25 avril 2024
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Le pétrole, l’eau et le droit à la paresse !

L'eau, une denrée rare en Algérie

Politiquement, le pétrole et le gaz ne sont pas neutres. Ils sont responsables des profondes modifications des structures économiques, sociales et mentales. Ils ont façonné tout un comportement social à l’égard de la consommation, des investissements, de l’emploi et du monde des affaires. Ils ont « pollué » nos esprits, nos corps et nos institutions. 

Ils ont créé le droit à la paresse, à la médiocrité, au mensonge, au gain facile des monopoles privés spéculatifs et au déficit chronique des entreprises publiques productives. Socialisation des pertes et privatisation des profits.  Ils ont « cannibalisé » une économie traditionnelle de subsistance, perverti une société en quête d’identité, assis un système suranné sur des fondations antisismiques et détruit un environnement postcolonial propice pourtant au développement des forces productives locales. Ils ont donné lieu à une véritable débauche des dépenses publiques et à une grande auto-complaisance en matière de politique économique et financière qui ont déstabilisé les attentes et entraîné des tensions sociales provoquant le chaos économique, social et culturel dans lequel  «baigne» le pays. 

Bref, ils ont constitué un soporifique en masquant toutes les insuffisances des politiques menées à l’abri des baïonnettes. L’Algérie se trouve dépendante du marché international pour son approvisionnement en produits céréaliers dans la mesure où elle est satisfaite par un groupe limité de pays d’où l’extrême vulnérabilité économique et la fragilité de son équilibre alimentaire. De toute façon, on ne peut se passer d’une ressource négligée par le passé de par sa discrétion, à savoir l’eau. 

L’eau est un facteur décisif pour la solution des problèmes du citoyen d’une part et pour la construction d’une économie de survie d’autre part. L’eau est une école de partage. 

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Elle s’inscrit dans une logique de démocratie et de développement. Par contre, le pétrole fait le lit de la dictature et de la corruption. Il sème la pauvreté et l’injustice au sein des  populations. C’est pourquoi, l’utilisation de l’eau doit être repensée de façon plus approfondie tant du point de vue quantitatif que qualitatif pour limiter les gaspillages (en eaux et en devises) et promouvoir la réutilisation et le recyclage des eaux y compris par des procédés correctifs de traitement et d’épuration et envisager la possibilité d’utiliser des eaux traitées dont la qualité correspond aux utilisations auxquelles elles sont destinées. 

En effet, les hommes « politiques » n’inaugurent que ce qui est visible et grandioses comme un barrage, une station de dessalement de l’eau de mer mais jamais une station de traitement et d’épuration des eaux usées car cela n’intéresse personne,  qui une fois réalisée à coûts de devises est vite abandonnée à son sort. Pourtant, des quantités industrielles d’eaux usées sont déversées dans nature polluant des terres agricoles pourtant utiles à l’approvisionnement en denrées alimentaires des populations en ces périodes de crise. 

Quand l’eau est abondante, elle n’est à personne. Dès qu’elle se raréfie, elle devient l’affaire de chacun. L’eau est-elle une affaire de l’Etat ou une simple préoccupation du citoyen. L’Etat peut-il satisfaire indéfiniment tous les besoins à partir d’une seule eau de qualité ? De plus en plus, l’eau devient «un problème politique et social ». On ne pense pas à économiser l’eau. 

Une étude menée en France nous apprend que moins de 5 % de la consommation des ménages français est concernée par une qualité d’eau strictement potable. Le reste concerne les autres usages (WC, douche, vaisselle, linge etc…). 

Tout utilisateur a une responsabilité dans la gestion des ressources en eau. Par conséquent, il est urgent de vérifier si l’eau potable, ressource rare, n’est pas gaspillée inutilement. Limiter le gaspillage, c’est mettre fin aux importantes fuites, au vu et au su de tout le monde,  c’est préserver l’eau contre toute pollution, c’est procéder au recyclage des eaux. Le recyclage permet non seulement de consommer moins d’eau mais de limiter également le rejet des eaux usées et donc préserver l’environnement. 

Au Japon, l’eau est recyclée par immeuble parce que les japonais considèrent que le traitement de l’eau coûte moins cher que la pose de canalisations qui la transportent. Une étude de la consommation par usager peut donner des orientations des actions à envisager pour limiter le gaspillage. 

En Algérie, cette nécessité d’une meilleure connaissance des usages de l’eau ne semble pas faire l’objet d’études et de recherches. Pourtant, une connaissance détaillée des différents usages constitue un enjeu stratégique en vue de dégager les priorités d’actions pour une meilleure politique de contrôle des usages de l’eau. Dans tous les pays du monde, pour économiser l’eau des solutions de recyclage et de maîtrise des eaux usées sont recherchées. 

Le recyclage permet en effet de mener une réelle politique du cycle de l’eau en protégeant la ressource quantitativement et qualitativement. C’est pourquoi, il est opportun de faire le bilan des dépenses engagées en matière de traitement et d’épuration des eaux, d’identifier et de remédier aux défaillances constatées dans la gestion et l’exploitation des stations d’épuration une fois réalisées abandonnées du jour au lendemain de leur livraison, d’inviter les pouvoirs publics à se pencher sur la question et d’inciter les ménages algériens à économiser cette ressource rare, et les entreprises utilisatrices à recourir au développement des techniques de recyclage des eaux. 

Aujourd’hui, plus que jamais, la question de la légitimité tient de plus en plus à une efficacité des gestionnaires dans la satisfaction des usagers dans leur diversité. Que la gestion concrète soit assurée par un opérateur public ou privé. Là n’est pas le problème. L’essentiel est que la gestion de l’eau soit prise en charge sérieusement et solidairement. 

C’est une évidence, la société algérienne a besoin d’eau pour étancher sa soif et  faire convenablement sa toilette, en commençant naturellement par la tête pour descendre le long du corps et atteindre les orteils, comme elle a besoin d’air pur afin de respirer et croître dans un monde sans état d’âme en perpétuelle agitation où le faible doit céder ses richesses naturelles au plus fort du moment.

Aussi semble-t-elle être prête, nous semble-t-il, à céder les réserves de pétrole et de gaz se trouvant dans le sous sol contre tout un peu d’eau et beaucoup d’oxygène car considère-t-elle, que si le pétrole et le gaz «polluent»,  l’eau et l’air «purifient», consciente de plus en plus que la terre algérienne n’a pas besoin du sang des guerriers mais de la sueur des hommes. Pour ce faire, elle est à la recherche d’une nouvelle idéologie fondée sur le travail créateur de richesses et d’une pensée libératrice productrice de valeurs et de symboles pour la tirer de cette léthargie qui lui colle à la peau depuis plus de quatre décennies.

Que de temps perdu ! Que d’énergie gaspillée ! Que d’opportunités ratées ? Dans un pays où s’accumulent des fortunes et où l’homme dépérit, on ne peut que méditer cet adage populaire : « une richesse amassée est un tas de fumier puant et par contre une richesse répandue est un engrais fertile ». 

Autrement dit, une fortune entre les mains des gens sans esprit et sans moralité est un danger public. La possession des biens ne signifie pas nécessairement jouissance de ces biens et encore moins en tirer profit pour le bien de tous. Sur un  plan plus général, si le pétrole constitue « l’eau bénite » des économies occidentales, il n’en demeure pas moins qu’il est le « purgatoire » des sociétés musulmanes faisant des Arabes d’aujourd’hui des fantômes cherchant une place parmi les vivants. 

Il est vrai que certains pays sont forts en histoire et d’autres en géographie. Que de barrages envasés remplis à la faveur des dernières pluies, que de réserves devises engrangées sans changement d’économie politique, que de potentialités mises en jachère ou en rebut, pour une population  majoritairement jeune maladroitement formée en quête d’un emploi  productif dans un pays mal aimé qui marche sur sa tête et réfléchit avec ses pieds, un œil dirigé vers la Mecque et l’autre rivé sur Washington, se retrouvant en fin de parcours à Paris à la recherche d’un second souffle. 

Nostalgie d’un passé encore présent dans les esprits des deux côtés de la Méditerranée.

L’histoire est un éternel recommencement. D’une colonisation jadis « au menu » à une occupation aujourd’hui « à la carte », la démocratie est une rose, ses pétales sont nos rêves, ses épines nos réalités.

Dr Boumezrag

 

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