21 novembre 2024
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Le pétrole en hausse : le peuple souffre, « le diable pisse » 

Pétrole

Nous sommes sans planification stratégique depuis la fin des années 70. Nous naviguons à vue. Notre bouée de sauvetage est le prix du baril de pétrole. Il oscille entre un prix plafond et un prix plancher. 

La rente est une donnée exogène qui échappe à la compétence des acteurs locaux. Elle n’est pas un élément constitutif du prix de revient. Le pétrole n’est pas cher parce qu’une rente est payée, mais une rente est payée parce que le pétrole est cher. 

La rente dont bénéficient les pays producteurs masque les défaillances de production et les perversions de gestion. Parler de rentabilité et de productivité en Algérie nous semble être une gageure. 

Tout échappe au calcul économique. L’économie locale est livrée « pieds et poings » liés au marché mondial qui décide de la survie de la population locale. Ce qu’elle doit produire, à quels coûts, pour quelle période. C’est un instrument redoutable de domestication des peuples et de corruption des élites.

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 Le prix élevé du baril de pétrole a structurellement pour effet de pérenniser le système mondial dominant. Dis-moi qui tu fréquente, je te dirais qui tu es. « Savez-vous pourquoi les français ont choisi le coq comme emblème ? C’est pourtant simple, c’est le seul animal qui arrive à chanter les pieds dans la merde » Coluche. Aujourd’hui l’Etat et la société se retrouvent le dos au mur. Un Etat virtuel face à une société réelle. 

L’Algérien est resté bloqué à l’âge infantile. L’homme nouveau promis par les dirigeants algériens des années 60 se retrouve avec une tête d’enfant dans un corps d’adulte. Que faire ? Faut-il le traiter comme un adulte ou faut l’accompagner comme un enfant. Or nous ne sommes plus des parents mais des grands parents au crépuscule de notre vie. Ah « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ». 

Ayant été traumatisé par la violence du père, l’algérien de nature attaché viscéralement à la mère, fonctionne plus à l’émotion qu’à la raison. Il est peu porté à la logique (physique, mathématiques, chimie) et sensible à la bonne parole (religion, radios, télévision). Une parole qui amuse, distrait, endort et invite aux rêves et à l’évasion.

Aujourd’hui que le sein se tarit et que le bras se relâche, la mère s’affole, le père absent qui osera le sevrer ? Il sera aussitôt mordu. On ne joue pas avec le feu, on risque de se brûler. Le feu prend de toute part et l’eau se raréfie ? « Qui réunit l’eau et le feu, perd l’un des deux » L’argent au le pouvoir ? 

De quelle légitimité peuvent se prévaloir les fortunes privées en dehors de l’argent du pétrole ? Que vaut la probité d’une élite qui a bâti son pouvoir sur la corruption généralisée de la société ? 

Un pouvoir que l’élite s’acquiert sur un peuple au moyen de sa dégradation morale. C’est bien la décadence des mœurs qui fait le lit des régimes autoritaires en terre d’islam sous les quolibets des « gardiens du temple ». Au nom du développement économique, et de la paix sociale, les gouvernements successifs ont dilapidé en toute légalité et en toute impunité les ressources pétrolières et gazières dans le but de se perpétuer au pouvoir. Mais à quel prix ? Au prix de l’assèchement des puits. Tant pis pour les générations futures, elles n’ont pas participé à la guerre de libération nationale. 

L’Etat ce n’est pas une météorite tombée du ciel pour faire le bonheur des hommes sur terre. C’est une invention des hommes, des hommes éclairés, faisant de l’Etat de droit un substitut à l’autorité de l’église. L’argent du pétrole s’est substitué à la providence divine Il a obtenu la soumission de la population et le soutien des puissances étrangères. Il est devenu incontournable. Il a dilué l’islamisme dans un baril de 100 dollars.

 Des années de sang, on est passé sans transition aux années fric. Il fait la pluie et le beau temps. D’ailleurs, on ne regarde plus le ciel, on est rivé sur l’écran.  Tout est à la portée d’un clic. Il a calmé les jeunes contaminés par le printemps arabe. Il est à l’origine de toutes les fortunes acquises en dinars et en devises. Il interdit aux gens de travailler sérieusement, d’investir de façon rationnelle ou de produire des biens et services en dehors des sphères que contrôle l’Etat. Bref, il fait de la politique, de l’économie et de la diplomatie.

L’Algérie est un gros ventre et une petite tête. Les seuls puits qui méritent de bénéficier d’une retraite dorée ce sont les deux puits Hassi Messaoud et Hassi R-Mel qui peinent à rester en vie tellement qu’ils sont saignés à mort. Un pays ouvert aux quatre vents.

 L’Algérie n’est pas en marge du reste du reste du monde, Elle subit les de plein fouet les influences extérieures. Son développement a consisté à importer des bâtiments en cartons, des usines tournevis, une autoroute meurtrière. Un Etat constitué de coquilles vides que l’on désigne sous le vocable d’institutions qui obéissent aux ordres et non aux lois. Une économie dans laquelle le pétrodollar est « le seul décideur » de l’Algérie indépendante. Pétrodollars : pétrole comme don de dieu ; dollar comme ruse de Satan. 

Un dollar qui croit en dieu. Le « système » croit au pétrodollar. Il est son maître. Il domestique les peuples et corrompt les élites. Il est une chose et son contraire, la richesse et la pauvreté, le pouvoir et la déchéance. Il est la pluie et le beau temps. Il est l’air qu’on respire, l’eau que l’on boit.

Partout il est chez lui. Il circule librement. Il n’a de compte à ne rendre à personne. Il n’offre aucune alternative. Le pays est à sa dévotion. Nul ne peut lui résister. Tous s’inclinent sur son passage. Nous sommes tous à sa merci. Les dinars imprimés ne sont que ses enfants illégitimes. Des enfants « x ». 

Ils sont orphelins. Ni couverture en devises ni production nationale. Ils n’ont plus personne pour les nourrir. Ils se retrouvent entassés dans des brouettes devant des étals vides. Ils sont tenus de vendre leurs organes  vitaux ou de tendre la main au FMI. Il est déjà passé par là, il a laissé des traces, des traces de sang. Ne dit-on pas qu’un criminel revient toujours sur les lieux du crime. Le diable est témoin. Vous pouvez lui faire confiance. Il est juge et partie. Dans ce contexte, qui pourra prétendre laver plus blanc que blanc ? Evidemment personne. Si tu doutes, alors « dis-moi le prix que tu as payé pour être là où tu es aujourd’hui ». Il n’est pas nécessairement en monnaie sonnante et trébuchante.

 Il peut revêtir plusieurs formes. « Le poignard le plus aigu, le poison le plus actif et le plus durable, c’est la plume dans les mains sales. Avec cela on gâte un peuple, on gâte un siècle. Il s’écrit aujourd’hui des choses qui lèveront la semence de crimes » nous dit Louis Veillot. Nous sommes dans une situation où le mal si tu le laisses, il enfle ; si tu le retires il saigne. Il faudrait beaucoup d’ingéniosité, de lucidité, de sagesse et de retenue pour s’en sortir. (il est difficile de garder le ballon, jouer des deux pieds et marquer des buts avec sa tête). L’homme a besoin des deux mains, une main droite et une main gauche (le capital et le travail) et d’un cerveau (intelligentsia) pour les synchroniser. Par contre, « Un cerveau plein de paresse est l’atelier du diable ». 

Dr A. Boumezrag 

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