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L’Algérie, un pays en panne

Népotisme, paralysie des institutions, incompétence…

L’Algérie, un pays en panne

A la sinistrose d’une Algérie qui régresse de jour en jour s’ajoute le deuil du dernier crash de l’avion militaire à Boufarik !  Profondément touchés, les Algériens sont unanimes à affirmer qu’il s’agissait d’un terrible drame national. Dans les foyers, les rues, les médias, et surtout les réseaux sociaux, leurs réactions ont suscité un magnifique élan de solidarité. Mais au-delà de cet éveil de conscience, c’est l’épuisement inquiétant des nôtres qui pousse aujourd’hui à mille et une interrogations. Si l’on pose par exemple la question suivante : « quel est ton projet dans un proche avenir? », à n’importe quel jeune dans une rue à Constantine, Chelghoum Laid, Oued Rhiou, Oran, Béchar ou ailleurs, on aura vite droit à une réponse du genre : « je quitte ce pays! »

Cette lassitude et ce refus de vivre au bercail ont atteint le paroxysme chez nos jeunes, au point qu’il paraît honteux même pour certains d’entre eux d’avouer le contraire. Si le départ à l’étranger est un pis-aller pour certains, il est, hélas, un rituel à la mode, voire « une obligation » pour beaucoup.

J’ai croisé récemment un ingénieur d’une importante société d’hydrocarbures implantée au grand sud dans une cafétéria à Alger qui, tout joyeux qu’il était, m’aurait avoué entre deux verres qu’il voulait partir. « Mais où? », lui ai-je répliqué, tout étonné « n’importe où pour peu que je quitte cette roue qui tourne dans le vide! », lâche-t-il, dépité. « Ne me dis pas que tu es gangrené, toi aussi, comme tous ces jeunes-là par le virus de la harga? ». « Peut-être oui! », me souffle-t-il avant de me jeter un clin d’oeil complice.

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En scrutant bien le regard de mon interlocuteur, j’ai senti comme une étincelle de sincérité jaillir de ses yeux. Et pourtant, me confirme-t-il juste après, « ça paye bien là où je travaille, il y a de l’esprit de l’équipe et l’ambiance dans les chantiers d’exploration est plutôt sympa » « pourquoi alors? » « c’est comme ça ! » balance-t-il, indifférent. Des centaines d’étudiants, de chômeurs, de cadres, d’intellectuels partagent, de nos jours, le même état d’esprit. Partir est, semble-t-il,  » la maladie du siècle en Algérie ».

A l’heure du chacun pour soi, le temps n’est plus à la mobilisation collective. Comme pour compenser – ou peut-être conjurer leur désenchantement -, les Algériens se détournent de la chose politique. Voilà qui paraît bien incompréhensible dans une période de souffrance sociale aussi aiguë que la nôtre. Ainsi se retrouve-t-on tous entraînés, malgré nous, dans une spirale inexorable de répétition de l’échec  qui n’a d’autre issue que le spectre de la désespérance.

 

Auteur
Kamal Guerroua

 




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