19 mai 2024
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Le Forum civil pour le changement doit transcender ses ambiguïtés

TRIBUNE

Le Forum civil pour le changement doit transcender ses ambiguïtés

Il est temps de libérer Lakhdar Bouregaâ et le général Benhadid.

Nous avons été nombreux à nous réjouir de l’initiative prise par le Président du Forum civil pour  le changement, Abderrahmane Arar, personnalité qui s’est beaucoup investie dans le mouvement associatif, en présentant une liste de 13 personnalités, connues pour leur autorité morale et intellectuelle,  leur indépendance d’esprit, leur engagement en faveur du mouvement populaire et leur neutralité actuelle vis-à vis de l’Institution militaire.   

1. Toutefois, il est pour le moins insolite que ces membres aient appris leur désignation par voie de presse, n’aient pas été consultés au départ et qu’il ne leur a pas été demandé si elles subordonnaient ou non leur acceptation au dialogue à des conditions préalables 

A l’exception de la moudjahida Djamila Bouhired, qui a d’emblée refusé d’en faire partie pour des raisons légitimes, les autres membres n’ont fait valoir aucune restriction à leur participation. La seule personne qui peut se prévaloir d’une totale cohérence en la matière est mon amie, la professeure Fatiha Benabbou, pour qui l’amorce d’un dialogue avec les décideurs relève de l’urgence.

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2. Peu à peu, Karim Younès, Mokdad Sifi, Nacer Djabi et d’autres ont subordonné leur participation à des préalables qui s’adressent à l’institution militaire et auxquelles celle-ci devra répondre Pour quelles raisons, ces préalables n’ont-ils pas été posée d’entrée de jeu, alors que depuis des semaines, les autres forces du changement considèrent que la condition sine qua non du dialogue avec le pouvoir est l’élargissement de tous ceux et de toutes celles qu’il est convenu d’appeler, des « détenu(e)s d’opinion. » ?

Le 23  juillet, de retour d’un séjour à l’étranger, le Dr Ahmed Taleb Ibrahimi, tout en exprimant sa reconnaissance au FCC d’avoir pensé à lui pour co-animer le dialogue avec le pouvoir, pose comme condition que la Commission des 13- 1 soit indépendante et souveraine.

A l’heure où il est fait reproche au pouvoir d’avancer masqué, il serait bienvenu que l’ancien ministre des Affaires étrangères explique les raisons pour lesquelles il suspecte la Commission du dialogue de manquer d’indépendance et de souveraineté. Vise-t-il certains des membres qui la constituent ? Ou bien dispose-t-il d’éléments documentés attestant que la Présidence de la République ou l’Institution militaire ont cherché à interférer dans son office, d’une manière ou d’une autre ? Monsieur Arar n’a pas caché qu’il y avait des contacts informels entre le FCC, la Présidence de la République et l’Institution miliate, ce qui normal pour déterminer les termes du dialogue et les conditions de son ouverture. 

La raison d’être de la Commission du dialogue est de travailler dans l’indépendance et la liberté les plus larges, sauf à servir de faire-valoir au pouvoir, ce qui serait inacceptable pour ses membres. Cette Commission doit en principe élaborer son propre règlement intérieur, disposer de toute latitude pour concevoir sa feuille de route, prendre attache avec les autres représentants de la société civile et des partis politiques pour aboutir, in fine, à un ensemble de propositions et recommandations susceptibles de servir de socle au dialogue destiné à enraciner l’Etat de droit. 

3. La balle sera  dans le cas du Haut Commandement Militaire le jour où les membres de cette Commission sauront exactement ce qu’ils veulent et l’exprimeront de façon claire et précise. Les allusions du Dr Taleb Ibrahimi sur l’absence d’indépendance et de souveraineté de la Commission (qui n’est ni un mini-Parlement élu ni une instance disposant de pouvoirs de décision) s’apparentent, pour le moment à des procès d’intention (à l’adresse de qui ?) et ne font pas progresser les protagonistes dans la voie d’une solution à la crise. 

Pour autant, le Haut Commandement Militaire doit étudier sérieusement l’hypothèse de la libération du commandant Lakhdar Bouregâa, celle du Général Hocine Benhadid (dont les idées sont aux antipodes des miennes et son soutien au Général Mediène est la pire erreur politique qu’il ait commise dans sa carrière), ainsi que la libération des jeunes à qui on n’a pas appris à chérir le drapeau algérien, mais qui sont des victimes. Les uns comme les autres n’ont pas leur place dans un établissement pénitentiaire, mais auprès de leurs parents, épouses, frères et sœurs, dans la chaleur du cocon familial, surtout pour le commandant Bouregâa (86 ans) et le général Benhadid, tous deux gravement malades. Ceci posé, il est inconcevable de réputer détenu d’opinion celui ou celle qui fomente ou participe à un complot contre l’Etat, ses institutions, son armée et donne son acquiescement  à l’arrestation et même l’élimination physique projetée du Chef d’État-major et des membres du Haut Commandement Militaire.  

4. Nous avons seulement deux certitudes aujourd’hui : l’élection présidentielle, quelle que soit sa date, se déroulera dans la transparence la plus totale et sera la plus démocratique de l’histoire de l’Algérie indépendante, l’Institution militaire n’ayant pas son propre candidat et s’étant engagée à n’en pas adouber. Il est temps que tous ceux qui sont en train de faire perdre du temps à ce pays qui affronte la crise économique la plus sérieuse de son histoire (à certains égards, celle de 1986 était fondamentalement une crise d’illiquidité, mais l’Algérie était un pays largement solvable) en prennent enfin conscience.  

Auteur
Ali Mebroukine, Professeur de droit                         

 




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