27 avril 2024
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Le Hirak doit-il paralyser totalement l’Algérie pour vaincre ?

REGARD

Le Hirak doit-il paralyser totalement l’Algérie pour vaincre ?

Dans le prolongement du formidable mouvement populaire algérien, on est nombreux à se poser des questions sur la capacité du Hirak à en finir avec le système pourri du FLN.

Certes, en neuf mois de protestation de la population, bien des acquis sont palpables et si ce n’est et non le moindre pouvoir crier en public son mécontentement envers une classe politique corrompue. En fin de parcours, la contre-révolution menée tambour battant menée par l’Etat-major de l’armée et ses relais civils pose beaucoup de problèmes au mouvement populaire. Il va de soi que pour les plus avertis de la réalité algérienne, la deuxième révolution algérienne allait être inéluctablement confrontée au noyau dur du pouvoir réel qui contrôle depuis 1958 tous les centres de décisions.

Cette réalité du pouvoir de l’Etat apparaissant sans visage et laissant place à des marionnettes civiles est largement partagée par la majorité de la population au point que les généraux paient à chaque manifestation de leur grade. Le slogan qui revient le plus lors des marches quotidiennes est sans commune mesure celui de l’usurpation de la légitimité populaire par l’armée.

Le fait que les protestataires algériens scandent sans relâche, « dawla madani’a machi askaria » n’est pas seulement le signe d’une maturité politique de la population mais c’est la dénonciation à l’état pur de l’usurpation du pouvoir par les militaires algériens. Loin de là de rappeler la mainmise des officiers de l’armée sur toutes les instances régaliennes de l’Etat mais c’est surtout le jeu de cirque orchestrée par cette même institution lors des échéances importantes qui a été mis à nu.

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En effet, la connivence des officiers supérieurs de l’armée est de mise avec tous les apparatchiks qui se sont succédé au point que le chef d’état-major de l’armée lui-même est soupçonné de corruption par la principale agence de renseignements américains. Sur ce plan, il y aurait à beaucoup dire sur le pouvoir exorbitant qu’a l’armée en Algérie parce qu’elle contrôle quasiment tous les leviers de commande de l’Etat.

En plus d’un systématique élargissement de ses compétences, on peut dire qu’elle à la main sur les hydrocarbures, principale ressources du pays. Pour y croire, il faut voir comment elle surveille le territoire et plus exactement les champs pétrolifères. Si les milieux urbains sont soumis à l’œil de la police, terrorisme oblige, de larges parts du territoire national sont quadrillés par les contingents de l’armée. Le plus anodin de ces contrôles ce sont les axes routiers qui sont systématiquement l’objet d’une surveillance ininterrompue par la gendarmerie.

Dès lors, on ne peut pas dire est les forces armées sont dévolues à leur rôle constitutionnel cependant elles maintiennent une pression permanente sur la population algérienne pour mieux la soumettre. Tout compte fait, les moyens que détient l’armée sont disproportionnés par rapport à la richesse du pays. Si les choses sont discutables du point de vue de la lutte anti-terroriste, il n’en n’est pas de même du budget du ministère de la défense nationale qui par ailleurs n’est soumis à aucun contrôle par le politique. Cela étant dit, le fonctionnement de l’armée et ses attributions sont à l’image d’un Etat sclérosé au point que ce dernier ne peut servir qu’une clique d’oligarques venus de divers horizons.

En ce sens, il apparaît que la rigidité du régime s’explique par son incapacité à intégrer dans son logiciel l’évolution de la société algérienne. Il semble que la société qui a connu une multitude de dures épreuves est la meilleure preuve de la conscience politique des Algériens défiés par un général. A tout épreuve vaut sa peine, il résulte que la société algérienne a évolué au point que les techniques de la gouvernementalité de l’Etat archaïque apparaissent obsolètes. Dans l’ensemble la société qui forme le peuple en marche n’est pas simplement la coagulation des segments sociaux mais elle est bel et bien cet état social où s’organise les différentes formes conventionnelles du vivre ensemble. Malheureusement, le système autoritaire algérien organisé autour du chef d’Etat-major de l’armée est incapable de répondre aux exigences des individus affranchis de la mansuétude des ayants droits.

Ainsi, en Algérie il s’opère une transformation radicale des mœurs politiques qui rend nécessaire non pas l’abjuration des anciens mais le pacte politique qui engage les citoyens responsables de leur acte. A son honneur, le peuple algérien revendique la dette du sang envers les vrais héros de la guerre de libération nationale et demande inlassablement la levée de la tutelle sur l’Algérie par de pseudo-moudjahidine qui usurpent aussi bien la valeur symbolique du combattant que la légitimité révolutionnaire.

Tout compte fait, la société algérienne a tous les moyens pour réduire la nuisance des décideurs. Elle peut plus que ça. Elle peut neutraliser les institutions pourries d’un pouvoir illégitime et de faire face aux menaces répétées du général Gaïd Salah.

De surcroît, la surdité du pouvoir ouvre toutes les voies à une possible accentuation de la révolution populaire. Il reste que la seule voie révolutionnaire est la recrudescence active des luttes citoyennes. La grève générale est un des moyens mais il y a beaucoup d’autres qui à coup sûr pourront être mobilisés par la société pour se défendre contre l’usurpation du pouvoir de l’Etat par une clique illégitime. Même si le parcours semble trop long, il est quasiment certain que c’est le peuple qui vaincra. Il faut y croire jusqu’au bout.

Auteur
Fateh Hamitouche

 




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