Lundi 12 avril 2021
L’Algérie, Israël et l’Iran
Pendant que l’Algérie discutait en Conseil de défense des moyens de venir à bout du réseau zitotiste à l’étranger composé de quelques chats, un haut responsable militaire du Polisario était abattu sur la ligne de démarcation séparant la souveraineté marocaine de la souveraineté sahraouie par un drone.
La technique et la précision des moyens utilisés portaient la signature reconnaissable d’Israël. Cette opération est le premier fruit de la coopération militaire ouverte par les « Accords d’Abraham » qui ont vu le Maroc reconnaître officiellement l’occupation de 90% de la Palestine par Israël, en échange de la reconnaissance par Israël de l’occupation de 90% du Sahara occidental par le Maroc. Les bons comptes font les bons amis.
Si le commandant en chef de la Gendarmerie sahraouie en a été la première victime, Allah irahmou, il ne sera certainement pas le dernier car la présence d’Israël à quelques kilomètres de nos frontières va modifier la nature des combats entre forces sahraouies et forces marocaines, désormais épaulées par des experts et des équipements israéliens.
Cette opération d’élimination physique ciblée a eu lieu peu de temps avant la déclaration du ministre marocain des Affaires étrangères où il invitait ironiquement l’Algérie à reprendre le dialogue avec son pays sur ce dossier qui n’a plus les mêmes acteurs depuis l’annonce de l’installation de représentations consulaires de plusieurs Etats dont les Emirats, les Etats-Unis et le Sénégal sur le territoire sahraoui contesté devant l’ONU depuis les années 1960.
Le Maroc qui fait la politique pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle aurait à voir avec le « sacré », contrairement à nous, a compris qu’il valait mieux avoir Israël de son côté que l’ONU et son Conseil de sécurité qui ont probablement du sens pour les 200 Etats du monde mais pas pour lui, fournisseur unique sur la planète d’Assurances-vie valables en tout temps, de paix comme de guerre.
Quelques mois après l’entrée en vigueur de ces « Accords » judicieusement nommés pour les faire accepter par les peuples musulmans à qui les ulémas vont rappeler avec force émotion qu’Ismaël et Isaac étaient les fils d’Abraham par Agar et Sarah, les premiers fruits pour les uns et les premières pertes pour les autres sont apparus.
Nous voilà, peuple en «Hirak» et pouvoir obnubilé par sa guerre électronique contre les Facebookers, prévenus : la donne a changé à nos frontières sud-ouest. Qu’allons-nous faire ? Qu’est-ce qui va changer chez nous ?
La énième cyber-attaque israélienne hier contre la centrale nucléaire iranienne de Natanz qui venait de réceptionner en grande pompe une nouvelle génération de centrifugeuses pour accélérer le processus d’enrichissement de l’uranium, nous a emplis de rage en reproduisant sous nos yeux lassés depuis 1948 du spectacle de l’impuissance hurlante arabo-islamique face à l’efficacité silencieuse israélienne. Israël agit, frappe et fait mal, l’Iran s’agite, menace et efface les traces des coups reçus.
Jamais dans l’histoire du nucléaire civil ou militaire un pays n’a fait ce que fait l’Iran, c’est-à-dire mener un tapage diurne et nocturne de tous les diables autour de son programme nucléaire, exhibant ses installations, informant le monde sur la progression du taux d’enrichissement et laissant entendre depuis le début contre qui il ferait usage d’une bombe qu’il n’aura jamais car Israël ne le lui permettra jamais.
Comme avec les Arabes avant lui, la portée des paroles iraniennes est infiniment plus longue que la portée de ses armes à la grande exaspération du monde qui aurait eu plus de respect pour lui s’il avait été humble dans ses démonstrations verbales et prodigieusement efficace dans ses actes. Ne serait-ce que dans la protection de ses projets, de ses installations et de ses effectifs scientifiques qui sont liquidés les uns après les autres par le Mossad.
Si le territoire Israélien demeure à 3000 km de portée des plus performants des missiles iraniens, l’Iran n’est plus qu’à 40 km des tirs israéliens à partir du sol émirati où il a pris pied. Si l’Iran rêve de posséder une bombe atomique, Israël en possède des centaines depuis des décennies. Et quoi qu’entreprenne Israël de bon ou de mauvais, il sera soutenu de bon cœur ou à contrecœur par l’Occident en entier même si cela devrait entraîner la fin du monde.
On va encore me dire que c’est du défaitisme, que je défends la « normalisation » avec l’occupant sioniste, me vilipender et appeler à des poursuites contre moi pour trahison et atteinte au moral des vaillantes armées arabes, berbères, chiites, sunnites ou je ne sais quoi d’autre. Mais qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou pas, c’est la vérité, l’unique vérité, l’éternelle vérité, qu’elle s’appelle « mektoub » ou privilège du « peuple élu ». Jusqu’au jour où c’est nous qui changerons pour cesser d’être d’éternels perdants.
Nous en avons assez de la posture de « mendiants et orgueilleux » et d’éternels perdants alors qu’au moment où j’écris ces mots nous montrons au monde combien « la nouvelle Algérie » est plus incapable que l’ancienne de gérer la distribution de l’huile, de la semoule et des billets de banque.