Jeudi 20 juin 2019
Le gouvernement britannique suspend la vente d’armes à l’Arabie saoudite
Le gouvernement britannique va suspendre l’attribution à l’Arabie saoudite de nouveaux contrats de ventes d’armes pouvant être utilisées au Yémen.
Une décision de la cour d’appel de Londres qui appelle le gouvernement à « reconsidérer » ses pratiques en la matière. Dans le même temps, le Sénat américain a bloqué un important contrat d’armement avec l’Arabie saoudite pour dénoncer les ravages de la guerre au Yémen et l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi.
La décision de la cour d’appel de Londres intervient à la suite d’une longue bataille entamée en 2015 par une organisation qui milite contre le commerce des armes et voulait obliger le gouvernement britannique à suspendre ses ventes de bombes et d’avions de chasse à Riyad.
L’Arabie saoudite est impliquée militairement au Yémen depuis 4 ans dans une guerre civile sanglante. Selon l’ONG, le Royaume-Uni s’est rendu coupable de « violations graves et répétées » du droit humanitaire international en fournissant des armes à la coalition se battant au Yémen.
La cour d’appel de Londres a estimé que la vente d’armes avait été entachée d’une « erreur de droit » dans le contexte de la guerre et demande à Londres de reconsidérer la question.
Par la voix du ministre du Commerce international, Liam Fox, le gouvernement n’a pas caché sa frustration se disant clairement en désaccord avec le jugement et annonçant son intention d’interjeter l’appel.
En attendant, Londres n’a d’autre choix que de suspendre l’attribution de nouveaux contrats de ventes d’armes à Riyad bien que les licences déjà accordées se poursuivront.
Mais pour l’ONG qui poursuivait Londres, cet arrêt est historique et devrait pousser le gouvernement à revoir toutes les décisions d’exporter des armes vers l’Arabie saoudite.
Le Sénat américain bloque une vente d’armes à l’Arabie saoudite
Dans la foulée de la décision de la cour d’appel de Londres, le Sénat américain a bloqué jeudi un important contrat d’armement avec l’Arabie saoudite pour dénoncer les ravages de la guerre au Yémen et l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Plusieurs élus républicains se sont joints aux démocrates. Un geste de défiance à l’égard du président américain.
La résolution adoptée au Sénat par 53 voix contre 45 s’oppose à la vente d’armes de munitions et de matériel militaire à l’Arabie saoudite, aux Émirats Arabes Unis et à la Jordanie. En tout, 22 contrats sont bloqués pour un montant de plus de 8 milliards de dollars. Le vote des sénateurs sera sans aucun doute confirmé par la chambre à la majorité démocrate, et constitue un revers pour le président.
Donald Trump avait autorisé ces ventes d’armes en mai, sans consulter le Congrès en arguant d’une situation d’urgence provoquée par l’Iran. Les élus du Congrès dénoncent la volonté de la Maison Blanche de contourner leurs pouvoirs, mais évoquent aussi la guerre menée par l’Arabie saoudite au Yémen, et l’assassinat en octobre 2018 de Jamal Khashoggi pour expliquer leur refus de contribuer à l’expansion des moyens militaires de Riyad.
La responsabilité du prince héritier saoudien dans la mort sordide du journaliste a été confirmée par une enquête de l’ONU, mais n’a jamais été admise par la Maison Blanche. Lindsey Graham, un proche de Donald Trump, fait partie des sénateurs républicains qui ont osé défier le président. Pour mener à bien ces ventes d’armes, celui-ci va être contraint de faire usage de son droit de veto.