces ‘’gens du désert’’ (3) connaissent les lois de la guerre et qui plus est, sont les inventeurs du jeu des Échecs dont la caractéristique consiste à réfléchir à des coups d’avance et à deviner les faiblesses et les atouts de l’adversaire.

Depuis sa prestation télévisuelle, mon petit doigt me dit que le bouillonnement intérieur de Trump était alimenté par le bilan quelque peu sévère de la riposte iranienne. Lequel ? personnellement je n’ai pas pris pour argent comptant ni le bilan des Iraniens ni celui officiel de Trump clamé à la face du monde. Pour m’approcher au plus près des faits, j’ai écouté un officier américain qui es passé dans les télés amies de ‘’l’invincible’’ Amérique de Trump.

Cet officier donna des infos aux antipodes de celles de son président. Il apprit au monde que les soldats américains s’étaient réfugiés dans des bunkers souterrains et que des drones sophistiqués coûtant très chers avaient été détruits ainsi que l’équipement des transmissions qui reliaient la base à l’État-major américain et au Pentagone. On comprend alors pourquoi Trump attendit si longtemps pour avoir en main l’évaluation de la situation. On comprend aussi qu’il préféra le déni de la réalité que le réel du terrain qui pouvait lui coûter sa réélection. Il oublia alors ses promesses de détruire les 52 sites et déclara 2 jours plus tard que l’Iran ne l’intéressait plus. La guerre frontale et directe n’était plus à l’ordre du jour.

L’Iran, Trump tentera de le mettre à genoux par d’autres moyens. Les sempiternelles sanctions auxquelles il ajouter la menace contre ses alliés européens invités à déchirer le traité sur le nucléaire signé avec l’Iran.

Quant à l’Iran, il n’a ni l’envie ni les moyens de provoquer un tel ennemi. Il a seulement la détermination et les moyens de se défendre car après tout il est chez lui. Dans l’art de la guerre, la défense du territoire national donne des atouts stratégiques et tactiques sans compter le moral des guerriers qui se battent pour protéger la vie des leurs et d’éviter à leur pays de tomber sous l’esclavage de l’agresseur.

Il n’y aura probablement pas de guerre car l’Iran n’y a aucun intérêt. Pareil acte de folie ne peut provenir que de son adversaire mais ce dernier a de sacrés rivaux et d’amis à protéger dans la région. Ces derniers obligeront les USA à prendre une posture un tant soit peu rationnelle.

Et puis il y a ce fameux ‘’État profond’’ qui empêcherait quiconque de jouer avec les intérêts du pays. État profond qui tente déjà de neutraliser Trump en le faisant juger devant le congrès américain. Cet ‘’État profond’’ a déjà prouvé ses capacités quand il poussa Nixon à démissionner. Espoir donc d’une non guerre car je pense aussi bien au peuple iranien qu’au peuple américain dont on connait la partie de ce peuple qui sert de chair à canon.

Ali Akika.

Renvois

(1)  J’ai fait un film sur l’Iran aux lendemains de la chute du Shah. Ça m’a permis de me familiariser avec une société dont les racines remontent à la nuit des temps.

(2)  Au moment où j’écris cet article le Pentagone (ministère de la défense américaine) vient de reconnaitre que 11 soldats américains avaient été blessés.

(3)  Expression ‘’élégante’’ de Trump qui expliqua que les guerres tribales dans ces pays de désert ne l’intéressaient pas et qu’il allait ramener les boys à la maison.

Auteur
Ali Akika. cinéaste

 




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