19 avril 2024
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La loi des 80/20 : 80 % d’élus pour 20 % de votants ?

DECRYPTAGE

La loi des 80/20 : 80 % d’élus pour 20 % de votants ?

La démocratie, ce curieux habillage des chiffres. La statistique est comme une femme en bikini, elle montre tout sauf l’essentiel. L’essentiel vous l’avez deviné c’est 98 % de pétrole et de gaz, 99 % de chefs et de sous-chefs, et 100 % de chômeurs dont 20 % très bien rétribués et avantagés et 80 % très mal rémunérés et déconsidérés.

La loi des 80-20 énonce que 80 % des effets sont le produit de 20 % des causes. La richesse pétrolière et gazière a façonné tout un comportement social à l’égard de la consommation, des investissements, de l’emploi et du monde des affaires.

Le pays s’est mis à « importer » le développement (industrie lourde des années 70, programme anti-pénurie des années 80 (des bananes, des kiwis, des appareils électro-ménagers), programme « d’importation ! » des travaux d’infrastructure des années 2000 (routes, logements, usines de dessalement de l’eau de mer), 2020, pandémie du coronavirus, saturation du système sanitaire national et international, confinement drastique des populations, effondrement du prix du baril de pétrole, confinement, ralentissement de l’activité économique, les réserves de change fondent comme beurre au soleil, la valeur du dinar dégringole, l’inflation galope, les liquidités se font rares, la planche à billets problématique, le FMI frappe à la porte, une porte verrouillée par la pandémie) pour finir par «importer » la survie des élites et des populations (la nourriture, les médicaments, vaccin anti-Covid-19), évolution qui a entraîné une expansion considérable du secteur des services et de l’administration et une quasi disparition des activités traditionnelles comme l’agriculture, l’artisanat, la pêche etc…

A la faveur d’une embellie financière inattendue des années 2010, le gouvernement a pu consacrer d’énormes ressources aux investissements improductifs (infrastructures en particulier).

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Quant aux investissements productifs  ils ont eu tendance à se concentrer, dans le secteur de l’énergie essentiellement dans la transformation des hydrocarbures. Les revenus pétroliers ont gagné le secteur privé via les dépenses gouvernementales, toute une série de mécanismes de redistribution ont débouché sur la création de fortunes privées.

La rente énergétique est responsable des profondes modifications des structures économiques et de leurs caractéristiques sociales. Au cours de la décennie 70, l’explosion des prix pétroliers avait amené les gouvernements à supposer que la croissance des revenus pétroliers se poursuivrait à des taux très élevés d’où le recours abusif à l’endettement. De telles attentes ont entraîné une estimation erronée des perspectives futures et encourager une idée fausse étant donné le manque de ressources autres que le pétrole ou le gaz.  L’idéologie du développement, la construction de l’Etat et le décollage économique ont eu comme conséquence la démobilisation de la société et son indifférence vis à vis des problèmes du pays.

Tout un comportement social à l’égard de la consommation, de l’emploi, et du monde des affaires a été façonné par la rente énergétique. Elle a donné naissance à une véritable débauche des dépenses publiques et à une grande autocomplaisance en matière de politique économique et sociale. Elle a constitué un soporifique en masquant  toutes les insuffisances  en matière de production  et de gestion. Elle a donné naissance à une classe de privilégiés assoiffés de richesses matérielles surtout d’origine étrangère.

Les variations constitutionnelles, la confection des lois et les pratiques institutionnelles ne sont tendues en réalité que vers la consolidation et la mainmise de la petite bourgeoisie sur l’Etat, les sources d’accumulation et les prébendes distribués par le capital international. L’Etat devient une réalité incontournable pour survivre ou s’enrichir. Les solutions technocratiques fondent l’exclusion de larges segments sociaux  de l’Etat et du processus de développement. L’histoire postcoloniale démontre en effet que l’Etat dans son extension  a réussi à dominer la société et non à la servir. De plus la stratégie conçue et mise en œuvre par l’Etat s’intègre parfaitement  dans la ligne de valorisation du capital des multinationales et ne pouvait se poursuivre que par un endettement externe important  gagé sur l’existence réelle ou supposée des ressources potentielles en hydrocarbures. 

A l’intérieur, ce modèle ne cesse d’accentuer les antagonismes sociaux et de faire baisser le pouvoir d’achat de la majorité de la population. L’Etat, en tant que structure institutionnelle est discrédité, politiquement et économiquement. Le pays qui serait capable de relever le défi de cette fin du vingtième siècle est celui qui comprendra la nature historique que traverse le monde actuel.

Il est donc nécessaire d’avoir à la tête de ce pays, des hommes qui saisissent la réalité historique.

La présence massive des universitaires dans le Gouvernement, à la Présidence, et dans les partis politiques, sont des indices de l’enjeu que constituent aujourd’hui les universités, la recherche et la création dans la mise en ordre politique, économique et culturel.

Un danger, cependant est à craindre, c’est de voir les enseignants et les chercheurs s’orienter vers des stratégies individuelles d’ascension sociale et d’accumulation financière au service de la bureaucratie d’Etat. Pour définir les solutions préconisées par la Direction politique du pays en direction des entreprises publiques, trois raisons fondamentales sont généralement avancées : la première raison réside dans la totalité des représentations d’un ordre économique satisfaisant que les dirigeants actuels de l’Algérie ont acquis pendant leurs études.

Les forces dirigeantes actuelles de l’économie et de la société algérienne ont acquis leur formation professionnelle et universitaire en majeure partie en France ou dans des établissements orientés en direction de la France, avant ou après-l’indépendance.

La deuxième raison pour la préférence d’une économie dirigée  centralement dominée par l’Etat est à constater dans les intérêts acquis depuis l’indépendance et consolidés par leur présence au sein ou à la périphérie du pouvoir. Les intérêts de la classe politique s’orientèrent vers la conservation de cet ordre. Une troisième raison qu’il avance réside dans la pauvreté des débats académiques politico-économiques. D’un point de vue général ou d’un point de vue particulier les travaux publiés sont qualifiés par l’auteur de sans importance et superflus. Ils ne se distinguent pas par la déduction de conclusions politico-économiques s’appuyant sur du matériel empirique ou alors mettant le pied sur une terre neuve ; c’est à dire proposer une analyse des problèmes orientée vers des solutions sur la base de faits empiriques.

L’objectif technocratique est en fait d’envisager le développement et la démocratie, non comme des questions politiques mais comme des questions techniques. C’est pourquoi, le processus de démocratisation de la vie économique et politique à tendance à se concrétiser non pas en termes de nouveaux espaces pour la société civile mais d’aménagement au sein du secteur économique public et de l’appareil de l’Etat.

L’exploitation de la récente discussion académique sur l’économie politique a montré comment la direction politique du pays se prive elle-même et à un haut niveau, d’un potentiel de renouvellement  à cause d’une formation idéologique marquée et d’intérêts précaires bassement matériels.

La plupart des dirigeants qui se sont succédés de l’indépendance à nos jours semblent considérer l’Etat comme le « veau d’or », qui par sa nature et sa puissance doit résoudre tous les problèmes auxquels il se trouve confronté ; ce qui explique en partie le fétichisme de l’Etat et le culte du pouvoir fort. « Neuf citoyens sur dix vous haïssent : qu’importe dira Cromwell si le dixième est armé ». 

Auteur
Dr A. Boumezrag

 




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