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Les clowns du despotisme algérien

Djamel Ould Abbès, Naïma Salhi, Amar Saadani…

Les clowns du despotisme algérien

Si, comme le déclare la tradition religieuse monothéiste, « Dieu a créé l’être humain à son image », avec la nouvelle star algérienne, la députée Naȉma Salhi, c’est vraiment prendre un risque de blasphème.

L’Algérie est tombée extrêmement bas, dans cette limite de l’horreur qui avoisine le ridicule. De celles qui font « pleurer de rire », deux mots antinomiques mais un univers dont les extrêmes se rejoignent car il n’y a plus de place dans le spectre central de la pensée humaine, complètement phagocyté par des personnages venus d’un autre monde.

Ils sont extrêmement dangereux mais on finit par en rire car c’est le seul  réflexe humain qu’il nous reste lorsque tous les autres n’arrivent plus à qualifier le ressenti, les mots ne peuvent plus attribuer un qualificatif tant le langage est démuni devant de tels phénomènes.

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Cette dame, « députée de la république », c’est déjà en soi une énormité sans que l’on prononce un seul mot encore à son égard. Cette pauvre demeurée fait plus de mal à la profession de coiffeur qu’une épidémie de calvitie foudroyante. J’en suis terrifié en pensant à l’une des professions de mon père durant sa difficile jeunesse, déjà très honorable en soi, surtout lorsque c’est pour gagner sa vie.

Pas la peine de se documenter profondément sur le rôle des « fous du roi », tellement étudiés dans l’histoire et les sciences humaines. En résumé, ils étaient le pouvoir de remettre librement le souverain dans une vision objective de la réalité, au contraire des autres qui passaient leur temps à lui répéter combien sa majesté et ses décisions étaient portés en triomphe par l’amour d’un peuple, pourtant écrasé par le despote.

Le personnage est irresponsable par sa déraison et peut donc en toute impunité dire les choses que d’autres n’oseraient dire. Cette version de l’analyse n’est cependant pas la plus convaincante pour moi, surtout dans l’Algérie actuelle.

Le rôle des fous servait également à montrer combien ils restaient fidèles à leur maître, même celui qui avait perdu la raison. En quelque sorte, même la perte de la raison commune ne pouvait altérer la perception de la gloire du maître exprimée par le fou.

Et pendant que le fou fait son spectacle, la cour et le peuple sont occupés à en rire, pas le temps laissé à l’esprit de s’aventurer dans d’autres réflexions qui ne sont jamais bonnes pour l’homme puissant. Il rappelle à tous qu’il maîtrise jusqu’aux esprits, y compris aux plus insaisissables comme le sont ceux des fous.

Le pitoyable spectacle que nous donne cette députée n’est certainement pas nouveau. Dans ma jeunesse oranaise, il en était un autre qui jouait ce rôle. Entre un sketch de Fernand Raynaud et un film de Fernandel, notre besoin de rire revenait inlassablement sur les propos du grand génie de la dérision (et de la bêtise), le célèbre chef du parti FLN. 

Pas un seul mot, pas une seule stupidité n’était rattachée à ce cancre de la république. La tradition populaire lui attribuait même celles qu’il n’a probablement jamais prononcée comme « Il y a quelques années, l’Algérie était au bord du gouffre. Aujourd’hui, elle a fait un pas en avant ».  Mais il ne faut jamais perdre le sens de cette forme de dérision. Elle était mise en place délibérément pour faire rire le peuple et le mettre dans une situation de croire qu’il avait la liberté de la critique.

Ces hommes étaient de violents serviteurs d’un régime qui a assassiné, torturé et brimé les libertés jusqu’à l’insoutenable. C’est le rôle que joue cette actuelle abrutie de députée dont le QI est aussi bas que l’herbe que mangent les bovins.

C’est d’ailleurs étonnant que ces clowns aient les mêmes références dans leurs déclarations, comme une particularité de l’espèce. Cette humanoïde en foulard avait déclaré « si ma fille apprenait le berbère, je la tuerai ». L’autre grand intellectuel de mon époque avait déclaré « J’irai jusqu’à mettre en place l’enseignement de l’hébreu mais jamais de la langue berbère ».

C’est un rire éminemment dangereux qu’il nous faut prendre avec sérieux. C’est une extravagance qui est meurtrière pour un pays qui est déjà « au fond du gouffre », intellectuellement et politiquement.

Pourtant, je reste optimiste car les déclarations de cette dame nous prouvent que nous avons atteint le fond et que l’humanité, en Algérie, ne peut aller au-delà, sans creuser définitivement sa tombe. Souvenez-vous que le peuple tunisien a renvoyé, avec son époux, une maléfique coiffeuse qui a été prié d’aller exercer ses talents en exil, avec la peur au ventre d’avoir un jour une rencontre que l’on craint.

Mais, en attendant, l’expression « mort de rire », c’est nous qu’elle guette sournoisement.

S. L. B.

PS : j’ai lu le titre d’un livre concernant ce personnage de mon enfance « Un homme d’État ». La consommation de haschich a vraiment explosé en Algérie !

Auteur
Sid Lakhdar Boumédiene, Enseignant

 




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