27 avril 2024
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Le spectre de Bocchus et les relations algéro-marocaines

Depuis l’existence des Etats nord-africains, les relations et plus particulièrement  entre deux nations rivales dont les frontières varient selon les situations historiques sont intensément animées par des querelles permanentes voire des accrochages armés.

Plus loin dans le temps historique, les rivalités entre les Numides et les Maures sont marquées par la trahison de Bocchus qui, d’après l’historien Salluste, a favorisé la capture de son gendre Jugurtha par les Romains.

Depuis, l’histoire semble se répéter au point qu’en leur temps les Mérinides assiègèrent la ville de Tlemcen, capitale des Zianides.

Hélas, l’histoire des rivalités ne s’arrêtent pas aux comptes rendus de Salluste et d’Ibn Khaldoun, a l’indépendance de l’Algérie une nouvelle guerre éclate à cause de la revendication territoriale du Maroc dont le tracé de la frontière coloniale ne correspondait pas du tout au dessein impérial du voisin de l’ouest.

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Juste après la guerre de libération nationale, la guerre des sables a été considérée par les Algériens comme une agression caractérisée des frères de l’ouest.

Le tracé des frontières entre les deux pays hérité de la colonisation ne correspondait pas aux revendications  marocaines qui considèrent toujours  que quelques villes algériennes frontalières sont marocaines alors que la cartographique historique atteste que la limite des Etats nord-africains varie selon les périodes.

Alors que les Marocains évoquent l’expansionnisme du grand Maroc médiéval, les Algériens se contentent da la faveur postcoloniale sans pour autant légitimer l’écueil de la Moulouya comme limite d’un tracé hérité des Etats nord-africains antiques et médiévaux.

Plus près de nous, le problème de décolonisation du Sahara occidental accentue un peu plus les désaccords entre les deux Etats au point qu’une nouvelle guerre éclate et qui heureusement s’est terminée par quelques batailles épisodiques.

Depuis, une méfiance totale règne entre les deux pouvoirs sans pour autant qu’une guerre totale ne se déclenche. Cette situation délétère déteint sur les quotidiens des populations prises entre les tenailles des deux régimes.

La propagande par l’intermédiaire de médias fait le reste en entretenant la haine de l’autre. La frénésie des régimes ne s’arrête pas là au point que le football est instrumentalisé en outrance.

Or, l’expression citoyenne des deux peuples montre au moins une chose, c’est que le partage du plaisir que crée le football, la différencie de la haine entretenue par le discours politique. Hélas ! Les élites politiques savent bien comment manipuler la masse pour mieux contrôler l’appareil de l’Etat et tant pis pour la population qu’on prive de ces rares moments de réjouissance partagée.

Fatah Hamitouche, ethnologue

° Sur la complexité du problème en situation coloniale, nous renvoyons à l’article de P. Vidal de la Blache, la zone frontière de l’Algérie et du Maroc d’après de nouveaux documents, Annales de géographie, 1897/28.

10 Commentaires

  1. Vous écrivez : « Or, l’expression citoyenne des deux peuples montre au moins une chose, c’est que le partage du plaisir que crée le football, la différencie de la haine entretenue par le discours politique ».

    Je vous rappelle que le Maroc est constitué de sujets et de citoyens. Vous devrez appelez un chat par son nom de chat.

        • Le Kouad ce n’est pas une insulte dans le langage Algérien mais un compliment pour désigner les larbins des généraux qui ont tout sauf des idées.

          • Cela ne sert à rien d’échanger avec des personnes qui ne maitrisent pas grand-chose à ce qui se passe dans le monde. Je suis suffisamment maitre de mes jugements. Je ne suis pas bêtement ni les généraux ni ceux qui critiquent juste pour se faire passer pour un opposant ou plus intelligent que les autres. Alors que le monde ni n’est complètement bon ni complètement mauvais. C’est trop nul de juger quelqu’un quand ne connait pas à partir d’une phrase.

  2. Le problème de délimitation de la frontière entre l’Algérie et le Maroc a été le fait de la France coloniale quand, en 1845, elle a pondu le Traité de Lalla Maghnia qui déplaça la ligne frontalière entre les deux états de sa frontière naturelle de la Moulouya aux limites actuelles, concédant une bande conséquente du territoire algérien au Roi, belle récompense pour sa contribution à la neutralisation d’Abdelkader, comme l’avaient fait les Romains quand Bocchus avait trahi Jugurtha. Cette frontière naturelle a perduré depuis l’Antiquité, depuis Syphax, Massinissa, Makwsan, Jugurtha, ceci rapporté par les historiens de l’époque, en passant par le Moyen-Âge, si ce n’est l’intermède Almoravide et Almohade qui, à leur époque avaient régné sur l’ensemble de l’Afrique du Nord et l’Andalousie.
    Cela est passé sous silence par les relais officiels du Makhzen, bien sûr.

  3. Related but not exactly irrelevant to the topic, knowing who and when the word MAROC (presumably from Marrakesh) was invented and who started the current monarchy from a bunch of Emirs heading their local populace in their Friday prayers could somehow help understand the present etat des lieux. Thanks.

  4. L’accord de Lala Maghnia n’a pas déplacé la frontière algérienne au détriment de l’Algérie. C’est bien le Maroc qui a perdu la bataille d’Isly, il n’avait pas le pouvoir de dicter quoi que ce soit à la France. A cette époque la frontière était sur la rivière Tafna, bien à l’est. Par ailleurs, la Moulouya est une rivière et une région. La frontière actuelle est bien sur l’embouchure de la Moulouya qui prend sa source au Moyen Atlas et coule selon une direction nord/est. Cette n’a jamais fait parti d’un quelconque Etat spécifiquement algérien. Si on exclut les périodes des Almoravides et des Almohades, pendant lesquelles les deux régions étaient unifiées, la ville d’Oujda a toujours appartenu à l’Etat qui dominait le Maroc. Sous les Alaouites, les Saadiens qui étendaient leur domination jusqu’à Tombouctou, les Mérinides… Cela fait déjà presque un millénaire. L’Etat Idrisside s’étendait sur une partie du Maroc et la région de Tlemcen. Quand à l’époque romaine, tous les Etats qu’à connu le Maghreb n’étaient que des pions de Rome, y compris Massinissa. Le seul Etat qui tenait tête à Rome c’est Carthage (dois-je rappeler la trahison de Yoghorta). Les frontières de cette époque n’étaient très stables. Certaine cartes montre la domination de Massinissa atteindre la Moulouya, mais l’est algérien actuel appartenait à Carthage. Le mieux est d’œuvrer à la réunification de la région, au lieu de ressasser les éléments de langages de ceux qui ne se sont pas libérés de la mentalité tribale.

  5. @assafou
    Je ne veux pas tomber dans une polémique stérile. Si vous n’avez pas lu les historiens de l’Antiquité (Polybe, Tite-Live, Dion Cassius, Ammien Marcellin et Salluste en particulier) quant à leur témoignage sur cette frontière naturelle qu’à été la rivière Moulouya, je n’ai rien à ajouter. Vous évoquez Carthage et la trahison de Jugurtha ?!? Que vous vous plaisez à nommer Yoghorta (arabisé) dont le vrai nom est plutôt Yugariten. Comme diraient les Anglais : what a hell is that ? Je crois l’ami que vous vous mêlez les pinceaux. Carthage a été détruite en 146 av. J.C. Jugurtha a régné de 112 a 105 jusqu’à la trahison de Bocchus et mort le 6 janvier à Rome dans la prison du Tullianum. Bien, je ne dirai pas plus.
    Je vais plutôt vous suggérer de faire un tour sur YouTube et découvrir ce que révèlent les recherches sérieuses documentées d’un historien très humble et très posé, sur les limites frontalières précédant le traité de Lalla Maghnia. Bonne écoute !
    https://www.youtube.com/watch?v=qjE_Jy2czEM

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