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Le mythe de la langue amazighe unifiée

Débat

Le mythe de la langue amazighe unifiée

Actuellement, ce qu’on appelle « tamazight » est en réalité un ensemble de langues / dialectes et parlers qui diffèrent les uns des autres au point où l’intercompréhension est difficile sinon impossible (1). Ces différences ne se limitent pas à la prononciation, mais elles incluent le vocabulaire, la grammaire et autres aspects de la langue. Vouloir reconstituer l’ancienne langue amazighe c’est comme tenter de réunifier des langues comme l’anglais, l’allemand, le suédois, le néerlandais, le norvégiens, etc., pour reconstruire la langue germanique. Si c’était possible, les Européens nous auraient sans doute précédés. Même si l’on imagine que le problème de la variation dialectale ne se posait pas, il y a quand même un autre grand empêchement à la normalisation et à la promotion de « la langue amazighe » : c’est le choix du système d’écriture. Les Kabyles ont opté définitivement pour l’alphabet gréco-latin, les Chaouis ont un penchant pour le néo-tifinagh, les Touaregs utilisent le tifinagh plus au moins ancien, et les Mozabites préfèrent les caractères arabes.

Donc, au lieu de perdre du temps à tenter de généraliser une langue fantôme sur l’ensemble du pays dont, de surcroît, les populations lui affichent leur indifférence (2), voire leur mépris et leur hostilité (3),  nous ferions mieux de concentrer nos efforts sur le développement de chaque langue dans son environnement naturel. Mais afin que ceci soit réalisable dans le cadre d’une Algérie unie, l’on doit passer à un nouveau système politique : ou le fédéralisme, ou l’autonomisme. Dans le cas où le régime algérien s’obstine à refuser tout changement et toute décentralisation, l’indépendantisme se renforcera et tôt ou tard il s’imposera même au prix d’une rébellion.

Il existe actuellement dans le monde une multitude de formes de fédéralisme et d’autonomisme (4). C’est à nous d’en choisir le plus adéquat et le plus favorable à notre cause. Une fois souverains dans les domaines les plus décisifs de notre existence en tant qu’entité clairement déterminée, notre langue, le socle de notre identité, bénéficiera vraiment de tous les soutiens qui feront d’elle une langue officielle mondialement reconnue. Le maltais, une langue presque hybride, et avec à peine ses 400.000 locuteurs est langue officielle de l’Etat malte ; pourquoi donc est-ce impossible que le kabyle avec ses 5-8 millions de locuteurs soit langue officielle d’un état kabyle ?  

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D. M.

Notes :

1) On peut évaluer le taux d’intercompréhension entre les différentes langues amazighes comme suit : kabyle-touareg = 0.99 à 2 % ; kabyle-mozabite / ouarglais = 5 à 10 % ; kabyle-chaoui = 10 à 20 %.

2) Hors de la Kabylie, des populations entières d’amazighophones ne s’identifient pas comme amazighs et elles sont indifférentes du sort de leur langue qu’elles abandonnent petit à petit au profit de l’arabe algérien.

3) Les populations arabophones, analphabètes et intellectuelles confondues, sont majoritairement hostiles à tout ce qui est amazigh.

4)  Le Brésil est constitué actuellement de 27 Etats dont chacun son propre drapeau. Il y a même des villes-Etats comme Rio de Janeiro !

Auteur
D. Messaoudi

 




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