20 avril 2024
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L’attentisme : le pari dangereux du pouvoir

DEBAT

L’attentisme : le pari dangereux du pouvoir

L’autisme opposé aux revendications du Mouvement de dissidence populaire a toutes chances de galvaniser la volonté et la détermination populaires. Il ne fait qu’exacerber une tension qui se fait de plus en plus perceptible, même si elle n’affecte pas encore le caractère pacifique des manifestations.

Mais il est tout aussi manifeste que les slogans se font de plus en plus virulents depuis deux semaines et de plus en plus incisifs devants les atermoiements et les tentatives de diversion.

Comme il fallait s’y attendre les « décideurs » n’ont pas résisté à la tentation de la division et le syndrome du bouc émissaire n’a pas tardé à ressurgir. Massives, affichées, clamées, chantées sur tous les tons, les revendications populaires, simples dans leur formulation, n’ont pas encore, après dix semaines de manifestations, reçu l’écho attendu.

A la demande de démantèlement du « Système et de changement de régime,le pouvoir propose de livrer au peuple quelques victimes  expiatoires dans une sorte de retour anachroniques aux rites sacrificiels des temps antiques.

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Des rites avec lesquels le « Systême » n’a jamais rompu,en vérité, et auxquels il recourt volontiers, chaque fois qu’il s’agit de détourner la vindicte publique: au pire on met à l’index « les forces du mal » dont jamais  aucun Algérien n’a aperçu la figure.

A l’origine, la notion de bouc émissaire s’attachait à une pratique religieuse  hébraÏque ayant pour but de se purifier des péchés commis tout le long de l’année et d’implorer le pardon de Dieu ; les prêtres réclament alors deux boucs : l’un est sacrifié en guise de victime expiatoire, l’autre est érigé en « émissaire » et jeté dans le désert et contraint à » l’exil » afin d’éloigner les fautes dont il est porteur. Il s’agit de tenir à l’écart « les forces du mal.

On conjurait ainsi les fléaux,considérés comme étant la manifestation de la colère divine devant les péchés commis par la communauté.

Dans les sociétés antiques, on éliminait ainsi le mal  par le recours à des sorcières qui grâce à des pratiques magiques on mettaient ce mal à la charge d’une personne, d’une tribu, d’un groupe, d’un animal, d’une plante ou d’un objet. Ces pratiques relévent de la pensée magique.

La rue n’a eu de cesse de dénoncer la pensée magique,en même temps qu’il n’a cessé de se battre pour l’instauration d’un Etat moral. C’est ce que réclament les vagues hebdomadaires du Mouvement de dissidence populaire qui, sans désemparer, déferle imperturbablement chaque vendredi dans nos rues.

Le fléau de la corruption, dont on soupçonne à peine l’ampleur, apparaît aujourd’hui comme un phénomène mettant en jeu la sécurité nationale et c’est de cette manière qu’il devra être abordé. Ce sera l’oeuvre d’un gouvernement dont la légitimité sera indiscutable et celle d’une Magistrature impeccable qui prendra en charge les dossiers loin de tout esprit de revanche et de  toute intention de représailles.

Des mesures  de sauvegarde doivent, certes, être prises d’urgence afin de préserver l’économie nationale et nos finances publiques de toute nouvelle atteinte.

Prétendre confier une telle tâche à un gouvernement improbable, constitué de bric et de broc dans la hâte et le désarroi d’un ultime combat d’arrière-garde est pour le moins présomptueux serait une nouvelle atteinte à une Constitution que l’on prétend respecter, puisque ce gouvernement est censée se tenir à l’expédition des affaires courantes.

A moins que l’on considère le traitement de cette lèpre corruptrice qui ronge la société comme relevant des affaires courantes à expédier entre deux audiences.  

S.A.H.

Auteur
Sid Ali Hattabi

 




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