24 avril 2024
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Lecture, écriture et compréhension du monde

“La vertu paradoxale de la lecture est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens.” Daniel Pennac

« Le vrai bonheur coûte peu ; s’il est cher, il n’est pas d’une bonne espèce » disait Chateaubriand. Je trouve tellement juste cette citation que je peux la reprendre à mon compte. Être heureux, c’est suivre le chemin que l’on a rêvé de prendre en étant enfant. D’instinct !

À l’école primaire déjà, Le Petit prince de Saint-Exupéry me transportait sur les élytres de la poésie. Comment vivre autrement quand, à moins de 10 ans, dans cette ville de Sétif, capitale des Hauts-plateaux de l’est algérien, où suintait l’ennui des étés caniculaires et des hivers polaires, la langueur s’étalait sur les flancs d’une monotonie impossible à contrôler. Quelques années plus tard, vers mes 11/12 ans, j’ai eu le bonheur de voir mon premier poème publié dans « La plume déchaînée », la revue de mon lycée. J’ai encore en tête ma joie infinie à lire mon texte imprimé. L’effervescence qui m’habitait était égale à ma frénésie de noircir les pages quadrillées de mes cahiers d’écolier.

Aujourd’hui encore, je renoue avec ce même enchantement en lisant ou en relisant des écrivains comme Orhan Pamuk, Gabriel Garcia Marquez, Kazuo Ishiguro, Avraham Yehoshua ou Cormack Mc Carthy. Les grands esprits n’arrêteront jamais de nous surprendre avec bonheur. D’autres écrivains, beaucoup moins connus, nous font partager le même enthousiasme par le truchement de l’urgence du sujet et de la profondeur du style. C’est, à chaque fois, la même célébration de l’intérêt que nous portons à ce qui nous semble exaltation et euphorie.

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D’autres trouvent leur délectation dans la peinture, les voyages et la découverte d’autres cités humaines, les randonnées sur des chemins escarpés ou le long des sentiers du littoral, le militantisme pour une cause quelle qu’elle soit… Cela s’appelle probablement vivre ses passions ! Faire renaître le flamboiement qui nous habitait dans notre jeunesse… Ou le prolonger indéfiniment. Rallumer la braise que le manque de vent a affaiblie.

On ne s’exile pas facilement de l’influence des lectures qui nous ont bercés dès nos premières années d’apprentissage. J’ai toujours vécu, depuis ma plus tendre enfance, les aventures de Claudine, Michel, Annie, Dagobert et François. Qui pourrait trouver à quels personnages je fais aujourd’hui référence ?

Qui se souvient de ces romans pour enfants et adolescents publiés par la Bibliothèque rose ou verte et qui racontaient l’odyssée du mythique Club des Cinq ? Comment ne pas parler d’Olivier Twist de Charles Dickens, des Aventures de Tom Sawyer de Mark Twain ou des Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur ?

La lecture développe d’autres goûts pour nombre d’entre nous. Elle m’a mené à l’écriture. Je ne suis pas sûr que l’enfant qui s’ennuyait jadis à Sétif aurait été charmé de lire ce qu’écrit l’homme qu’il est devenu. La candeur et l’ingénuité ont visiblement disparu pour être remplacées par l’esprit critique et la libre pensée. Malgré tout, en écrivant, je m’affranchis. Cela me permet de développer ma compréhension du monde. L’écriture permet de simplifier une réflexion complexe et de réserver mon activité et même ma détermination aux sujets qui, non seulement sont au centre de mon engouement, mais sur lesquels j’ai le sentiment que je peux agir.

Pour que le monde qui vous environne puisse aller de l’avant, il faut commencer par vous persuader que vous le faites avec fougue et entrain.

Kamel Bencheikh, écrivain

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