Devant la commission parlementaire de la culture, de la communication et du tourisme, le ministre de la Communication Zoheir Bouamama a présenté, lundi 17 novembre 2025, un tableau flatteur de l’évolution du secteur. Selon lui, la communication nationale serait engagée dans une « transformation profonde » impulsée par les orientations du président Abdelmadjid Tebboune.
Un discours volontariste, mais qui contraste avec la réalité complexe d’un paysage médiatique où la liberté d’expression reste davantage invoquée que protégée.
Bouamama s’est voulu rassurant : vision globale, évaluation permanente, mise à jour des outils et numérisation. Le triptyque est séduisant, mais souvent rabâché, sans traduction concrète.
Il assure vouloir développer les médias, garantir la liberté d’expression et protéger l’identité nationale. Autant d’engagements louables, mais qui demeurent pour l’heure au stade déclaratif.
L’annonce de l’activation « imminente » des nouvelles autorités de régulation et de la création d’un comité d’éthique pourrait marquer une étape. Mais leur indépendance réelle reste incertaine — et l’expérience récente invite à la prudence.
Bouamama a multiplié les annonces : réorganisation du marché publicitaire, révision du prix du Président pour le journaliste professionnel, restructuration administrative, modernisation de l’APS et des archives audiovisuelles.
Le discours technique est dense, mais il laisse dans l’ombre les questions politiques : pluralisme, pressions, dépendance à la publicité institutionnelle. Tout ce qui fâche est passé sous le tapis.
Derrière la modernisation promise affleure un risque : celui d’un vernis technologique qui masque mal l’absence de réformes structurelles et l’incapacité du secteur à garantir une véritable liberté d’informer.
Communication institutionnelle : tout pour le contrôle de l’espace public
Le ministre a présenté l’achèvement du Projet stratégique national de communication institutionnelle. Objectif affiché : renforcer la confiance et améliorer l’image du pays. Comme si les discours pouvaient suffire pour édulcorer une réalité autrement plus prosaïque.
Mais ce projet s’inscrit clairement dans une volonté de structurer le récit officiel, plus que dans une démarche de transparence ou d’ouverture.
La communication institutionnelle ne peut, à elle seule, instaurer la confiance. Pour cela, il faudrait un environnement médiatique pluraliste, indépendant et respectueux de la critique. Sans ces garanties, la liberté proclamée par les autorités demeure largement théorique.
En définitive, les annonces du ministre dessinent une feuille de route ambitieuse mais incertaine.
Les réformes sont énumérées, les concepts alignés, mais les pratiques demeurent inchangées. Les questions fondamentales — indépendance, pluralisme, droits des journalistes — restent éludées. Motus et bouche cousue.
Tant que ces questions ne sont pas abordées frontalement, le discours technique continuera de servir de paravent, et la liberté d’expression restera une promesse plus qu’une réalité.
D’où cette interrogation, à la fois simple et essentielle : le pouvoir veut-il réellement transformer le système médiatique ou seulement entretenir l’illusion de liberté ?
La rédaction

