28 avril 2024
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Le dernier rapport du FMI montre que Layla Lefèvre-Haddad a vu juste

Tribune

Le dernier rapport du FMI montre que Layla Lefèvre-Haddad a vu juste

Dans son rapport publié il y a quelques jours, le FMI pointe une économie algérienne toujours dépendante de la rente pétrolière. 

L’évaluation de la situation économique de l’Algérie que vient de publier le FMI redit d’une manière plus financière ce que la journaliste Layla Lefèvre-Haddad avait dit avec ses tripes dans sa vidéo.

Le rapport du Fonds monétaire international (FMI) sur l’Algérie publié à la mi-juin montre la situation peu enviable dans laquelle le gouvernement a mis les finances du pays. L’organisme constate que, bien que la situation se soit un peu améliorée en 2017, le pays continue à affronter une situation financière problématique en raison de la baisse du prix du pétrole. Il dénonce aussi le grand déficit du compte courant du gouvernement qui se finance en imprimant de l’argent. La réserve en devise de l’État, quant à elle a diminué de 15 milliards de dollars et est maintenant de 96 milliards.

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Dans son analyse, l’organisme considère même que les actions que prend actuellement le gouvernement vont accélérer la croissance économique à court terme, mais vont probablement augmenter le débalancement fiscal. À moyen terme, le gouvernement crée un risque d’inflation, une accélération de la fonte de ses réserves en monnaie internationale et une diminution de la croissance.

Le rapport montre de plus que le taux de sans-emplois est passé de 10,5 % qu’il était en septembre 2016 à 11,7 % un an plus tard. Il est même de 28,3 % chez les jeunes et de 20,7 % pour les femmes. Chose encore plus importante, le FMI considère que les récentes actions prises par le gouvernement vont possiblement réduire la résilience économique de l’Algérie aux chocs économiques et aux problèmes internes autant qu’externes. Dans son tableau comparatif de l’état d’avancement des points sur lesquels le FMI fait un suivi, il note aussi qu’il n’y a eu aucun progrès au niveau des processus de gestion de crise dans le pays, ni au niveau du cadre bancaire qui nécessiterait de définir clairement les rôles et responsabilités dans ce dossier. Les processus de mitigation des risques n’auraient pas non plus été améliorés depuis le dernier rapport.

Le FMI conclut donc que l’économie algérienne est en transition et doit affronter de sérieux vents de face. Point positif, il affirme que, ce qui est appliqué des réformes demandées, est bien séquencées et introduit à un rythme modéré.

Ce rapport du FMI met donc des chiffres là où la journaliste belgo-algérienne Layla Lefèvre-Haddad mettait le 31 mai des sentiments dans sa vidéo destiné à convaincre Abdelaziz Bouteflika de ne pas demander un cinquième mandat à l’élection présidentielle prévue au printemps 2019.

On peut d’ailleurs attribuer à la justesse de ses propos le fait qu’elle ait causé autant de réactions de partisans du régime. Sans aucun respect pour la liberté d’expression, le gouvernement algérien a demandé des excuses à Bruxelles. Elle a même été agressée physiquement devant son domicile le 4 juin par deux hommes. Plusieurs membres de sa famille encore en Algérie auraient de plus peur pour leur vie. Une poignée de dirigeants algériens qui détient un pouvoir quasi absolu sur leur société tente donc actuellement de faire pression sur la communauté internationale pour qu’elle n’exprime pas publiquement tout le malaise qu’il y a à voir le président Bouteflika briguer un cinquième mandat.

Les finances ne sont pas le seul problème qu’a le gouvernement algérien à respecter les règles internationales. Au niveau des droits de l’homme, il vient d’être dénoncé une autre fois pour ne pas honorer ses engagements internationaux. Le rappel à l’ordre concernant la gestion des flux de migrants se trouvant sur le sol algérien, adressé par le Haut Commissariat des droits de l’homme des Nations unies à l’Algérie le mois dernier, n’a jusqu’à maintenant entraîné aucun changement de situation. L’Organisation internationale du travail (OIT) vient aussi de décider au début du mois juin d’envoyer une délégation de haut niveau en Algérie pour faire le point sur la situation des libertés syndicales.

Dans l’affaire Layla Lefèvre-Haddad, un diplomate européen a aussi rappelé vertement au gouvernement Bouteflika que la liberté d’opinion et la liberté de la presse n’ont pas de frontières.

Quiconque affirme que la présidence n’est pas une fonction vacante ne lit tout simplement pas les journaux internationaux. Abdelaziz Bouteflika n’a été vu sur aucune scène internationale depuis son accident vasculaire cérébral en avril 2013. Il fait pourtant partie de la fonction du président de l’Algérie d’aller représenter son pays à l’étranger, ce qu’il n’a pas fait une seule fois de tout son présent mandat.

Il n’a pas non plus fait un seul discours public ni tenu une conférence de presse internationale dans ce mandat. Si on regarde le système politique algérien, il n’y a pas de preuve tangible qu’il y a une vraie démocratie.

Par contre, la reconduction perpétuelle d’un seul parti à la tête du pays laisse croire que ce régime est fondamentalement autoritaire. Rappelons que le président de la haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelouahab Derbal, admettait publiquement aux dernières élections législatives qu’il n’existait aucune « garantie légale » du bon déroulement des opérations électorales et que l’administration avait annulé des candidatures sans argument juridique. Les partis ont donc vu certains de leurs candidats être rejetés sur une base politique, ce qui est l’antithèse de la démocratie.

La vidéo de Layla Lefèvre-Haddad a fait autant de bruits parce qu’elle touchait un point sensible en attirant l’attention sur le problème d’image que constitue la perpétuelle reconduction au pouvoir d’un individu visiblement incapable de remplir plusieurs fonctions de sa charge. La réaction de l’ambassade d’Algérie à Bruxelles à cette vidéo filmée au siège du Parlement européen démontre à quel point ce régime est devenu sensible à la critique internationale. Pourtant, ce n’est pas comme s’il manquait en Algérie de politiciens ayant l’envergure nécessaire pour ce poste.

La ministre de la Poste, des Télécommunications, des Technologies et du Numérique, Houda Imane Faraoun, scientifique de formation, brille actuellement d’une intense lumière. Pendant ses années au gouvernement, elle a positionné son pays sur le marché continental des télécommunications de telle manière qu’il est difficile de ne pas penser à elle quand on parle du génie algérien. Sa présence à la tête de l’État serait non seulement salué par toute l’intelligentsia et la communauté scientifique algérienne, mais aussi la communauté internationale. Mais pour des questions de pouvoir et d’argent, quelques décideurs algériens veulent plutôt forcer un cinquième mandat sur un homme qui n’a visiblement plus les capacités pour représenter son pays autant devant son peuple qu’à l’étranger.

Auteur
Michel Gourd

 




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