La Cour d’appel d’Aix-en-Provence a rejeté, ce mercredi, la demande d’extradition de l’ancien ministre algérien de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, condamné dans plusieurs affaires de corruption en Algérie.

Ainsi donc Abdeslam Bouchouareb ne rejoindra pas en prison en Algérie Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal et une vingtaine d’autres ministres ainsi qu’autant sans doute de généraux.

Un acteur clé du régime Bouteflika

Abdeslam Bouchouareb a été une figure influente du régime de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika. Ministre de l’Industrie et des Mines de 2014 à 2017, il a joué un rôle central dans la politique économique du pays, supervisant plusieurs grands projets d’investissement, notamment dans l’industrie automobile et les mines.

Avant cela, il avait occupé des postes de responsabilité au sein du gouvernement, notamment en tant que ministre de la Participation et de la Coordination des Réformes en 1996, sous la présidence de Liamine Zéroual.

Proche du cercle présidentiel, Bouchouareb faisait partie des hauts responsables impliqués dans la gestion économique du pays sous Bouteflika. Son influence s’est particulièrement accrue lors du quatrième mandat du président déchu, période durant laquelle plusieurs scandales financiers ont éclaté.

Des condamnations pour corruption

Après la chute du régime Bouteflika en 2019, Bouchouareb a été cité dans de nombreuses affaires de corruption. Il a été condamné par contumace à 20 ans de prison pour des faits liés à des détournements de fonds, des abus de pouvoir et des malversations dans l’octroi d’avantages à des hommes d’affaires proches du pouvoir. Son nom a notamment été associé aux affaires impliquant les oligarques Ali Haddad et Mahieddine Tahkout, poursuivis pour des montages frauduleux et des marchés publics truqués.

Les autorités algériennes ont émis six demandes d’extradition à son encontre, mais Bouchouareb, qui détient également la nationalité française, réside en France depuis plusieurs années et échappe ainsi aux poursuites judiciaires de son pays 

Le refus de la justice française

La Cour d’appel d’Aix-en-Provence a justifié son refus d’extradition en invoquant les « conséquences graves » que cette mesure pourrait avoir sur son état de santé. Elle a également estimé que l’extradition serait contraire à l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme et à l’article 5 de l’accord franco-algérien de 2019 sur l’extradition des personnes recherchées.

Cette décision s’inscrit dans la lignée des réquisitions du parquet français. Lors d’une audience tenue le 5 mars dernier, le représentant du ministère public, Raphaël Sanesi de Gentile, avait déclaré que l’extradition de Bouchouareb pourrait « aggraver son état de santé ».

De son côté, l’avocate représentant l’Algérie, Sophie Barettex, a réaffirmé que son pays avait fourni toutes les garanties pour une prise en charge médicale adéquate. Elle a rappelé que « Bouchouareb a volé l’argent des Algériens et doit répondre de ses actes devant la justice ».

Alors que plusieurs dignitaires du régime Bouteflika ont été jugés en Algérie après le soulèvement populaire de 2019, Abdeslam Bouchouareb demeure un des rares hauts responsables à avoir échappé à la justice de son pays. Ce refus d’extradition remet une fois de plus en question les relations judiciaires entre la France et l’Algérie. Il risque d’exacerber davantage les tensions qui marquent déjà les relations diplomatiques entre les deux pays.

Samia Naït Iqbal

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