25 avril 2024
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La prise d’otage de tout un peuple 

OPINION

La prise d’otage de tout un peuple 

Depuis le 22 février 2019, date d’un soulèvement populaire extraordinaire suscitant beaucoup d’admiration du monde entier à ce jour, que reste-il du Hirak algérien ?

Aujourd’hui, la situation générale est malheureusement très inquiétante. Quotidiennement, des militants sont interpellés et placés en garde à vue pour les incarcérer par la suite. Les droits de l’Homme et les libertés civiles ou publiques sont ouvertement piétinés par un régime totalitaire en place qui n’a finalement de réponse que la répression aggravant le contexte de crise multiple (économique, sociale, sanitaire, …) et semant ainsi la peur pour faire vivre au pays tout entier un calvaire des plus affligeants.

Finalement, après bientôt soixante années d’indépendance, le régime algérien reste bien fidèle à sa devise de : « État militaire et pas civil ! » pour atteindre le summum de l’étouffement de tout un peuple. Aujourd’hui, le verdict est tombé : désormais aucune opposition n’est tolérée. La dissolution récente du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) (ONG) est un indicateur qui montre clairement que les hautes autorités ont opté d’aller vers le pire.

À la fin du mois de septembre 2021, selon la source (CNLD et CHA), on compte 204 détenu-e-s d’opinion et politiques avec une durée de détention cumulée atteignant 70 ans. Cette dernière évolue en moyenne de plus de 10 ans par mois. Dans la détresse, des femmes et des hommes dignes, injustement incarcérés, ont épuisé toute leur patience pour se voir un jour enfin libre.

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On pense de tout cœur à eux et leurs familles. Certainement, tout le monde reconnaît que la junte militaire est donatrice d’ordre instrumentalisant la justice. Toutefois, cela ne suffit pas pour expliquer la situation silencieuse exténuante. La responsabilité est aussi dans la main du peuple.

On ne peut rester dans l’indifférence en oubliant nos sœurs et frères détenu-e-s d’opinion et politiques et les laissant mourir en prison. Le noyau précieux de la révolution pacifique, des militants engagés, subit seul la brutalité et la violence. Dans ce cas le silence ne pourrait être que proche d’une manière directe ou indirecte de trahison et de complicité. C’est intolérable !

Il y a 33 wilayas qui sont concernées par les détentions arbitraires. Celles qui sont classées, en première position, par ordre descendant du nombre des détenus sont : Alger(78), Boumerdes(21), Sétif(13),Tizi-Ouzou(10) et Bejaïa

Toutes ces conditions oppressives laissent le futur du pays dans l’incertitude absolue. On aurait dit que l’esprit pacifique habité par la quête de la liberté est complètement anesthésié. Cela dure longtemps pour aggraver systématiquement le désastre régnant. Les citoyens sont désemparés et restés sans voix en assistant à toutes ces diverses causes qui s’entassent les unes sur les autres sans la moindre expression de faire partir le pouvoir : la crise pandémique mortifère, les incendies dramatiques en Kabylie, la répression policière et judiciaire, la forte baisse du pouvoir d’achat, le coût de la vie de plus en plus élevé, l’appauvrissement progressif,…

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Par ailleurs, selon la chaîne Arte, il y a eu 15 000 haragas algériens qui ont débarqué sur les côtes espagnoles depuis le début 2021. Évidemment, ceci n’est que le signe de marasme collectif et général du peuple algérien. L’Algérie, le beau pays qu’on aime sans limite, va très mal ! Le peuple endure des souffrances atroces et insupportables. Nous avons mal pour cette terre où le destin est devenu sombre. Aussi bien les jeunes que les plus âgés donnent leur vie dans des traversées aventurières et meurtrières. Selon cette chaîne franco-allemande, les autorités espagnoles ont enregistré 500 morts, depuis le début de cette année 2021. C’est dramatique ! On ne peut rester insensible à ce phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur.

La situation algérienne est similaire à ce crash de l’A320 de Germanwings dans les Alpes. Cet avion de la compagnie low cost Germanwings, filiale de Lufthansa, qui s’est écrasé en mars 2015, dans la région montagneuse de Barcelonette (Alpes-de-Haute-Provence) avec 150 personnes à bord. On peut bien faire cette lecture en reconnaissant la pathologie et le comportement dément des hautes autorités algériennes qui sont vraiment semblables au copilote Andreas Lubitz, souffrant de lourds problèmes psychologiques qui a précipité l’Airbus volontairement au sol.

Le peuple algérien va-t-il rester inerte en laissant volontairement le pays enfoncé dans l’abîme ? Certes, il faut certainement rendre hommage à ce grand peuple qui est resté dans l’approche pacifique et exemplaire jusqu’au bout et qui a su ne jamais répondre à la violence. Néanmoins, la qualité paisible de la révolution du Hirak ne doit pas se laisser éternellement hantée par le calme et se berner dans une forme de méditation nouvelle, tibétaine à l’algérienne, d’une manière excessive au point de ne plus jamais agir. On ne peut laisser l’héritage honteux de ce fardeau dictatorial aux générations futures.

C’est un devoir de ne pas hypothéquer leur avenir. La seule façon d’éviter le chaos, d’arrêter la peine répressive et également ce fléau ravageur ou du moins faire baisser tous ces chiffres des harragas, qui font froids dans le dos, le peuple doit prendre ses responsabilités pour faire partir le régime totalitaire en place. Celui-ci a trop duré dans la hogra, le déni et le mépris.

Le peuple ne peut se permettre d’attendre la putréfaction de ce régime défaillant et diabolique. Il y a presque 44 millions d’habitants en Algérie. Si on ne prend compte dans notre raisonnement le nombre des enfants, des personnes âgées, … estimé approximativement à 14 millions et on se focalise plus sur les 30 millions de personnes qui sont sans doute capables de faire face à tous aléas des situations révolutionnaires même les plus tendues.

On peut se convaincre facilement que le régime ne peut absolument rien faire contre tous les millions  de citoyens responsables qui seront debout et mobilisés. C’est ce peuple convaincu et uni qui mettra fin au mal profond et agira dans l’urgence pour libérer les détenu-e-s d’opinion. C’est ce peuple convaincu, tellement attendu qui mettra toutes les chances de son côté afin de réussir une transition démocratique. C’est ce peuple libéré enfin qui retrouvera dans la fraternité la lueur d’espoir et saura par son intelligence collective éclairer les horizons.

Auteur
Hakim Allouche

 




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