3 décembre 2024
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Le prince héritier veut une Arabie saoudite « modérée et tolérante »

l’Arabie Saoudite promet d’abandonner le Wahhabisme!

Le prince héritier veut une Arabie saoudite « modérée et tolérante »

« Nous n’allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder d’idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant », a déclaré Mohammed ben Salmane, lors d’une conférence économique à Riyad.

Le prince héritier a promis une nouvelle Arabie saoudite, « modérée et ouverte », en rupture avec l’ultraconservatisme religieux, dans des déclarations sans détour de nature à plaire aux jeunes et à des investisseurs étrangers réunis mardi à Riyad.

Le prince Mohammed ben Salmane, 32 ans, s’est livré à une attaque frontale contre certains milieux religieux conservateurs qui exercent une influence notable sur la société depuis des décennies.
« Nous voulons vivre une vie normale. Une vie où notre religion signifie tolérance et bonté », a-t-il dit lors d’une conférence économique internationale. « Nous ne ferons que retourner à un islam modéré, tolérant et ouvert sur le monde et toutes les autres religions ».

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Fils du roi Salmane (81 ans) mais considéré aujourd’hui comme l’homme fort du royaume, le prince Mohammed a estimé que son pays avait abandonné la modération en 1979 avec la montée en puissance de courants religieux extrémistes.
« 70% de la population saoudienne a moins de 30 ans et, franchement, nous n’allons pas passer 30 ans de plus de notre vie à nous accommoder d’idées extrémistes et nous allons les détruire maintenant et tout de suite », a-t-il lancé sous les applaudissements nourris des participants au forum qui a attiré 2.500 décideurs du monde entier. « Nous allons détruire l’extrémisme », a insisté le prince héritier.

Dans les années 1970, l’Arabie saoudite a connu d’importantes réformes, malgré la résistance de milieux religieux conservateurs, comme l’ouverture de l’enseignement aux jeunes filles et l’introduction de la télévision.

L’assassinat du roi Fayçal en 1975 a freiné ce mouvement dans un pays bâti sur une alliance entre l’aile religieuse, représentée par la famille al-Cheikh qui régule l’espace social, et le pouvoir politique représenté par la famille al-Saoud, qui a fondé le royaume actuel en 1932.
 

Bouffée d’oxygène 

Depuis sa nomination en juin comme prince héritier, Mohammed ben Salmane s’est attaché à desserrer le carcan des milieux religieux sur la société. Il est considéré comme l’inspirateur de la décision en septembre de lever l’interdiction qui était faite aux femmes de conduire. Mais il a dans le même temps fait arrêter plus de 20 personnes, dont deux prédicateurs religieux influents, entraînant des critiques contre son « autoritarisme » par des experts et des ONG.

Il n’en reste pas moins que sa nomination a représenté une bouffée d’oxygène pour les jeunes Saoudiens.
Ainsi l’Arabie saoudite commence à s’ouvrir aux arts, à la musique et des femmes ont été autorisées pour la première fois à participer aux célébrations de la fête nationale dans un stade de Riyad en septembre.
Les Saoudiens attendent maintenant l’ouverture de salles de cinémas et plus de divertissements, longtemps interdits par les milieux conservateurs.
 

« Prêt au changement »

Les premières réactions aux déclarations du prince Mohammed ont été positives. « Puissant », a dit Abdel Aziz, un consultant saoudien de 27 ans. « Il met l’Arabie saoudite sur la carte » du monde et fait de son mieux pour « repousser les limites de ce qui est possible ».

« Courage, vision, inspiration », a surenchéri Stephen Potter, vice-président de la Northern Trust Company, basée à Chicago, présent au forum. Le prince « envoie un message non seulement aux Saoudiens mais aussi au monde: le royaume est prêt au changement ».

Auteur d’un vaste plan de transformation de l’économie saoudienne destiné à réduire la dépendance du royaume au pétrole, Mohammed ben Salmane est venu au forum présenter un méga-projet. Il porte sur la création d’une gigantesque zone de développement économique, appelée NEOM et d’une superficie de 26.500 km2, avec des investissements projetés à plus de 500 milliards de dollars (425 milliards d’euros).

Cette nouvelle zone économique, à peine plus petite que la Belgique, sera établie au nord-ouest de l’Arabie saoudite, sur les bords de la mer Rouge. Certains secteurs seront frontaliers de la Jordanie et de l’Egypte, précise un communiqué du Fonds public d’investissement saoudien. Appuyé également par des investisseurs étrangers, NEOM concernera des secteurs aussi divers que l’énergie, l’eau, la biotechnologie, l’alimentation, le numérique, les médias et les divertissements.

Mohammed ben Salmane n’a toutefois pas abordé les difficultés économiques du royaume. Premier exportateur mondial de pétrole, le pays a enregistré d’énormes déficits budgétaires et vu ses réserves financières fondre depuis la chute mi-2014 du prix de l’or noir.

Egalement ministre de la Défense et président du Conseil économique et de développement, le prince héritier a présenté en 2016 un plan, Vision 2030, visant à diversifier l’économie.
Ce plan prévoit notamment la vente en 2018 de 5% de parts du géant pétrolier Aramco.

Auteur
Avec AFP

 




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