19 avril 2024
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La région MENA au péril du stress hydrique

Désert

« Les populations du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) subissent une pénurie d’eau sans précédent », alerte un rapport de la Banque mondiale publié, publié le 27 avril dernier, à l’issue de sa réunion périodique tenue à Rabat (Maroc).

Une réalité à laquelle n’échappe pas l’Algérie qui fait partie de cet espace géopolitique régional.

S’exprimant sur les ondes de la radio  nationale , chaîne1, Sofiane Zamiche, directeur du développement à la Algerian Energy Company (AEC), filiale du groupe Sonatrach a souligné qu’à l’horizon 2050, le taux de précipitations en Algérie et en Afrique du Nord diminuera à 20%, ce qui nécessite l’élaboration d’un plan efficace permettant d’éviter toute catastrophe liée à l’approvisionnement en eau potable des citoyens, et comme une étape proactive.

Samedi dernier, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal qui s’exprimait  en marge de la Conférence nationale des cadres de l’Hydraulique au siège du ministère sous le thème: « Modernisation de la gestion du service public d’eau » a fait état d’un recul du niveau de remplissage des barrages, passant d’un taux de 32% en décembre dernier, à 29% actuellement.

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Cette baisse s’explique par « la faible pluviométrie enregistrée ces dernières années et pas uniquement cette année », dira le ministre pour qui, les changements climatiques viennent exacerber la situation, entrainant une baisse continue de la réserve des barrages et des couches hydriques.

Se voulant rassurant,  le ministre dira que « l’alimentation en eau potable reste acceptable en général, à l’exception de certaines régions », et annonce l’élaboration d’un Plan spécial d’approvisionnement en eau potable, selon l’agence de presse APS.

Tahar Derbal a mis en avant l’importance des stations de dessalement de l’eau de mer dont le nombre sera porté à 19 à l’horizon 2024, a révélé, mardi 25 avril, Sofiane Zamiche, directeur du développement à la Algerian Energy Company (AEC), filiale du groupe Sonatrach qui s’exprimait sur les ondes de la radio national chaine 1.

Ce responsable a expliqué qu’au titre du premier programme, 11 usines de dessalement ont été réalisées sur la bande côtière, avec une capacité de production de 2,11 millions de mètres cubes par jour.

Pour sa part, le rapport de la Banque mondiale relève que d’ici la fin de cette décennie, la quantité d’eau disponible tombera sous le seuil absolu de pénurie, fixé à 500 mètres cubes par personne et par an.

Par ailleurs, il anticipe que d’ici 2050, 25 milliards de mètres cubes supplémentaires d’eau seront nécessaires chaque année pour répondre aux besoins de la région, ce qui exigerait la construction de 65 usines de dessalement de la taille de celle de Ras Al Khair, en Arabie saoudite, actuellement la plus grande au monde.

Une série de préconisations ont été faites par l’institution bancaire mondiale, pour atténuer le risque à long terme qui résultera du phénomène de la raréfaction des pluies (stress hydrique) dans la région.

Ainsi, différentes réformes institutionnelles et de gestion des ressources  doivent être  menées par les états, souligne le rapport qui insiste sur la  plus grande délégation de pouvoir qui doit être dévolue aux autorités représentatives locales en matière de répartition de l’eau, et ce, dans le cadre d’une stratégie nationale de l’eau La démarche pourrait légitimer des décisions difficiles, contrairement à des directives imposées par des ministères éloignés du terrain.

« Les pénuries d’eau sont une grave menace pour les vies humaines comme pour les moyens de subsistance, car les agriculteurs et les villes se disputent cette précieuse ressource naturelle et sollicitent excessivement les systèmes d’alimentation, explique Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA, qui a participé à Rabat à la présentation du nouveau rapport. Une nouvelle approche est nécessaire pour relever ce défi, notamment en déléguant davantage de contrôle aux autorités locales sur la façon dont l’eau est distribuée et gérée. »

Par le passé, les pays de la région MENA ont investi massivement dans de nouvelles infrastructures telles que les barrages. Ils ont exploité d’importantes ressources d’eau souterraine et accru leurs importations d’eau « virtuelle » en achetant des céréales et autres produits gourmands en eau à l’extérieur de la région.

Cette stratégie a permis d’améliorer la production agricole et l’accès aux services d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans les villes, mais le rapport constate que cette approche expansionniste atteint maintenant ses limites et que les pays seront contraints de faire des choix difficiles.

Les possibilités d’augmentation de la capacité de stockage de l’eau ne sont plus extensibles, les eaux souterraines sont surexploitées — avec des conséquences négatives sur la qualité de l’eau — et l’importation d’eau virtuelle (par le truchement de l’importation des céréales et autres produits agricoles, ndlr) expose les pays aux chocs mondiaux.

Par rapport aux investissements antérieurs dans les barrages et l’exploitation des eaux souterraines, les coûts d’investissement dans les sources non conventionnelles telles que le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées sont beaucoup plus élevés, ce qui exercera une pression supplémentaire sur les finances des pays.

Pour maximiser les possibilités d’accès aux financements climatiques et aux marchés financiers mondiaux, le rapport indique que les gouvernements de la région MENA devront mettre en place des institutions capables de convaincre ces marchés que les pays sauront générer des recettes pour honorer le service de la dette.

« L’octroi d’une plus grande autonomie aux entreprises de services d’eau pour qu’elles puissent se rapprocher de leurs clients et les informer des changements de prix pourrait également permettre de mieux faire accepter et respecter les structures tarifaires, et de ce fait limiter les risques de contestations et de troubles publics au sujet de l’eau, souligne Roberta Gatti, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région MENA.

Ce type de réformes pourrait aider les gouvernements à renouveler le contrat social avec la population de la région MENA et à renforcer la confiance dans l’État pour gérer la pénurie d’eau. »

Pour que les réformes institutionnelles aboutissent, le rapport préconise une communication claire sur la rareté de l’eau et sur les stratégies nationales en la matière, afin d’expliquer aux populations locales les motivations de certaines décisions. Cette approche a porté ses fruits dans des pays comme le Brésil et l’Afrique du Sud, où des actions de communication stratégique ont accompagné les réformes visant à réduire l’utilisation de l’eau en période de grande pénurie.

Samia Nait Iqbal

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