3 mai 2024
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Le long apprentissage de la démocratie et la fin de la rente

REGARD

Le long apprentissage de la démocratie et la fin de la rente

« Essayez d’être libre, vous mourrez de faim, la société ne vous tolère que si vous êtes successivement servile et despotique » Emile Michel Cioran

Contrairement aux idées répandues ici et là, ce n’est pas les urnes qui légitiment le pouvoir en occident mais la production des biens et services c’est-à-dire de la croissance économique suivant une logique purement économique en vertu de la valeur travail largement développée par les grands classiques de l’économie politique Ricardo, Smith, Marx.

Par contre ce qui légitime le pouvoir en Algérie, ce n’est pas l’armée et les services de sécurité, c’est la redistribution de la rente sous forme de biens et services provenant pour l’essentiel des importations financées par la rente pétrolière et gazière suivant une logique essentiellement politique en vertu du principe sacro-saint que « tout peut s’acheter », il suffit d’y mettre le prix (le pouvoir, la sécurité, la paix sociale etc…).

Dans une économie de marché, les rapports de production sont dominants et de nature conflictuelle parce qu’il s’agit d’exploitation de la force de travail c’est-à-dire une ressource à mobiliser.

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Le résultat de cette exploitation se traduit par l’existence de deux classes sociales antagonistes : la classe ouvrière détentrice de la force de travail et la classe bourgeoise détentrice des moyens de production. En fait, la dialectique du pouvoir, on la trouve en général dans la lutte entre patrons et ouvriers, entre capital et travail, profit et salaires relayée sur la scène politique par les partis de droite et de gauche.

Dans une économie rentière, les rapports dominants sont des rapports d’aliénation de nature non conflictuels mais clientélistes parce que reposant sur la dilapidation des ressources énergétiques et non sur l’exploitation productive des populations.

Ces rapports se traduisent par une double aliénation : aliénation du pouvoir vis-à-vis des puissances étrangères et aliénation de la population vis-à-vis du pouvoir. Il est utile de parler d’aliénation que d’exploitation car le premier terme définit un rapport politique et le second un rapport économique. Le résultat de cette double aliénation, c’est que la société se trouve divisée en deux classes sociales distinctes : la classe des rentiers du système c’est-à-dire la classe qui est au pouvoir ou dans sa périphérie y compris l’opposition.

Cette classe bénéficie à un titre ou à un autre, à un degré ou à un autre, d’une cote part de la rente relayée par l’endettement ou du moins de leurs contrepartie en biens et services importés. C’est la tranche d’âge des plus de cinquante ans. Pour cette couche sociale, la richesse distribuée est proportionnelle à l’âge et la position de chacun dans la hiérarchie du pouvoir ou sa place dans le réseau des relations clientélistes tissé par le pouvoir.

Il s’agit de la génération de novembre. La classe des laissés-pour-compte, c’est la classe sociale qui est exclue ou marginalisée par le pouvoir. Elle ne bénéficie qu’indirectement des retombées de la redistribution de la rente perçue par les chefs de famille. Il s’agit principalement de la génération de l’indépendance C’est la catégorie sociale la plus décidée à affronter le système de domination en place parce qu’elle n’a rien à perdre. C’est cette catégorie de jeunes marginalisés par l’appareil de formation, de distribution, vivants d’expédients, soumis à l’autorité tatillonne de leurs aînés et représentant près des deux tiers de la population.

Elle est aussi la moins apte à prendre la direction du changement qu’elle contribue ou provoqué. Ce qui explique qu’elle soit courtisée par les uns et par les autres.  « Celui qui peut régner sur la rue, régnera un jour sur l’Etat car tout pouvoir politique a ses racines dans la rue ».

La maîtrise de la rue passe par le retrait de l’armée (le bâton) de la scène politique et la rente de la sphère économique (la carotte). L’un conduit à la répression et l’autre à la corruption. La rue a démontré son pacifisme aux forces de l’ordre et a signifié son refus de l’argent sale aux pouvoirs publics. Les conditions sont réunies pour l’émergence d’une société civile.

Deux défis à relever : l’argent sale doit se transformer en argent propre par l’investissement productif et la création d’emplois massifs (conversion de la rente en capital). La population doit cesser d’être une charge à supporter pour devenir une ressource à mobiliser. Le recouvrement de la dignité, la légitimation des fortunes sont à ce prix.

La fin de la violence signifie la fin de la répression, l’émergence d’une société civile passe par la lutte contre l’argent sale (corruption) en investissant et en créant des emplois. Pour passer d’une rive mal ensoleillé à un rive ensoleillée, il faut payer le prix à l’avance.

Il n’y a pas de dictature de transition vers la démocratie. La démocratie ne se décrète pas, elle s’arrache, la fortune se mérite, le travail ennoblit, le pouvoir corrompt. « Le pouvoir absolu corrompt absolument ».

 




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