Jeudi 9 avril 2020
Le confinement partiel risque d’aggraver la propagation du Covid-19 en Algérie
L’introduction de la maladie Covid-19 en Algérie a dévoilé au monde entier l’état de non-gouvernance qui règne dans notre pays ; ce que les algériens savent depuis 1962 puisqu’ils en sont les souffre-douleurs. Cette pandémie a aussi permis de confirmer que les décideurs algériens sont très loin de mériter le pouvoir qu’ils accaparent illégitimement et que leur unique souci est de préserver les privilèges qu’ils s’octroient aux dépens du peuple.
Les tenants du pouvoir gèrent le pays par l’improvisation en tâtonnant à l’aveugle. Il est pour le moins déplacé, par exemple, de voir le ministre du Commerce se chamailler avec les vendeurs de pommes de terre dans les marchés et leur fixer de force les prix de leurs marchandises ; cela dénote bien qu’il ne connaît pas son rôle et ne sait pas faire autre chose qui puisse organiser et développer ce secteur. Le summum du ridicule est atteint quand les services de la propagande de l’État nous montrent le premier ministre accompagnés du ministre de la Santé et de nombreux hauts responsables attendre à l’aéroport tout contents de réussir l’exploit d’être parvenus à acheter de Chine huit millions de bavettes ; ce qui représente une bavette pour cinq habitants.
Si le pays fonctionne encore tant bien que mal c’est grâce aux sacrifices et au dévouement de ses valeureux enfants qui travaillent en silence dans l’ombre.
Le fossé entre les gouvernants et les citoyens en Algérie est abyssal. Quand les responsables parlent on dirait qu’ils parlent d’un autre pays ou ils s’adressent à un autre peuple. Le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune n’a pas dérogé à cette règle lors de sa rencontre avec trois liseurs de questions bien notées sur des feuilles posées devant eux ; il nous a rappelé que l’Algérie est le premier pays à avoir pris toutes les mesures qu’il faut pour endiguer la progression de la Covid-19. Il nous a aussi informés que nous ne manquons de rien sauf de discipline. Si ce qu’il dit est vrai, et puisque son équipe actuelle n’est installée aux commandes que depuis environ trois mois, ça ne peut être que le fruit de la gouvernance pourtant tous les jours décriée par tous, même par les actuels gouvernants, exercée pendant vingt ans par la précédente bande et ses agents dont beaucoup se trouvent à présent dans les prisons du système qui les a produits;
Le ministre de la Santé dit et insiste qu’il est impératif pour les citoyens d’éviter les rassemblements qui aggravent la situation. Quelle formidable découverte à laquelle personne au monde n’a pensé avant lui ! Mais peut-il comprendre que ce sont les décideurs, par leurs décisions incongrues et irréfléchies qui obligent les citoyens à se rassembler ? Eh bien, voilà comment : depuis le dimanche 05 avril 2020, le couvre-feu étendu à tout le territoire national est allongé dans neuf wilayas des plus peuplées du pays et surtout où la densité de la population par le kilomètre carré est la plus élevées ; les citoyens n’ont le droit de sortir qu’entre sept heures du matin et quinze heures de l’après midi. Soit pendant huit heures seulement sur 24 heures. Ce qui ajoute à l’incompréhensibilité de cette mesure, c’est la façon avec laquelle elle est édictée ; elle est annoncée dans un style militaire à appliquer sans aucune explication. Cela renseigne grandement sur son origine.
Sur les chaînes de télévisions étrangères, nous avons entendu toutes les explications qu’il faut au sujet de la nécessité et de l’utilité du confinement total, données par de vrais grands spécialistes qui l’ont recommandé pour les pays développés ayant les moyens de leur politiques. Le couvre-feu ordonné par les autorités algériennes est une contrefaçon du confinement sanitaire instauré dans les pays européens. Pourquoi nos décideurs se casseraient-ils la tête à réfléchir pour trouver ce qui convient aux conditions de notre pays puisqu’il ya des chaînes de télévisions d’où ils copient tout ce que les autres font dans leurs pays ?
Mais comme ils savent qu’instaurer un vrai confinement sanitaire en Algérie est irréalisable et conduira sans aucun doute le peuple à se révolter et sortir dans les rues car cela reviendrait à l’affamer ; ce qui va accabler davantage le régime algérien sur la scène internationale, ils ont instauré un presque-confinement qui est un couvre-feu durant seize heures sur les vingt-quatre heures.
Parce qu’ils savent que les conséquences d’un vrai confinement total en Algérie seraient désastreuses sur tous les plans. D’ailleurs c’est ce qui pousse de nombreux opposants à essayer par tous les moyens de fourvoyer les tenants du pouvoir dans cette voie pour mieux les abattre afin de les dézinguer une fois la catastrophe arrivée à cause d’une telle décision.
Le confinement nocturne est le mieux adapté pour notre situation, mais considérant que plus on se rapproche du confinement total plus c’est mieux, ou peut-être par calcul pour d’autres choses, les tenants du pouvoir dans notre pays ont instauré ce couvre-feu à partir de 15 heures qui est finalement plus dangereux que l’absence totale du confinement.
En effet, maintenant que les citoyens ne vaquent pas à leurs occupations habituelles, ils ne se lèvent pas tôt le matin ; et comme ensuite ils n’ont que quelques heures devant eux pour sortir afin de faire leurs achats ou régler leurs affaires ; cela conduit inévitablement à des regroupements forcés, à des bousculades devant les étals des marchés et à de longues chaines humaines devant les caisses des supérettes et des épiceries. C’est de cette façon que les conditions de contamination par le coronavirus ont été créées. Et puis chaque contaminé rentre chez lui pour contaminer les siens et le cycle continu tous les jours.
Espérons que les meilleurs médecins au monde dont parle le chef de l’État arrivent à se convaincre et à convaincre les décideurs que le confinement total va ruiner le pays et le confinement partiel allongé va aggraver la propagation de la Covid-19 ; seul le confinement nocturne nous convient, et le respect strict de toutes les mesures barrières et de la distanciation sociale peut nous sauver.