29 mars 2024
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Le Soudan plongé dans une guerre entre militaires

Aéroport de Khartoum
Affrontements armés au Soudan

Depuis ce samedi 15 avril au matin, la capitale soudanaise Khartoum est le théâtre d’affrontements entre l’armée régulière du général al-Burhan et les paramilitaires des forces de soutien rapide (RSF) du général Mohamed Hamdan Dagalo, dit «Hemeti ». La situation y est toujours confuse.

Scènes de guerre dans la capitale Khartoum et dans plusieurs autres endroits du pays. L’armée régulière et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) s’affrontent depuis ce matin.

« Deux civils ont été tués à l’aéroport de Khartoum et un civil a été tué à El-Obeid, capitale de l’État du Kordofan Nord », a annoncé sur Twitter le syndicat officiel des médecins, précisant que neuf autres ont été blessés et un officier tué à Omdourman, banlieue de Khartoum.

La nuit est tombée à Khartoum et les combats se poursuivent encore. Plusieurs quartiers sont plongés dans le noir, l’appel à la prière retentissait en même temps que les explosions et les tirs à l’arme lourde, le conflit a pris des allures de guérilla de rue, mais la situation reste obscure.

Les deux forces se contredisent dans leurs déclarations, le général al-Burhan a affirmé que l’armée régulière contrôlait le palais présidentiel et l’aéroport international, revendiqué plutôt par les forces de soutien rapide. L’aviation a bombardé cet après-midi des bases et des positions tenues par les hommes de Hemeti.

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De son côté, le chef des paramilitaires assure que ses troupes ne s’arrêteront pas tant qu’elles n’auront pas pris le contrôle de l’ensemble des bases militaires. Après avoir assailli ce matin la base de Merowe, dans le nord du pays, les RSF du général Hemeti ont tenté de prendre le contrôle des aéroports des grandes villes du Darfour.

Depuis des mois, les deux camps avaient recruté de nombreux soldats et miliciens dans les communautés de la région. C’était l’une des craintes majeures que le conflit entre deux hommes ne se répande à tout le pays pour de nombreux Soudanais en cette fin de mois de ramadan, c’est le pire scénario qui pouvait se produire. Ils disent que ce n’est pas leur combat. Et qu’il paye encore le prix des 30 ans de règne d’Omar el-Béchir déchu en 2019, qui avaient planté les graines d’une confrontation entre ces deux armées.

Ce que l’on sait sur les évènements de la journée

La guerre est donc déclarée entre les deux armées du Soudan. La rivalité entre les généraux al-Burhan et Hemeti, aux commandes depuis le putsch de 2021, vire à l’affrontement armé.

Depuis le début de la matinée, les combats se poursuivent dans la capitale, notamment autour des bâtiments de la télévision publique. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide ont revendiqué le contrôle de l’aéroport de Khartoum et le palais présidentiel. Quelques minutes plus tard, l’armée régulière a envoyé ses avions de combat mener des frappes aériennes, revendiquant avoir détruit des bases et des positions tenues par les forces du général Hemeti.

Des combats ont également eu lieu au nord du pays, autour de la base militaire de Merowe, avec des craintes que le conflit se répande au Darfour, où l’armée et les RSF ont recruté en masse, ces derniers mois.

Au milieu de la confusion, le général al-Burhan est apparu sur une vidéo dans ce qui ressemble à une salle des opérations, à Khartoum, l’air serein devant des écrans de contrôle.

L’armée a qualifié les RSF de milice rebelle. De son côté, Hemeti, s’est exprimé au téléphone sur Al-Jazeera, le ton haletant, affirmant que c’est l’armée qui a déclenché les hostilités et qualifiant le général al-Burhan de « criminel qu’il faut traîner devant la justice ou bien tuer ».

L’heure n’est pas à la désescalade. L’avenir du pays, quatre ans après la chute d’Omar el-Béchir, est entre les mains des deux généraux, plongeant le Soudan dans l’inconnu.

«Il n’y a que des véhicules militaires qui circulent» : témoignage de Huzeifa Hassan, habitant de Khartoum

Plusieurs puissances internationales appellent à la fin des hostilités

L’émissaire de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, a appelé militaires et paramilitaires à cesser « immédiatement » leurs combats à Khartoum. « M. Perthes a contacté les deux parties pour leur demander une cessation immédiate des hostilités pour la sécurité du peuple soudanais et épargner au pays plus de violence », indique un communiqué de la mission de l’ONU au Soudan.

Plusieurs puissances internationales, dont les États-Unis, la Russie, l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne et le Royaume-Uni et l’ancien Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok, ont appelé à la fin des hostilités.

L’ambassadeur des États-Unis au Soudan, John Godfrey, a déclaré que l’évolution des tensions vers des combats directs était « extrêmement dangereuse ». Lui-même et le personnel de l’ambassade se sont réfugiés dans l’ambassade.

De son côté, le chef de la diplomatie américaine en visite au Vietnam s’est dit « profondément préoccupé ». « Nous exhortons tous les acteurs à arrêter immédiatement la violence et à éviter de nouvelles escalades ou mobilisations de troupes et à poursuivre les pourparlers pour résoudre les problèmes en suspens », a déclaré Antony Blinken sur Twitter.

La Russie a appelé à des « mesures urgentes en vue d’un cessez-le-feu ».  « Les événements dramatiques qui se déroulent au Soudan suscitent de vives inquiétudes à Moscou. Nous appelons les parties au conflit à faire preuve de volonté politique et de retenue et à prendre des mesures urgentes en vue d’un cessez-le-feu », a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le Tchad ferme sa frontière avec le Soudan

« Face à cette conjoncture de troubles, le Tchad, tout en sécurisant ses frontières, décide de la fermeture de la frontière avec le Soudan jusqu’à nouvel ordre », a déclaré Aziz Mahamat Saleh, porte-parole du gouvernement, dans un communiqué.

Avec RFI

 

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