Ce mardi 28 mai 2024 se déroulera le vote pour la reconnaissance de l’État palestinien proposé par le chef du gouvernement, Pedro Sanchez, issu du PSOE, le parti socialiste.
Depuis le début de l’acte génocidaire par Israël, le pays ibérique a été en avant-garde du mouvement le dénonçant. Pas un seul jour où les intervenants dans les medias tout aussi bien que les déclarations officielles ne soient férocement indignés par cette monstruosité.
Le terme de génocide n’est plus tabou et le pays se rallie à toutes les initiatives allant dans le sens favorable de la demande de condamnation du procureur de la Cour Internationale de Justice.
Israël dénonce l’Espagne avec l’arrière-pensée que ce pays fut celui dont la reine Isabelle 1ere de Castille et le roi Ferdinand II d’Aragon, les deux dénommés les « bons rois catholiques » par le Pape. avaient chassé les juifs par un décret royal de 1492. Une obsession victimaire qu’Israël fait parfois remonter jusqu’à Jésus-Christ.
Mais cette fois-ci, l’argument ne fonctionne plus et de très nombreux états dans le monde, ainsi qu’une majorité de leurs peuples, condamnent avec fermeté l’ignoble comportement de l’Etat d’Israël, à l’exception de son allié traditionnel, les États-Unis.
Le peuple Palestinien n’est pas responsable de l’anti-sémitisme séculaire, c’est lui la victime de la colonisation par un peuplement décidé par les nations européennes pour se racheter de leurs agissements génocidaires.
Les Palestiniens ne peuvent payer deux fois, par le crime des uns et par celui des victimes qui deviennent aujourd’hui à leur tour les bourreaux du peuple qu’ils ont dépossédé illégalement de leur terre légitime.
L’Espagne veut ainsi rejoindre les 142 pays qui reconnaissent l’Etat Palestinien. En Europe l’Irlande et la Norvège venaient de le faire et bien d’autres ont déclenché un processus dans ce sens.
Benyamin Netanyahou et ses soutiens ultra nationalistes continuent d’invoquer leur condition victimaire et déclarent « nous avons toujours été seuls, nous continuerons à nous battre, seuls contre tous comme nous l’avons toujours fait ». C’est une fuite en avant suicidaire qui mène son propre peuple vers le gouffre.
Un peuple qui réagit encore dans ce sens mais pour combien de temps ? Je pense personnellement qu’il est trop tard et qu’il paiera son soutien par un revirement mondial de la protection sans conditions du pays.
Mais l’Espagne, comme dans tous les pays européens, et bien d’autres dans le monde, sont touchés par la vague populiste nationaliste. Le Parti Populaire (PP), le parti de droite qui s’était pourtant délesté de son passé compromettant avec le franquisme, s’oppose à la reconnaissance de l’Etat palestinien. En tout cas, encore à l’heure où cette chronique est rédigée car sa position est ambiguë.
Le leader du PP a évoqué l’éternelle argument qui consiste à dire au Président du gouvernement, à peu près en ces termes, « Vous voulez reconnaître un Etat, mais avec quelle frontière, quelles institutions et quel peuple ? ». Peut-être que la raison reviendra ces derniers jours avant le vote et que ce parti ne mette à mal tous ses efforts de se normaliser.
Eh bien oui, justement, Monsieur Alberto Núñez Feijóo, comment voulez-vous qu’on réponde à votre question, c’est justement le problème, celui de l’aveuglement à reconnaître qu’il y a une frontière, celle reconnue par le droit international bafoué par Israël. Et il y a un peuple bien défini, celui à qui on a spolié les droits dans ce territoire reconnu par les nations.
En revanche, rien n’est inattendu dans le refus absolu du parti VOX, ultra nationaliste, d’extrême droite, raciste et populiste. Rien de nouveau sous le soleil, ces partis reprennent vigueur dans toute l’Europe et ont toujours soutenu les régimes qui sont en droite ligne avec leur pensée.
Ce qui est presque risible si ce n’était pas aussi grave, c’est leur doctrine qui avait été en pointe pour soutenir le génocide contre les juifs, par leur enracinement profond dans le christianisme extrémiste de l’ordre moral des nations « pures ».
Que va-t-il se passer ce mardi ? Pedro Sanchez aura-t-il la majorité pour que l’Espagne reconnaisse un État palestinien ? Au fond, ce qui est important est que l’initiative se produise.
Ce qui était impensable il y a encore si peu de temps est en ordre de marche pour arrêter le massacre, condamner les coupables et rendre enfin justice au peuple palestinien.
Sid Lakhdar Boumediene