29 mars 2024
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République ou oligarchie hybride ?

TRIBUNE

République ou oligarchie hybride ?

On assiste ces jours-ci à des scénarios qui tentent de donner à notre pays l’aspect d’une nation juste, crédible et démocrate. On assiste parallèlement aux multiples mises en scène qui nous assènent des images d’une justice qui veut s’exhiber comme autonome, libre et décisive. Et pourtant…

Les symptômes d’une imposture sont déjà là, la presse nous rapporte fraîchement le déroulement des audiences au palais de justice de Blida. Nous contemplons avec ébahissement comment les acteurs plutôt les instigateurs du grand scandale deviennent cyniquement de simples témoins au Su et au vu de tout le peuple. Comment le principal coupable de l’amphigourique affaire se met dans une posture de victime voire de bouc émissaire.

La loi du plus corrompu défie la légalité,  blesse  à bout portant  la justice, en instaurant un modèle de parquet dont les juges ne sont que des exécuteurs fidèles aux ordres de cette très haute  oligarchie. Le code affiché par les décideurs pour verrouiller la scène judiciaire afin de peindre l’injustice commise à l’encontre de la nation algérienne en loyale, est extrêmement alambiqué.

Ni la conscience humaine, ni son l’intelligence ne peuvent cautionner une telle dérive institutionnelle eut égard aux répercussions politiques, sociales et économiques de ce grave esclandre. L’appareil judiciaire algérien a subi une panne combinée à fortiori depuis les quatre mandats de Bouteflika par ceux- là mêmes à qui est incombée la tâche d’imposer la loi, promouvoir le sens de la responsabilité en bannissant le principe de l’impunité, ce système judiciaire a pris le statut  d’un appendice au pouvoir exécutif.

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La fameuse justice aux instructions téléphoniques ainsi celle de la nuit sont d’ailleurs notoirement  réputées. Les scandales éclatent quotidiennement grâce à la presse privée qui les divulgue, de l’affaire de l’autoroute est-ouest à celles de Sonatrach 1 et 2, en passant par El Khalifa, les vrais coupables ne sont toujours pas inculpés, aucun ministre n’est arrêté ni convoqué par cette justice qualifiée de libre au rebours des pays occidentaux, où des présidents ont comparu devant les instances judiciaires avec  toute  fermeté donnant à leur pays l’image de nations dont le principe de l’égalité est sacré entre l’élu et l’électeur, le citoyen et le dirigeant . Nous vivons une situation inique,  les présages  d’une grave dérive sont criants.

Les tentacules de l’argent sale ont  atteint les échelles du pouvoir, tandis que  la tumeur de la corruption a gagné le centre des décisions. Ainsi, le chemin vers la démocratie est semé d‘embuches d’ordre maffieux le temps où  les intellectuels auxquels est imputé le devoir de dénoncer toutes ces manigances visant notre pays somnolent toujours  sous l’effet hypnotique du confort, d’autres affichent une alliance criminelle avec la famille seigneuriale du sérail.  Notre opposition, formée de responsables jadis étaient aux postes sensibles de l’Etat, se cherchent vainement une virginité politique auprès d’autres chefs de partis dont le poids populaire n’est malencontreusement que très infime.  Les applaudisseurs aux plans rétrogrades du régime savent pertinemment que la vérité finira par éclater, même si les manœuvres semblent être fructueuses, une autre justice plus juste atteindra tous ceux qui ont troqué la souveraineté de ce pays contre leurs propres intérêts. 

La rentrée sociale de l’année courante est en passe d’être unique en matière d’accumulation d’angoisse, d’appréhension suite à l’état de pessimisme que vivent tous les Algériens. Les raisons d’une telle situation sont singulièrement imputées aux contrecoups dévastateurs de la politique entérinée par le gouvernement en place, ce qui rend l’espoir de vivre dans la dignité, une fin utopique. Pourtant, la santé financière du pays est à couvert de tout malaise, ce qui pousse le citoyen à s’interroger sur le rôle des dirigeants qui paraissent au comble de la somnolence sous l’emprise d’un enrichissement bâti par tous les moyens illicites de la rapine, de la concussion et des détournements, dans une République qui exhibe tous les présages d’une monarchie hybride.

Les subtilisations ostensibles de l’argent du peuple qui s’effectuent journellement au su de ceux qui sont censés préserver les richesses nationales, prouvent qu’une impunité absolue pousse dangereusement l’anarchie à s’installer solidement dans ce pauvre pays, le temps où des scandales financiers s’éclatent, en pleine lumière du jour, découvrant la connivence et la complicité de hauts responsables, à savoir des ministres, des militaires et autres commis de l’Etat, ce qui sème la méfiance au sein de la société.

Les dernières élections, auxquelles le peuple n’a pas pris part, ont démontré d’ailleurs une démission quasi totale de l’Algérien quant aux décisions dérivant de ces gouvernants parachutés à ces postes si sensibles de responsabilité par le moyen du trucage électoral et de la corruption. Ces récentes élections ont fait montre d’un ras- le- bol populaire qui a divulgué ouvertement l’absence entière de confiance vis-à-vis de l’Etat, une moralité que ces adeptes du pouvoir par la force et l’imposture ne veulent point assimiler, tant la soif et la boulimie du règne leur sont une doctrine inéluctable.

Une gérance sans repère

Notre pays franchit une phase des plus scabreuses, conséquence d’une gérance sans repère, infligée par ceux que le peuple ne cesse de vomir depuis l’indépendance. Les oiseuses réformes qu’ont endossées les institutions sur tous les plans, ne se sont avérées qu’une poudre aux yeux comme pour berner ce crédule peuple qui continue d’essuyer un pouvoir unique en matière d’absolutisme. Les précédents mandats, de tous ceux qui ont manié l’infaillible machine de la fraude pour s’étendre perpétuellement sur le strapontin de la royauté, indiquent clairement que l’appétit de régner sans partage prime sur tous les intérêts nationaux. Ceux qui ont coudoyé les misères endurées  par le pauvre Algérien savent indubitablement qu’une révolte spontanée va engloutir ce riche pays avec tous ces paradoxes qui divisent cette terre en deux lieux, plutôt communautés différemment conçues, aux antipodes l’une de l’autre.

Il y a cette arrogante oligarchie qui assujettit tout un peuple, dont les milliards du pétrole lui sont un butin impartageable, avec l’assurance d’être entièrement à l’abri de tout éventuel besoin, en s’obstinant dans leur talent d’étouffer toute voix d’opposition, de chasser tous les journalistes soucieux du devenir tragique de leur pays ; puis il y a cette classe qui vit sous le seuil de l’indigence et demeure passive par le coup de la coercition, devant le destin que lui a réservé une indépendance déviée.

La fonction dite publique, où les milliers d’employés subissent l’humiliation et l’avanie de par la dérisoire rémunération que lui édicte la sphère dominante dans l’Algérie pétrolifère au début du troisième millénaire, où la majeure partie des travailleurs affichent une situation de mendicité sans précédent.

Une politique-spectacle émaille le monde du travail où des enseignants souffrant du manque et de privations affrontent péniblement leur morose quotidien, contraints d’accepter l’ordre d’arracher des résultats qui honoreront l’éducation nationale avec une insolence indicible, une manière d’exiger une impossible mission à ces instituteurs, plutôt à ces mendiants, qui n’arrivent même pas à se permettre un livre chaque mois, vu la situation catastrophique de l’injuste politique des salaires, ce qui influe désastreusement sur le minable budget mensuel de chaque éducateur. Tandis que nos députés, ministres et autres cadres affiliés à la dynastie privilégiée de l’autocratie, fournissent un excédent d’efforts en démagogie et en mensonge, se plaisent dans l’art de se pavaner dans les livings régaliens avec l’appui couard du grand chef.

En leur distribuant dédaigneusement la rente du pays par millions, sans respecter l’ordre de mérite, pour la simple et malsaine visée de taire la vérité sur l’état social incontestablement avili du citoyen, c’est-à-dire une façon machiavélique de troquer leur silence contre un enrichissement juridiquement illégal.

Réelle panne de l’école algérienne

La vraie réforme ne consiste pas à changer des programmes, la réelle panne de l’école algérienne ne réside en aucun cas dans la nature de la connaissance présentée à l’enfant. La problématique est dans la non-mise à l’aise du réacteur de l’éducation qu’est ce même enseignant, ce phare de toutes les nations, au moment où nos proches voisins tunisiens et marocains accusent des avancées spectaculaires dans ce même secteur, et ce, grâce à l’état d’opulence pécuniaire dont jouit chaque maître dans ces pays frères. Offenser cette vérité signifie faire germer un malaise pour gangrener beaucoup plus les cervelles enfantines des générations innocentes.

La fuite en avant, choisie par le pouvoir pour faire omettre le fond de la crise au peuple, enfonce plus encore le mal aux confins de l’amputation de l’identité algérienne en délaissant, voire en s’attaquant ainsi à l’école de la République, cette garante de la substance spirituelle de la patrie. Des phénomènes graves de reniement historique se manifestent chez nos étudiants, résultat de la fausse conception didactique des programmes, combinés pour la seule intentionnelle fin qu’est l’abrutissement de nos chérubins.

La décadence du niveau intellectuel qui accompagne cette haine patriotique condamne cette grande masse sortante de nos universités à la déviation. Des exemples flagrants d’indifférence administrative surprennent à travers les injonctions de la direction adressées à toutes les écoles pour favoriser la bêtise, doper la médiocrité en imposant aux enseignants des systèmes d’évaluation insolites, pour interdire ainsi le redoublement des faibles élèves, assurant ainsi une façade plus éblouissante de l’école nationale afin de plaire aux gens du sérail, d’une part, et faire l’apologie de la personne du Président d’autre part. Un syndrome singulier de faillite sème le doute au sein des connaisseurs, en l’occurrence les pédagogues, enseignants avertis et autres, en remarquant la préoccupante facilité que revêtent les épreuves des différents examens, de la sixième au fameux baccalauréat, recette qui hausse le taux de

réussite pour s’enorgueillir et se justifier, vis-à-vis de l’opinion nationale, pour avoir atteint le fallacieux objectif de la fameuse réforme éducative impulsée par le clan présidentiel. En se ruant impétueusement sur le système du fondamental, qui est certes la tumeur de l’intelligence algérienne, nos planificateurs adoptent un changement qui porte toujours les stigmates d’une pérennité, en éreintant l’enfant avec une masse de livres esthétiquement impeccables.

Nos enfants affrontent un surmenage précoce qui agit dangereusement sur leur productivité scolaire, ce qui accule d’ailleurs les enseignants à l’épuisement et à l’asthénie. Une erreur de diagnostic montre visiblement les études hâtivement élaborées à l’insu du principal acteur dans cette délicate opération de refonte du système éducatif du pays. L’exclusion voulue de l’instituteur de ce chantier si efficient aura sûrement des incidences sinistres sur l’avenir déjà hypothéqué du monde de l’éducation par l’entêtement et le pédantisme des représentants de la tutelle en question.

L’actualité nationale est sujette à des questions qui démontrent plus encore la fragilité du régime algérien. La distance qui sépare le peuple de ses gouvernants dévoile bien cette criante méconnaissance de ces derniers des réalités sociales du pays. Notre pays n’a guère connu conjoncture pareille depuis l’indépendance.

La surdité que feint le Président par rapport aux plaintes émanant du peuple qui crie famine n’augure rien d’optimiste. Le cas de la pomme de terre qui a pris la posture d’une panacée depuis des mois dénude notre pouvoir de toute stratégie économique et le dépourvoit de toute crédibilité politique.

Auteur
Rachid Chekri

 




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