Le calme à peine est-il revenu dans la majorité des établissements scolaires du pays après une semaine de protestation des lycéens et collégiens contre la surcharge du volume horaire et des programmes d’enseignement qu’un autre menace de perturbations plane sur le secteur de l’éducation nationale.
De gros nuages s’ammoncellent à l’horizon. Une colère sourde s’est emparée des enseignants et des autres corps de l’éducation nationale.
Et pour cause, la promulgation du statuts particulier de ces personnels et sa publication au dernier Journal officiel a suscite un profond sentiment d’injustice et de colère parmi tous ces fonctionnaires.
Les syndicats du secteur, notamment le Conseil national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique Cnapest) et le Conseil des lycées d’Algérie (CLA), ont exprimé, lors des réunions d’évaluation tenues, ce week end, leur frustration. Aussi, ils ont agité la menace de la grève pour exiger le retrait du texte controversé.
Ces organisations estiment que le décret exécutif n°25-54 du 21 janvier 2025, relatif au statut particulier de l’éducation nationale contient des dispositions qui portent atteinte aux droits et aux intérêts des enseignants et des personnels du secteur.
Les syndicats ont avancé plusieurs raisons pour justifier leur rejet du texte question.
Tout d’abord, ils estiment que ce dernier ne prend pas en compte les réserves formulées lors de la réunion tenue, au lendemain de l’approbation en Conseil des ministres du statut particulier des fonctionnaires du secteur de l’éducation nationale, par les délégués de quatre syndicats de l’éducation nationale, avec le ministre de l’Education nationale.
En effet, le ministre Mohamed Seghir Saâdaoui a réuni les représentants des syndicats du secteur auxquels il a exposé les grandes lignes du projet.
Cependant, certains aspects du texte proposé n’ont pas convaincu le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (CNAPESTE), le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (SNAPEST), le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) et l’Organisation des enseignants du moyen.
Ces partenaires sociaux ont dénoncé le non-respect des directives du président de la République, qui avait demandé l’élaboration d’un statut visant à valoriser et renforcer la place des enseignants dans le système éducatif.
Ils ont exprimé leur mécontentement face au maintien des grades des enseignants à leur niveau précédent sans aucune promotion, contrairement aux grades administratifs équivalents, lesquels ont bénéficié de promotions de deux niveaux.
Les syndicats ont réitéré leurs préoccupations concernant les « grades en voie d’extinction », liées aux conditions de formation pour le reclassement et la promotion. Ils ont aussi rejeté l’imposition de conditions d’ancienneté et de formation supplémentaires pour la promotion des enseignants, alors que les grades similaires ont bénéficié de promotions automatiques.
Les quatre syndicats ont exprimé leur opposition au remplacement des appellations « enseignant principal » et « enseignant formateur » par des désignations numériques jugées dévalorisantes et sans lien avec l’identité pédagogique et académique.
Aussi, les syndicats avaient appelé à des mesures concrètes pour répondre aux aspirations des enseignants. Ils réclament, notamment, l’application stricte des directives présidentielles pour un statut spécifique valorisant le métier d’enseignant, la protection des acquis en maintenant les appellations actuelles (enseignant principal et enseignant formateur) ainsi que l’élévation des grades d’enseignants à un niveau supérieur, au même titre que les grades administratifs équivalents, dans le statut particulier 12/240.
Les syndicats en question exigent une intégration immédiate et sans condition de tous les enseignants dans les grades supérieurs, ainsi que la considération des diplômes de formation spécialisée des diplômés des écoles normales supérieures pour les recrutements, les promotions et les intégrations, car ils constituent la référence légale pour l’emploi dans le corps enseignant. Ils demandent la divulgation complète et transparente du nouveau statut avant sa publication dans le Journal officiel.
Les quatre syndicats ont salué, par ailleurs, la décision du président de la République de réduire l’âge de départ à la retraite et d’augmenter de 30 % le régime indemnitaire. Ils estiment, toutefois, que ces mesures restent insuffisantes pour compenser la chute continue du pouvoir d’achat et les défis professionnels croissants.
Les syndicats appellent à une mobilisation des travailleurs pour défendre leurs acquis etexiger le retrait de la loi portant statut particulier des personnels de l’éducation nationale.
Grève des collégiens et lycéens : un retour sous la menace de sanctions contre les absents
Pour obliger les élèves à reprendre le chemin des classes (effectif, ce dimanche), le gouvernement a choisi la manière forte. Autrement dit, la sanction au lieu du dialogue pour apaiser les tensions et le mécontentement des élèves.
Les directeurs des collèges et lycées ont reçu des instructions strictes des directions de l’éducation pour appliquer des mesures dissuasives contre les élèves qui persisteraient à faire grève.
La note envoyée par les directions de l’éducation souligne la nécessité d’appliquer des sanctions administratives à l’encontre de tout élève qui ne respecte pas la réglementation régissant la gestion des établissements d’enseignement.
Les instructions des directions de l’éducation précisent que les élèves sont tenus de suivre les cours conformément aux décisions du 12 juillet 2018 qui précisent les modalités d’organisation et de conduite de la vie scolaire.
Par ailleurs, les autorités ont appelé les parents pour accompagner leurs enfants jusqu’aux portes de leurs établissements respectifs afin de s’assurer du retour effectif de ces derniers dans les classes. Ilreste à savoir si les élèves l’entendront-ils de cette oreille ?
Samia Naït Iqbal