Le radiodiffuseur Borhen Bssais et le commentateur politique Mourad Zeghidi ont été arrêtés samedi en vertu d’un décret criminalisant entre autres la « diffusion de fausses informations », a déclaré le porte-parole Mohamed Zitouna.
Énième dérive autoritaire dans la Tunisie de Kaïs Saïed. Le tribunal tunisien a ordonné mercredi la détention provisoire de deux journalistes jusqu’à la fin des enquêtes sur leurs propos critiques, a déclaré un porte-parole du tribunal.
Le radiodiffuseur Borhen Bssais et le commentateur politique Mourad Zeghidi ont été arrêtés samedi en vertu d’un décret criminalisant, entre autres, la « diffusion de fausses informations », a déclaré le porte-parole Mohamed Zitouna.
Zeghidi fait l’objet d’une enquête pour des déclarations sur les réseaux sociaux en février dernier et un message de soutien à Mohamed Boughalleb, un autre journaliste et critique du président Kais Saied qui a été arrêté séparément.
Borhen Bssais a été arrêté pour « avoir porté atteinte au président Kais Saied par le biais d’émissions radiophoniques et de déclarations » en ligne entre 2019 et 2022, selon son avocat Nizar Ayed.
Leur procès devrait débuter le 22 mai, selon leurs avocats.
Les deux personnalités médiatiques sont poursuivies en vertu d’une loi ratifiée par Saied en septembre 2022.
La loi punit d’une peine maximale de cinq ans de prison les personnes qui utilisent les réseaux sociaux pour « produire, diffuser (ou) diffuser… de fausses nouvelles » et « calomnier autrui, ternir leur réputation, leur nuire financièrement ou moralement ».
Des journalistes et des personnalités de l’opposition ont déclaré que cette mesure avait été utilisée pour étouffer la dissidence.
Depuis l’entrée en vigueur du décret, plus de 60 journalistes, avocats et personnalités de l’opposition ont été poursuivis en vertu de ce décret, selon le Syndicat national des journalistes tunisiens.
La même nuit, Bssais et Zeghidi ont été placés en garde à vue, des policiers masqués ont perquisitionné le barreau tunisien et arrêté l’avocate Sonia Dahmani, également en vertu de la même loi.
Lundi, un autre avocat a été arrêté de force au siège de l’association.
Le bâtonnier, Hatem Meziou, a appelé mardi à mettre fin aux « abus de pouvoir » et aux « violences » visant les avocats.
L’Union européenne a également exprimé son inquiétude face à une série d’arrestations de personnalités de la société civile en Tunisie – dernier signe d’une répression plus stricte des libertés sous Saïed. Ce dernier s’illustre chaque jour avec des mesures répressives de plus en plus violentes.
Les organisations non gouvernementales ont dénoncé le recul des libertés en Tunisie depuis que Saïed a commencé à gouverner par décret après une prise de pouvoir radicale en 2021.
Avec AFP